G.H.C. Numéro 39 : Juin 1992 Page 596

Quelques précisions sur l'origine parisienne
des POCQUET de la Martinique

Jean-Christophe Germain

     Le  Père  LABAT (1) nous a fait  connaître  l'origine 
parisienne  de l'auteur de la famille POCQUET à la  Marti- 
nique : Claude POCQUET (o Paris + Basse-Pointe 1722). 
     Claude  POCQUET  est  né à Paris vers  1640,  sur  la 
paroisse  Saint-Germain-le-Vieil,   probablement  dans  la 
maison  de ses parents sise au Marché Neuf.  Il fut  garde 
général des Forêts de Picardie avant de devenir commis  de 
la  Compagnie  des  Indes Orientales  à  Surate.  Son  nom 
apparaît pour la première fois à la Martinique en 1675. Il 
est   présent  au  Prêcheur  en  qualité  de  commissaire-
intendant des vivres de la Marine.  L'année  suivante,  il 
est commis du munitionnaire et,  quelque temps plus  tard, 
directeur  du  Domaine et des Munitions.  On le sait à  la 
même  époque directeur à la Martinique de la Compagnie  du 
Sénégal.  Le recensement de l'île en 1680 le désigne comme 
marchand  à  Saint-Pierre.  Le  15  février  1683,  Claude 
POCQUET  épouse  à Case-Pilote Marie Elisabeth  LOUVEL  de 
MERVILLE,  une  jeune  créole supposée "très  riche  héri- 
tière".  Il  ne  serait pas inintéressant d'étudier  à  la 
loupe  la carrière de ce personnage afin d'établir  si  sa 
fortune  lui vient de ses divers emplois au "service"  des 
Compagnies ou bien de la dot de son épouse.  Toujours est-
il  qu'il  fut en mesure "d'acheter de  différents  parti- 
culiers la terre où il demeurait, large de douze cents pas 
sur  trois  mille  de haut,  sur laquelle il  avait  trois 
sucreries et près de deux cents nègres" (1),  située à  la 
Basse-Pointe.  Ce  riche  propriétaire fut,  comme il   se 
doit,  capitaine  de milice de son quartier.  Il siège  au 
Conseil  souverain  après  sa  nomination  en  qualité  de 
conseiller   titulaire  le 15 août  1688.  Il  parfait  sa 
promotion  sociale en achetant,  en 1703,  une charge ano- 
blissante  de  conseiller  secrétaire du roi.  Il  ne  lui 
manquait que la croix de Saint-Louis pour asseoir  défini- 
tivement le prestige de sa nombreuse descendance, quand il 
meurt à la Basse-Pointe le 3 août 1722 (2).
 
     Deux   contrats   de  mariage   retrouvés   récemment 
permettront  de mieux connaître cette famille et notamment 
de mieux apprécier l'importance de son ascension sociale.

