G.H.C. Bulletin 10 : Novembre 1989 Page 73

Jefferson Genealogical Society
P.O. Box 961, Metairie, Louisiana 70004-0961

  Cette association de langue anglaise  nous  a  contactés
pour faire échange de nos bulletins. C'est chose faite.
  Dans le numéro que nous avons reçu nous relevons :
- Archidiocese of New Orleans Sacramental Records volume 3 
1772-1783.  306  pages,  3035  actes  $30  disponible  aux
"Archidiocesan Historical Archives" 1100  Chartres  Steet,
NOLA 70116-2596. Le volume 4 est en préparation.
- "An account of Upper Louisiana" by Nicolas  de  Finiels,
304 pages, $ 24 plus port. University of  Missouri  Press,
200 Lewis Hall, Columbia, MO 65211.
  Observations sur la haute Louisiane à la  fin  de  l'ère
coloniale décrivant  les  cultures  française,  espagnole,
américaine et indienne. Une fresque de la vie  quotidienne
en ce temps-là.
- Nouvelles de la célébration du 14 juillet en Louisiane.

SUBVERSION A SAINT-VINCENT
A. Vendryes

     En complément au texte de M.  J.  ADELAIDE  MERLANDE,
"Expansion et Subversion révolutionnaires dans les îles au 
Vent, 1794-1799"  (20ème  colloque  de  l'Association  des
Historiens de la Caraïbe, mars 1989),  nous  publions  ci-
dessous un extrait de la série  Colonies C10 D 2.

     A la fin  de 1794, Victor HUGUES a repris  possession
de la Guadeloupe. Reste maintenant à exploiter  cet  avan-
tage dans les îles avoisinantes où, pense-t-on, les colons 
d'origine française se joindront aux esclaves libérés  par
la République pour chasser les Anglais.
      A Saint-Vincent se trouvent en particulier des  "Ca-
raïbes" (fusion, en réalité, de l'un des derniers  groupes
indigènes de la région avec des éléments  d'origine  afri-
caine). Voici l'occasion de renouer avec eux... 
     L'aventure se terminera mal pour  les  Caraïbes,  qui
disparaîtront de Saint-Vincent, les derniers  éléments  se
voyant déportés, selon les sources, "dans les petites îles 
de Bonay et d'Aruba" (LACOUR) ou, pour citer  Les  Langues
du Monde (CNRS, 1952) "dans l'île de Ruatan et à Trujillo, 
sur la côte nord du Honduras, où ils prospérèrent. Actuel- 
lement, ils occupent la côte nord du Honduras, le port  de
Livingston à l'embouchure du rio Dulce  au  Guatemala,  et
quelques points de l'extrémité sud du littoral du Honduras 
britannique (l'actuel Bélize)".

     Le style fougueux des révolutionnaires mérite quelque 
intérêt; quant à l'auteur de ces lignes, certains  détails
laissent à penser qu'il n'était pas mû par une  anglomanie
à toute épreuve...

 LES COMMISSAIRES DE LA CONVENTION AU GENERAL CHANTOUILLE
  CHEF D'UNE NATION LIBRE (23 ventôse III - 13 03 1795):

    La nation française en combattant le despotisme  s'est
alliée à tous les peuples libres: elle n'exige rien que la 
liberté; elle a toujours soutenu ses frères  les  Caraïbes
contre la scélératesse des Anglais. L'instant  est  arrivé
où la reconnaissance et l'ancienne amitié des Français  et
des Caraïbes doivent se renouveler: ils doivent exterminer 
l'Anglais leur ennemi commun.
    Nous te jurons amitié  et  assistance  au  nom  de  la
nation française à toi et à tes camarades; nous t'envoyons 
100 fusils et 300 livres de poudre, ainsi que 2000 cartou- 
ches, 500 pierres à fusils et 4 barils de salaisons que tu 
partageras avec les Français qui sont avec toi.
    Attaquez, exterminez à St  Vincent  tout  ce  qui  est
Anglais, mais donnez moyen aux Français de vous seconder.
    Nous te prévenons que  nous  avons  nommé  le  citoyen
GRAISSE capitaine d'infanterie  de  la  République  et  le
citoyen Michel MATHIEU lieutenant.
    Nous t'envoyons à toi particulièrement un paquet  ren-
fermant divers effets que nous te prions d'accepter et  un
autre pour ton frère, ainsi  qu'un  sabre  et  un  chapeau
chacun, une barrique de vin, deux barils  de  sel  et  400
moides pour te prouver tout ce qui  est  nécessaire  à  la
réunion de tes compatriotes.

* AUX CITOYENS DE SAINT VINCENT (28 ventôse - 18 03 1795)

     Vous avez été défaits par inconduite: quand on a peur 
on n'est pas digne d'être français. Vengez-vous, vengez la 
République: une défaite est une leçon  pour  des  Républi-
cains. MODESTE vous aura remis des armes,  servez-vous  en
pour exterminer les  Anglais;  point  de  grâce  pour  ces
ennemis, ralliez-vous et tombez sur eux: vous êtes  invin-
cibles si vous êtes Républicains.  Si  un  second  secours
vous est nécessaire, les citoyens TORAILLE et MATHIEU nous 
écriront.  Rappelez-vous  qu'avec  200  Républicains  nous
avons défait quatre régiments de grenadiers anglais et que 
860 sont restés sur le carreau.

PS: surtout de l'intelligence avec nos frères les Caraïbes

* AU GENERAL DUVALLET CHEF D'UNE NATION LIBRE (même date)

    C'est avec douleur que le citoyen MINET nous a  appris
le malheur de CHATAUGUE votre  frère.  Les  grands  hommes
après avoir satisfait à la  nature  doivent  penser  à  la
vengeance. Exterminez les Anglais,  vengez  la  mort  d'un
frère, comme moi à la Guadeloupe délivrez  St  Vincent  de
cette horde de scélérats et faites  que  le  nom  en  soit
effacé dans les Antilles ... Avant peu je serai moi-même à 
la Martinique, où  j'espère  que  nous  nous  embrasserons
comme vainqueurs et exterminateurs des Anglais...

          * AU GENERAL DUVALAY CHEF DES CARAIBES
               (3 floréal III - 22 04 1795)

    C'est avec le plus grand plaisir que nous avons vu que 
tu avais bien rossé les Anglais au vent et sous le vent de 
St Vincent: ce n'est pas tout, il  faut  les  achever,  il
faut que le nom en disparaisse et que toi et moi nous  les
mettions dans l'impossibilité de nous nuire jamais...

               * AU COMMANDANT DES CARAIBES
              ( 4 messidor III - 22 06 1795)

    Votre conduite inconsciente et votre amour pour  l'ar-
gent vous ont mis dans le cas  de  perdre  votre  liberté,
celle de vos femmes, de vos enfants,  toutes  vos  terres,
vos richesses. Et peut-être  allez-vous  devenir  les  es-
claves des Anglais, vos plus cruels ennemis.
     Ils vous parlent de vous vendre pour vous en  chasser
et vous  disséminer  pour  ne  plus  entendre  parler  des
Caraïbes.. Si les anglais tuent un de vos prisonniers nous 
promettons de vous en livrer un, à votre choix, pour  être
mis à mort.                                                



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