G.H.C. Numéro 28 : Juin 1991 Page 346

Les familles PéZIER et GOBERT
(Martinique, Guadeloupe et Marie-Galante)

Bernadette et Philippe Rossignol

     Nous  avions évoqué ces familles dans notre étude sur
"L'ascendance antillaise de Saint-John Perse",  mais  sans
en  donner de généalogie précise.  Nous reprenons ici  les
principaux  éléments  donnés,  en les  accompagnant  d'une
généalogie,  pour répondre à une question d'un lecteur  de
"Généalogie et Histoire de la Caraïbe".

     François  Louis  PéZIER,  natif de Paris et  marchand
orfèvre à Saint-Pierre (Le Mouillage),  y meurt en 1770  à
76 ans. De son épouse, Jeanne DARQUE, il avait au moins un
fils et une fille. C'est le décès de la fille qui donne la
filiation  et les parrainages qui permettent d'établir que
René et Jeanne étaient bien frère et soeur.

     René PéZIER, négociant à la Martinique, épouse, peut-
être à la Dominique où naît le fils aîné vers 1764,  Marie
Adélaïde CLéRET-LATOUR,  née au Moule. Puis le couple s'é-
tablit à Marie-Galante où René, d'abord négociant, devient
habitant.  Sous la Révolution,  au recensement de l'an IV,
il  est au bourg de Réunion (Grand-Bourg),  "bourgeois  et
infirme",  avec  son épouse et leur dernière fille  de  15
ans. Près de là habitent leur aîné, marchand et secrétaire
de  la  municipalité (plus tard,  il  sera  notaire),  son
épouse et leurs deux enfants et une fille mariée à l'homme
de loi DéAUX.  Un autre fils,  Jean,  est habitant caféyer
dans le même quartier. A son décès, dix ans plus tard, des
douze  enfants  qu'il a eus,  René ne laissera que  quatre
filles  et un fils (l'habitant caféyer est mort avant  son
père). C'est la dernière des filles, Jeanne Josèphe, celle
qui,  âgée  de 15 ans,  vivait encore avec ses parents  en
l'an  IV,  qui  épousera César DORMOY et sera  ancêtre  de
Saint-John Perse.

     Jeanne PéZIER,  la soeur de René,  épousa, vers 1759,
très  probablement à Saint-Pierre (début des registres  en
1763) Jacques GOBERT, orfèvre comme son beau-père et négo-
ciant,  dont nous ignorons l'ascendance.  De Saint-Pierre,
le couple passe à Basse-Terre en Guadeloupe et,  une  fois
veuve,  Jeanne repart pour Saint-Pierre où elle meurt à 74
ans en 1803.
     La fille aînée,  Jeanne Catherine GOBERT, est en 1768
marraine  de son cousin germain Jean Baptiste René PéZIER.
C'est ce qui permet d'établir l'ascendance commune de René
et Jeanne PéZIER.
     Le  seul fils,  Jacques Nicolas GOBERT,  se distingua
comme général de la Révolution et de l'Empire.  Commandeur
de la Légion d'Honneur,  il mourut à 48 ans,  en 1808,  au
cours  de la Guerre d'Espagne,  blessé à la veille  de  la
bataille de Bailén. Jean-Paul Hervieu a fait sa biographie
dans "La Quinzaine en Guadeloupe" du 15 avril 1965.

     De  ses  quatre enfants,  on connaît surtout  Jacques
Napoléon :  il fut un des 12 enfants de maréchaux ou géné-
raux  baptisés  avec  le fils du roi  de  Hollande  (futur
Napoléon  III)  et à qui l'empereur Napoléon I  servit  de
parrain.  Orphelin tout jeune,  il fut fait baron de l'Em-
pire par lettres patentes du 18 mai 1811 (il n'avait que 3
ans !)  et  donataire de 4.000 livres de rentes.  A  peine
majeur,  orphelin aussi de mère,  il possédait une fortune
considérable. Célibataire, il fit son testament à Vitré le
2 mai 1833 avant de partir faire un voyage en Egypte.  Là,
ayant pris un bain dans le Nil,  il fut pris de fièvres et
mourut rapidement, à 22 ans.
     Dans  ses dernières volontés,  il consacrait  200.000
francs  à  l'érection d'un monument funèbre à son père  au
Père-Lachaise  :  groupe colossal en marbre  blanc  repré-
sentant  le  général  tombant de cheval et blessé  par  un
espagnol  armé d'une espingole.  Il donnait ses fermes  de
Bretagne à ses fermiers,  à condition qu'ils apprennent  à
lire  et  écrire à leurs enfants.  Le reste de sa  fortune
était  consacré à des rentes à l'Académie française  et  à
celle  des inscriptions et belles-lettres,  à parts égales
pour  établir deux prix annuels à des ouvrages ou  travaux
sur l'Histoire de France. C'est le prix Gobert. La famille
attaqua le testament,  perdit le procès et transigea  avec
l'Institut  :  les  legs furent réduits ensemble à  20.000
francs de rente annuelle.

Sources : Nouvelle biographie générale. Paris 1857
          Révérend : Armorial du Premier Empire. 1895

                           ***

                   Essai de généalogie

1 François Louis PéZIER, orfèvre à Saint-Pierre
  o Paris ca 1694
  + Saint-Pierre (Mouillage) 18 4 1770, 76 ans
  x Jeanne DARQUE, + /1770

1.1 Jeanne PéZIER
  o Saint-Pierre (Mouillage) ca 1729
  + Saint-Pierre 19 thermidor XI (7 8 1803) veuve, 74 ans,
    "native de cette paroisse, fille de + François et +
    Jeanne Darq". Succession M° Lanaspèze à Basse-Terre 7
    au 30 fructidor XIII et 8 vendémiaire XIV (14 au 18 et
    30 9 1805)
  x Jacques GOBERT, orfèvre et négociant
1.2 René Augustin PéZIER, négociant, puis habitant
  o Saint-Pierre ca 1734
  + Grand-Bourg de Marie-Galante 17 9 1806, 72 ans, natif
    de St-Pierre, laisse une veuve et 5 enfants majeurs.
  x (La Dominique ?) /1764 Marie-Adélaïde CLéRET-LATOUR,
    fille de Claude Charles et Rosalie BOQUET
    o Le Moule 29 9 b 16 12 1740
    + Grand-Bourg 30 9 1814

                       Les GOBERT :

1.1.1 Jeanne Catherine GOBERT
  o St-Pierre ca 1762   + 1812/
  Cm M° Chuche 7 1 1777
  x Basse-Terre 7 1 1777 Jean-Baptiste LE CORDIER de
    PARFOURU, négociant à Basse-Terre, fils de Hervé
    Joseph LE CORDIER seigneur de PARFOURU et Jacqueline
    Pélagie LE VALLOIS (ascendance connue)
    o Parfouru l'Eclin (Calvados) 9 b 10 12 1747
    + Basse-Terre 23 3 1810, 63 ans
1.1.2 Jacques Nicolas GOBERT, général de la Révolution et
      de l'Empire
  o Basse-Terre (Mont-Carmel) 22 5 b 1 6 1760
  + Guaraman en Espagne près de Bailén 11 7 1808
  x Paris 29 nivôse III (18 1 1795) Olive Agathe BERTHOIS
    de LA ROUSSELIèRE
    o Rennes    + 1808/1832
  Quatre enfants dont un seul survivant :




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Révision 26/08/2003