     Le  premier  est celui des propres parents de  Claude 
POCQUET,  passé à Paris le 5 octobre 1631,  par devant  Me 
CARTIER, notaire au Châtelet (3).
  Le  futur  époux,   Claude  POCQUET  (4),  est  marchand 
fruitier de son état.  Il demeure au Marché Neuf, paroisse 
Saint-Germain-le-Vieil.  Il  stipule  "pour lui et en  son 
nom".  Il est donc majeur; ses parents ne sont pas nommés. 
Ses témoins sont 
- (Pierre ?) JAMET, marchand fruitier, son cousin,
- Jean BONNEVAL, maître rôtisseur à Paris, son beau-frère,
- Jean COUILLARD,  marchand oranger privilégié suivant  la 
Cour,
- Martin HARMET,  chargeur de bois en l'escale  St-Germain 
et autres lieux,
- Antoine FONTAINE, maître vannier,
- Pierre RIGUEUR, aussi marchand fruitier,
tous amis.
  La future épouse se nomme Marie ROGUISSART (5). Elle est 
âgée de 24 ans et demi (6).  Son père,  Gilles ROGUISSART, 
est maître pêcheur à verges et Pasquette BERTHIN, sa mère, 
est  décédée (7).  Les ROGUISSART habitent rue du Pied-de-
Boeuf, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Les témoins 
de la future sont 
- Michelle ROGUISSART,  tante paternelle,  veuve d'Olivier 
HEBERT,
- Adrien de SAINT-PAUL,  maître pêcheur à  verges,  cousin 
germain,
- Jean BARMER, facteur de (?), aussi cousin germain,
- Louis JOLLIVET,  maître corroyeur baudroyeur, beau-frère 
dudit ROGUISSART et oncle de ladite mariée et son subrogé-
tuteur,
- Jean  LEFEBVRE,  maître guesnier (sic) à Paris et Julien 
MILLET,  marchand  boucher,  cousins paternels à cause  de 
leurs femmes,
- Marie BERTHIN, tante maternelle, veuve d'Alain AULMONT,
- Marie  SALBRUSSE,  veuve  de (Pierre  ?)  GUYAU,  vivant 
marchand boucher à Paris, marraine.
  Nombreux  sont  donc les témoins  qui  appartiennent  au 
commerce de l'alimentation : on imagine le festin nuptial! 
Seuls  les négociants en vin ne sont pas représentés;  ils 
le  seront largement à la génération suivante.  Les  époux 
seront  communs en biens.  la dot de la future  s'élève  à 
1.002  livres et 12 sols,  dont 822 livres et 12 sols  lui 
revenant  dans  la  succession de sa mère  et  180  livres 
"qu'elle a gaignés & épargnés".  Le contrat se termine par 
la  mention  des  "quatre  enfants du futur  époux  et  de 
défunte   sa  première  femme  (8)  qui  seront   nourris, 
instruits  et entretenus aux despens de ladite  communauté 
jusqu'à l'âge de dix-huit ans." 

     Le  second contrat est celui de Marie POCQUET,  fille 
des précédents, et soeur (aînée ?) de Claude. Marie épouse 
Pierre AVELINE (9) le 14 mars 1655,  par devant Me Parque, 
notaire  au  Châtelet  (10).   Claude  POCQUET  et   Marie 
ROGUISSART  sont  présents  et stipulent pour  leur  fille 
mineure.  Ils  demeurent  toujours au Marché  Neuf  Saint-
Germain. Les témoins de la future sont :
- Jean PELLEGRAIN,  maître pâtissier,  bourgeois de  Paris 
(11),  et  Jules  CRESNE (12),  marchand de vin  à  Paris, 
beaux-frères,
- Jean POCQUET, maître chandelier en suif à Paris, frère,
- Claude BOTTE (13), bourgeois de Paris, cousin, 
- Charles PETITBON, maître chirurgien, bourgeois de Paris,
- Rémy,   Jean  et  Denis  FEUILLET,   marchands  de  vin, 
bourgeois de Paris,
- Me  Hughes  JOUBERT,  commis de Mre  LAURENT,  trésorier 
général de l'Extraordinaire des Guerres,
- Nicolas GUYET et Benoît ROUSSEL, bourgeois de Paris,
amis des futurs époux
  Le futur,  Pierre AVELINE, est lui aussi marchand de vin 
à Paris.  Il demeure rue de la Vieille-Draperie,  paroisse 
Sainte-Croix-en-la-Cité.  Il  est majeur de 25 ans et  ses 
parents ne sont pas nommés (14). Ses témoins sont
- Jean MORIN,  maître tonnelier à Paris,  et Jean MANSION, 
marchand épicier, beaux-frères,
- Me Isaac VIGNERON,  prêtre bachelier et aumônier du roi, 
ami.
  Les  époux  seront communs en  tous  biens,  suivant  la 
coutume de Paris. La dot de la future s'élève à 2.500 l.
     Parmi les témoins cités,  Jules CRESNE, beau-frère de 
Claude   POCQUET,   mérite  une  attention   particulière. 
Marchand  de vin en 1655,  il deviendra quelque temps plus 




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