G.H.C. Bulletin 15 : Avril 1990 Page 122

DE MARIE-GALANTE A NEW ROCHELLE
Histoire de la famille THAUVET

Georganna Klass Willits, Arnaud Vendryes

     Mme Georganna Klass Willits compte parmi ses ancêtres 
de nombreux Huguenots, dont certains sont  au  nombre  des
fondateurs de New Rochelle, au nord  de  New  York.  Parmi
eux, nous trouverons des FANEUIL, THAUVET, BESLY, MERCIER, 
de FOREST. 

         A noter que Suzanne FANEUIL,  fille  de  Benjamin
FANEUIL et de Suzanne  de  L'ESPINE,  était  la  soeur  de
Pierre FANEUIL, époux de Catherine COUSSEAU,  et  arrière-
grand-père de Peter FANEUIL,  qui  donna  à  la  ville  de
Boston le célèbre Faneuil Hall.

         Ce sont les THAUVET qui vont nous intéresser plus 
particulièrement ici, car ils  séjournèrent  aux  Antilles
avant de gagner l'Amérique  du  Nord.  A  partir  de  leur
départ de Marie-Galante en 1676, il n'y eut guère  d'atta-
que étrangère à  laquelle  ils  ne  fussent  mêlés...  Ils
firent en tout cas partie de ces huguenots au nez desquels 
la révocation de l'édit de  Nantes  et  l'interdiction  du
commerce étranger dans les îles firent monter la moutarde.

               A.  LES THAUVET AUX ANTILLES

          Le recensement de 1664 en Guadeloupe signale  un
"Sr THAUVET âgé de 25 ans"; et celui de Marie-Galante pour 
1665-1666 un "Daniel THAUVET, natif de la Rochelle, âgé de 
25 ans". 
          En outre,on trouve aux A.D. de Charente-Maritime 
(minutes Cherbonnier  3E  279)  un  document  "Association
PAPIN, BERTHAUT et THAUVET" du 9 décembre  1665  désignant
Daniel THAUVET comme "marchand estant de present  au  lieu
de Marigallande ille de l'Amerique".

          En 1671, un document évoque une sucrerie dans le 
quartier de Capesterre, possession des "hoirs THAUVET". Au 
moins deux des frères étaient donc installés à cette  date
dans les îles.

          Les THAUVET vont  faire  parler  d'eux  pour  la
première fois en mai 1676, lors d'une descente des Hollan- 
dais sur l'île.
          "Le sieur THAUVET que  M.  le  Gouverneur  avait
fait capitaine s'est embarqué  avec  les  Flamands  en  la
compagnie de son beau-frère BERCHAUD et de son frère"  (de
BAAS, col C/7A/3).

          "J'ai trouvé l'isle  dans  un  déplorable  état,
l'ennemi ayant tout pillé, et brûlé en plusieurs endroits, 
particulièrement chez Mademoiselle de SURMONT, et tout  le
quartier du Vieux Fort, et emporté la plus  grande  partie
des nègres. L'on fait état de près de 700 travaillant,  et
80 à 100 chevaux, le tout  contre  la  parole  donnée  aux
habitants de les laisser jouir  en  repos  de  tous  leurs
biens, qu'ils seraient les maîtres comme  auparavant  chez
eux, et qu'au lieu de souffrir par une défense  sévère  du
commerce ils en auraient la liberté avec  toute  sorte  de
nations, et qu'il ne leur manquerait point de nègres... 
          Les  officiers  dirent  tous  unanimement  qu'il
fallait se battre, mais il arriva qu'un peu avant la  lune
levante, DUPLESSIS étant allé faire la ronde, BERCHAUD fut 
alors dans tous les corps de garde persuader et solliciter 
tous les habitant à se rendre, lequel en  gagna  plusieurs
par les avantages qu'il leur faisait voir, en sorte que la 
plus grand partie ne parlait plus de se  battre  quand  la
lune se leva, et fut envoyé à bord de  l'amiral  l'avertir
de ce qui se passait, CHAIGNEAU, le jeune THAUVET,  et  LA
ROZE, et leur dire qu'ils eussent à  envoyer  un  officier
parce qu'on avait résolu de leur rendre  la  place...  Les
plus criminels sont partis avec l'ennemi, quand ils ont su 
qu'ils ne voulaient point garder la terre.  Leur  nom  est
BERCHAUD, CHAIGNEAU, THAUVET, LAFOREST, BIGOT, GEBERT, LA 
CROIX, et TORIN, lesquels ont embarqué tout leur butin, et 
laissé leurs places à l'abandon". (de BAAS, Col. C/7A/3).

          En septembre  1678,  un  document  fait  mention
d'André  THAUVET,  déserteur.  Celui-ci  se   serait   mis
d'accord avec Monsieur de LA POTTERIE pour faire exploiter 
ses cannes laissées à l'abandon.
(de VAULUISANT, Col C/7A/3).

          En avril 1691, les Anglais s'apprêtant  à  atta-
quer la Guadeloupe, nous entendons à nouveau  parler  d'un
THAUVET, qui signe avec un nommé de BRISSAC une lettre aux 
Huguenots de l'île:

          "Messieurs et amis nos très honorés frères, dans 
l'espérance que j'ai que cette lettre vous parviendra,  je
veux bien par ycelle vous donner des marques de ma sincère 
amitié, et comme il m'est  connu  que  dudepuis  longtemps
vous gémissez sous la persécution et tyrannie que  l'on  a
exercée dessus vous dudepuis il y a si longtemps  ,  et  à
présent que l'heure de votre délivrance est  prochaine  je
ne doute pas que de  votre  côté  vous  ne  fassiez  votre
possible de vous retirer de votre captivité et ne devez en 
négliger toutes les voies possibles qui vous  seront  pré-
sentées, je vous dirai donc que nous sommes ici  à  Marie-
Galante avec 4200 hommes partie des troupes du roi  et  un
régiment de matelots de  1000  hommes,  desquelles  forces
vous pouvez bien croire que nous serons facilement maîtres 
de vos îles, Monsieur notre général CODRINGTON nous comble 
tous les jours de tant de bontés qu'il  a  pour  nous  que
vous en seriez dans le dernier étonnement, et m'a engagé à 
vous écrire la présente, vous assurant de sa part qu'il  a
reçu ordre du roi son maître de protéger en  général  tous
les protestants français  des  îles  de  l'Amérique,  mais
particulièrement ceux de votre île...".
Ce texte se trouve à la fois en Colonies C/7A/3 et C/8A/6.

          Dernière apparition, enfin, en 1703:

          "Entre les prisonniers anglais  qu'on  a  saisis
dans la barque danoise il y a un  Français  nommé  TAUVET,
lequel au premier siège de la Guadeloupe en  1691  écrivit
conjointement avec le nommé BRISSAC une lettre aux  hugue-
nots de l'isle par  laquelle  ils  les  exhortaient  à  se
ranger du parti des Anglais. Le nègre qui l'apportait  fut
pendu...
         C'est dans les isles une  mauvaise  engeance  que
les huguenots. Ils avertissent les ennemis de tout ce  qui
se fait ici et il n'est  pas  possible  de  découvrir  les
voies dont ils  se  servent,  il  y  avait  autrefois  une
défense expresse d'y en laisser établir, je  ne  sais  pas
par quelle raison on n'y a pas tenu la main, ils sont bien 
plus dangereux que les Juifs qui ne  se  mêlaient  d'autre
chose que de leur commerce".
 (Machault 27 12 1703, colonies C/8A/15-53).                



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