G.H.C. Numéro 56 : Janvier 1994 Page 970

VIVE LA MARIE-GALANTE INDÉPENDANTE !

     L'on peut dire que les colons blancs de Marie-Galante 
furent  les dignes émules des  Lumières,  contrairement  à 
leurs  pairs  de Guadeloupe,  de Martinique et  de  Saint-
Dominque".

La fin de l'indépendance

     Nous sommes déjà en 1794,  alors que les Anglais, qui 
s'étaient emparés de Tobago,  attaquèrent la Martinique  : 
le dénouement ou la fin de l'indépendance de Marie-Galante 
est proche.  "Sous les coups répétés de l'Anglais,  (écrit 
Raphaël  Bogat) aggravés par la  trahison,  la  Guadeloupe 
succomba le 20 avril 1794,  par une capitulation honorable 
consentie  au Gouverneur Collot.  Marie-Galante n'ayant pu 
résister aux forces ennemies importantes dut subir le même 
sort.   Elle  fut  remise  au  capitaine  anglais   Robert 
Johnston, des grenadiers du régiment de Gibraltar".

     En résumé, cet essai de "self-government" de l'île de 
Marie-Galante dura du 1er novembre 1792 au 20 avril  1794. 
Néanmoins,  Marie-Galante  allait revenir dans le giron de 
la  Guadeloupe avec l'arrivée de Victor Hugues qui  "avait 
décidé d'enlever Marie-Galante à l'ennemi".
Une expédition fut préparée : son chef, le citoyen Rameau, 
à  qui  fut  remis le décret sur  l'abolition  par  Victor 
Hugues, eut en même temps cet ordre pour viatique :
"Pars ! Tu me réponds sur ta tête de la conquête de Marie-
Galante !".
Le  27 novembre 1794,  les Anglais furent battus  à  plate 
couture  près de Vieux Fort Saint-Louis,  près d'un  ravin 
connu sous le nom de Ravine du Massacre.

     Voilà  l'histoire de la République de  Marie-Galante, 
si peu connue que bien des Guadeloupéens l'ignorent.
     L'historien  Lacour a eu raison d'écrire  "qu'il  eut 
été intéressant (...) de voir fonctionner,  en  république 
et  dans son indépendance,  un coin de terre comme  Marie-
Galante,  afin d'observer ce que seraient devenus l'escla- 
vage  et le préjugé de couleur entre les mains des  hommes 
courageux qui avaient pris la direction des affaires de ce 
petit pays".


(*)  L'essentiel  de la présente étude est emprunté à  cet 
auteur.  In revue guadeloupéenne,  no.  13,  octobre 1947, 
"Marie-Galante, colonie indépendante sous la Révolution".

NOUS AVONS REÇU

de Michel Rateau :

- Un  "relevé  de lecture" de ce qui concerne  "nos  îles" 
dans  les Almanachs royaux" de 1761 à 1778 :  il s'agit de 
la   liste  des  chefs  d'escadre,   des  gouverneurs   et 
intendants,  des secrétaires de la Marine, avec l'année de 
leur nomination.
Nous en remercions Michel Rateau (en lui signalant que  le 
président TASCHER,  intendant de la Martinique, n'a rien à 
voir avec les TASCHER de LA PAGERIE) et tenons cette liste 
à la disposition des personnes intéressées. 

COOPÉRATION


de Pierre Baudrier

     Aux  pages 723 et 724 de GHC de  janvier  1993,  Paul 
Henri  Gaschignard évoque,  avec toute la prudence  néces- 
saire,  les grades et fonctions de militaires français des 
années  suivant les débuts de la Révolution.  On sait  que 
Louis XVI et les Princes les attribuaient séparément.
Considérons,  par  exemple,  le cas de Charles MATHIEU  de 
LAVAULX et de Louis-Gatien LEBRETON  DESCHAPELLES,  nommés 
par  Louis XVI maréchaux-de-camp "pour retraite",  en date 
du 1er mars 1791.  Le premier avait émigré en  1793,  mais 
les  grades de l'armée de Condé étant parfois adaptés  aux 
circonstances, c'est en tant que lieutenant qu'il fut - et 
non  son frère,  ex-officier de marine - porté disparu  au 
combat  franco-français  d'Ober-Kammlach du 13 août  1796. 
Quant à Louis-Gatien LEBRETON DESCHAPELLES,  le dossier  2 
de  la cote O3 2562 des Archives Nationales signale,  sous 
le no.  336, la demande du grade de maréchal-de-camp qu'il 
adressait  en émigration au Comte de Provence.  Nul  doute 
qu'il  soit parfois malaisé de reconstituer et de  distin- 
guer les grades et fonctions des derniers mois du règne de 
Louis XVI de pouvoirs princiers sans territoire propre, et 
enfin de nations étrangères telles que l'Angleterre.

NOTES DE LECTURE


de Pierre Baudrier

Dans l'Association bretonne et Union régionaliste bretonne 
t.  94,  1985,  M. Pierre  LE BASTARD de VILLENEUVE publie 
deux articles intitulés Vivre avec ou contre la Révolution 
et  Autour  d'une  expédition coloniale  aux  Antilles  en 
février 1791, respectivement aux pages 48-59 et 60-66.
  A  la  page 59,  on lit de Michel de LIMOëLAN  (PICOT de 
LIMOëLAN à la page 162 de GHC) : "Malgré des pertes finan- 
cières  à  hauteur de sa fortune  (plantations  de  Saint-
Domingue  dévastées,  affaires du beau-père  compromises), 
Michel  trouvera  à sa soeur Marie-Thérèse et à son  mari, 
Jean-Baptiste de CHAPPEDELAINE,  les fonds leur permettant 
de rejoindre l'héritage d'Amérique...".
P.  62  :  le capitaine de vaisseau  François-Emmanuel  de 
GIRARDIN, qui commande la division navale, est natif de la 
Martinique.
P.  63  :  "Le colonel du régiment du  Port-au-Prince,  ce 
pauvre  MAUDUIT,  (...)  a été assassiné par "ses  propres 
grenadiers".  Le commandant de l'île, Monsieur de BLANCHE-
LANDE, s'est réfugié au Cap-Français sous la protection du 
régiment du Cap, "resté inébranlable dans ses devoirs".
P.  64 :  il est question du chef de division DU CHILLEAU, 
sur l'Appolon.
     Peut-être  un lecteur de GHC a-t-il la réponse à  une 
question de la page 65 concernant Félix PICOT de PLÉDRAN : 
"Et Félix, que nous avons laissé à la station des Antilles 
sur  la  fameuse  Surveillante ?  Il a  disparu  dans  les 
trappes de l'Histoire."


  L'ouvrage ci-après concerne la Caraïbe aux pp. 217-277 :
A Bibliography of Pidgin and Creole Languages  Compiled by 
John  E.  Reinecke  ...  - Honolulu,  University Press  of 
Honolulu,  1975, LXXII-804 p. (Oceanic Linguistics Special 
Publications no. 14). ISBN 0-8248-0209-8.





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