G.H.C. Numéro 52 : Septembre 1993 Page 866

COMPTE-RENDU DE LECTURE
Pierre Bardin

   Des champs de canne à sucre à l'Assemblée nationale
                    Ernest Moutoussamy
                  L'Harmattan, 1993, 40F

     Ernest  Moutoussamy,  député de la Guadeloupe  depuis 
1981, nous avait présenté plusieurs ouvrages très sérieux, 
notamment  "Guadeloupe,  le  mouvement communiste  et  ses 
députés",   tous   chez  L'Harmattan.   Il  nous   revient 
aujourd'hui  mais,   à  l'instar  du  sous-préfet  cher  à 
Alphonse Daudet,  il a mis bas son habit officiel et, sans 
mâchonner des violettes mais peut-être un morceau de canne 
à  sucre,  il  nous propose une plaquette de 32  poèmes  à 
travers  lesquels le grondement des ka de l'île natale  se 
mêle à celui des "matalons des matins sans aube",  amenant 
au centre de l'Assemblée nationale le souffle des  alizés, 
le  balancement des cannes,  le "colibri dans la valse des 
clindindins".
     Si l'on aime la poésie, le dire, mâcher les mots pour 
en  extraire tout le suc qu'ils peuvent vous donner et  le 
plaisir qu'on en retire, on aimera ce recueil où celui qui 
a été élu monte à la tribune "de la chambre des lois",
  "Sublime pétale de rose de la démocratie.
   Ce n'est point la case en appentis de mes premiers pas.
   Là, la parole est souveraine,
   Souveraine comme les huppes de mes cocotiers...
   Dans l'hémicycle du Parlement
   L'homme s'embarque toujours pour de beaux voyages."
     Ernest Moutoussamy renouvelle un genre, très prisé au 
XVIIIe siècle,  où l'on trace le portrait d'un  personnage 
dont  on ne donne que les initiales du nom.  Ici on pourra 
deviner qui se cache derrière R.A.V.,
  "Expert en fécondation du silence,
   Il est une torche contre l'ennui"
ou encore E.B.,
  "Son aura grandiose,
   Magnétique,
   Le met au centre des prophéties"
ou bien L.M.C.,
  "Femme de clameur et de tribune,
   Elle plonge dans la chair des mots
   Ses lèvres de vague d'océan 
   Pour prononcer sa fierté rebelle"
Je vous laisse le soin de découvrir les autres,  ils  sont 
sept.
     Espérons  que Polymnie sera la compagne du député  de 
la  Guadeloupe  pour  dire  non pas  "Messieurs  et  chers 
collègues" mais,  en alexandrins,  en vers libres ou octo- 
syllabiques,  la  vie  qui  anime le  représentant  de  la 
Nation,  pas  seulement le mercredi après-midi  quand  "la 
T.V. efface la léthargie" mais lorsque 
       "le sang de l'écriture,
        la poésie de l'intelligence
        la braise de la réflexion
        construisent le destin de l'homme." 

NOUS AVONS REÇU

      Ultramarines n° 7, juin 1993 (AMAROM et IHPOM)
    29 chemin du Moulin Detesta 13090 Aix-en-Provence

Numéro consacré principalement à l'Algérie. 

d'Henri Marcime : 

  Géographies départementales de la France : Guadeloupe
                       E. Champion
    directeur de l'école primaire de la Pointe-à-Pitre
                    André Lesot, Paris
      non daté : fin XIXe (après 1878) ou début XXe

Géographie physique, économique, politique; notions histo- 
riques, personnages célèbres, communes.


de Francis J. Dallett : un tiré à part de

      The French Benevolent Society of Philadelphia
                   and the Bicentennial
          Francis James Dallett, vice president
   Records of the American Catholic Historical Society
           vol. 90, n° 1-4 march-december 1979

     La  Société française de Bienfaisance de Philadelphie 
fut fondée en 1793;  elle existe toujours, sur des statuts 
modifiés  en  1835 et sa principale  "raison  d'être"  (en 
français dans le texte) est le secours aux indigents.

   Les  familles  BORIE,   BORNOT-DEHON,   BUCHET-DALLETT, 
DOUREDOURE,  DREXEL,  DU BARRY,  DUCOING-STARR,  GARESCHÉ, 
LAFORE, LAUSSAT-GEYELIN, ROLIN, ROUSSEL, THIBAULT, THOURON 
et  VAUCLAIN  et autres,  toujours représentées  à  Phila- 
delphie  en lignée masculine ou féminine,  ont été membres 
de la Société depuis un siècle ou plus. 
     Plusieurs  des premiers membres étaient des  réfugiés 
de  St-Domingue;  d'autres  sont  venus  de  Gascogne  par 
Bordeaux;  plus  tard  vinrent des  anciens  officiers  de 
Napoléon ou d'autres armées françaises

     F.J. Dallett évoque l'an 1793, année troublée par les 
nouvelles  de la Révolution française.  Au cours de  l'été 
1792   étaient  arrivés  les  premiers  réfugiés  du   Cap 
Français,  suivis de beaucoup d'autres.  En janvier  1793, 
Jean-Pierre BLANCHARD,  venu de France, fit à Philadelphie 
le  premier voyage dans les airs en  Amérique,  maintenant 
son ballon 46 minutes en l'air et devenant ainsi le  héros 
de plus populaire de la ville. 
     C'est le 6 février de cette même année que fut fondée 
la Société de Bienfaisance, par des Français aisés et bien 
établis,  pour  venir  en aide à leurs  compatriotes  plus 
malchanceux. Le premier président fut le ministre français 
TERNANT  et le vice-président Antoine de LA FOREST  consul 
général de France,  le trésorier,  Pierre LE MAIGRE, riche 
négociant  installé  à Philadelphie  depuis  20  ans;  les 
secrétaires  étaient Pierre Etienne DU PONCEAU,  homme  de 
loi,  et Benjamin ARMAND, marchand. Les membres fondateurs 
s'élevaient  à 24 personnes.  Un grand nombre d'entre  eux 
étaient  francs-maçons  et la Société  fut,  à  l'origine, 
plutôt républicaine que royaliste. 
     L'article  évoque ensuite ce que l'on peut savoir  de 
la situation professionnelle,  sociale, familiale et poli- 
tique des 24 membres fondateurs ainsi que de leur  origine 
et brosse le destin de certains d'entre eux. 

     Un  coup  de projecteur sur une communauté  française 
d'outre atlantique, méconnue de sa patrie d'origine. 




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