G.H.C. Numéro 42 : Octobre 1992 Page 651

Antillais prisonniers à la Bastille

LE ROY de LA POTHERIE fut réhabilité le 12 septembre 1767.

Charles  Emmanuel NADAU DUTREIL (o St-Pierre de la  Marti- 
nique  17  4 1703 + St-François de Grande-Terre de  Guade- 
loupe 10 12 1786), nommé gouverneur de la Guadeloupe le 15 
janvier 1757,  et Charles Auguste LE ROY de LA POTHERIE (o 
Québec 2 1 1702), lieutenant de roi à la Guadeloupe depuis 
le 1° janvier 1753, sont de familles antillaises si impor- 
tantes  et nombreuses qu'il serait trop long  d'en  parler 
ici.
(Colonies E319 et E255)

Louis Marc de LAUZIèRE chevalier de  LANCIZE

Lieutenant-colonel,   lieutenant  des  grenadiers  royaux, 
commandant les troupes et milices à la Martinique. 
Son dossier (Colonies E252,  22 pièces,  48 pages) parle à 
plusieurs  reprises du mauvais caractère du  chevalier  de 
LANCIZE, de ses dissensions avec sa femme, de l'inconduite 
de  son  beau-fils,  que  nous n'évoquerons  pas  plus  en 
détail,   de   peur   de  choquer  la  susceptibilité   de 
descendants éventuels. 
Il  donne des informations généalogiques sur son épouse et 
d'autres sur son embastillement.  Ce sont les éléments que 
nous indiquons ci-après :
Originaire  de Basse-Normandie,  arrivé à la Martinique en 
août  1760,  il se maria peu après "très  richement"  avec 
"Madame POTHUAU" née Catherine Elisabeth DESVERGERS,  dont 
l'ascendance est donnée : 

I Florimond DESVERGERS chevalier, seigneur de SANNOIS, 
  d'AUROY et d'ANNET 
  x 6 5 1592 Charlotte de LONVILLIERS fille de Jean 
    chevalier seigneur de POINCY et de Sophie de CHOISEUL 
    de MONTREUIL, soeur de Philippe de LONVILLIERS dit le 
    Commandeur de POINCY, baillif et grand croix de 
    l'ordre de St-Jean de Jérusalem (Malte), gouverneur et 
    lieutenant gnéral des îles du Vent de l'Amérique.
II François DESVERGERS chevalier seigneur de SANNOIS
  x 5 7 1623 Marguerite de la PORTE fille de Guillaume 
    écuyer et Marguerite de PIENNES
III Dominique DESVERGERS chevalier seigneur de SANNOIS
  passe aux îles avec MM de POINCY ses cousins, neveux et 
  petits-neveux comme lui du commandeur de POINCY
IV Jean DESVERGERS chevalier seigneur de SANNOIS
  s'établit à la Martinique
  x Martinique Marie Louise Elisabeth DUVAL fille de 
    Simon, ancien capitaine de milice
V Deux garçons dont l'aîné x Marie Catherine Elisabeth 
  LONVILLIERS, sortie d'un des neveux du commandeur
  Plusieurs filles dont :
  Catherine Elisabeth DESVERGERS
  ax NN POTHUAU, d'où un fils
  bx le chevalier de LANCIZE, commandant général des 
     troupes et milices de la Martinique

En  1761,   l'argent  manquant  pour  la  subsistance  des 
troupes,  LANCIZE prêta  à M.  de la  RIVIèRE,  intendant, 
près  de 40.000 livres tirés des biens de son épouse et de 
son beau-fils.  Il n'en fut remboursé qu'en 1763. Sa veuve 
prétendra en 1782, en demandant la moitié de la pension de 
son mari, avoir prêté 120.000 livres.

Après la reddition de la Martinique, dont LANCIZE fut jugé 
un  des  responsables et qu'il annonce au ministre  le  24 
février  1762 "en répandant des larmes de sang" ("la faci- 
lité  avec  laquelle les ennemis ont fait  cette  conquête 
doit humilier tous les honnêtes gens qui ont été  employés 
pour  la  défense de cette importante  colonie"),  il  est 
rappelé en France,  est arrêté et conduit à la Bastille le 
23  août 1762 au matin et relâché le 20 novembre  suivant,  
le  conseil  de guerre réuni à La Rochelle le  19  octobre 
1762  ayant décidé qu'il n'y avait pas lieu de prendre des 
sanctions  contre les officiers chargés de la  défense  de 
l'île. Mais le ministre CHOISEUL décida que LANCIZE serait 
cassé  de son grade de lieutenant colonel avec défense  de 
retourner à la Martinique. Il meurt en 1779 ou 1780. 
(Colonies C/8a/61 et E252)

                 Juin 1769 - janvier 1770

Sur la révolte qui suivit le rétablissement des milices  à 
St-Domingue, voir Charles Frostin "Les révoltes blanches à 
St-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècles" (L'Ecole,  11 rue 
de Sèvres, Paris 6°, 1975), chapitre VI "L'antimilitarisme 
des  Blancs et des Gens de couleur;  l'épreuve de force de 
1769"  et appendice VIII "Lettre au roi écrite à  bord  du 
navire  "Le Fidèle Jean-Baptiste" par le Conseil Supérieur 
de  Port-au-Prince" (C/9a/137) où apparaissent,  avec  des 
variantes,  tous  les  noms cités des  prisonniers  de  la 
Bastille,  hormis les deux premiers :  GRESSIER,  LE TORT, 
COLHEUX de LONGPRé,  MARCEL, DUFOUR, TAVEAU, CHAMBRUN fils 
(sic),  JAUVIN,  MAIGNOL, de LONGPRé des BALIZIERS, LéGER, 
JOUSSE.

  En fait le comte d'ESTAING,  gouverneur, en réorganisant 
la  milice par son ordonnance du 15 janvier 1765,  "décida 
d'admettre  dans  les compagnies blanches  les  hommes  de 
couleur issus de père blanc et de mère quarteronne,  et de 
ranger les autres Libres dans une formation appelée Légion 
de  St-Domingue,  côte  à côte avec les soldats  d'origine 
métropolitaine."  La  réaction fut  telle  (les  habitants 
ayant  fait  croire  aux Libres que l'enrôlement  dans  la 
Légion  était  une  nouvelle forme de  servitude)  que  le 
ministre  CHOISEUL désavoua le gouverneur et annula  cette 
double décision.  Cependant,  en 1767,  ROHAN,  le nouveau 
gouverneur,  décida d'"imposer un service de milice rénové 
et efficace. L'insurrection éclata, le 11 décembre 1768, à 
la Croix-des-Bouquets,  paroisse de l'Ouest," puis embrasa 
le Sud :  "L'objectif avoué était de marcher sur  Port-au-
Prince  pour enlever le gouverneur et le remplacer par  un 
chef  élu."  Le gros des troupes était formé de  mulâtres, 
nègres libres et petits blancs mais le gouverneur  réserva 
ses  coups  aux  seuls Blancs et arrêta  effectivement  le 
Conseil Supérieur de Port-au-Prince en pleine séance.   

                      Décembre 1781

Antoine Bernard d'EU de MONTDENOIX, écuyer, naquit à Paris 
(St-Jean-le-Rond) le 1° janvier 1731. Il commença à servir 
dans  la  Marine dès l'âge de 17 ans  et  fut  commissaire 
ordonnateur  à la Guadeloupe de janvier 1769 à fin 1775 où 
il partit pour la Martinique avec même qualité;  Il y  fit 
fonction  d'intendant  du 1° avril 1777 à août 1780 où  il 
repartit en Guadeloupe avec même fonction.




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