G.H.C. Numéro 60 : Mai 1994 Page 1042
Les HATEREL (HATREL) et leurs alliances
au Gros-Morne et au Port-de-Paix (Saint-Domingue)
Bernadette et Philippe Rossignol
Cet article est le résultat d'une recherche faite sur
l'ascendance de Jane Wainwright (voir question "BENOIST et
LASNIER de LA SALLE"), qui était l'aimable hôtesse du SIG
(Special Interest Group) lors de la réunion de juillet
1993 de nos amis louisianais, à laquelle nous avions
participé. Jane y trouvera des éléments de réponses mais
il y a encore à faire et nous comptons sur nos lecteurs,
bretons en particulier.
Le point de départ était l'acte de mariage du 19 mars
1787 à Port-de-Paix, entre Louis Constant BENOîT (né à
Orléans) et Elisabeth LASNIER de LA SALLE.
Louis Constant BENOîT, natif d'Orléans, majeur en 1787,
fils de feu Nicolas, négociant à Orléans, et dame Marthe
HERY, épousa au Port-de-Paix, le 17 mars 1787 (publi-
cations des bans au Limbé), Elisabeth LASNIER de LA SALLE,
mineure, native de la paroisse, fille de feu maître
François Marie, conseiller du roi et son procureur en la
juridiction de Port-de-Paix, et dame Henriette HATREL. Le
tuteur de la mariée était Pierre HATREL, habitant et
commandant les milices du quartier du Port-à-Piment, et
les témoins du mariage Antoine ROBILLARD, habitant à La
Plaine-du-Nord et capitaine des milices, Michel ROBILLARD,
habitant au Limbé, Michel REGNIER, habitant au Gros-Morne
et capitaine des milices, François L'ETANG, habitant à
Jean-Rabel. Parmi les nombreuses signatures apparaissent
plusieurs BONNET.
Elisabeth était native de la paroisse mais les
registres de Port-de-Paix ne commencent qu'en 1777. Il
semblait donc impossible de retrouver le mariage de ses
parents pour remonter l'ascendance.
Cependant, nous avons observé la variété des lieux de
domicile des personnes citées dans l'acte de mariage. Nous
avons négligé les ROBILLARD de la Plaine-du-Nord et du
Limbé, qui devaient être des amis du marié que nous
savions originaire d'Orléans, donc non-créole. En
revanche, nous avons relevé la mention du tuteur de la
mariée, Pierre HATREL, "habitant et commandant les milices
du quartier de Port-à-Piment". Ce tuteur portant le nom de
la mère d'Elisabeth, Henriette HATREL veuve de LASALLE,
était vraisemblablement l'oncle de la mariée. Nous avons
donc consulté les tables de Port-à-Piment, qui n'allaient
que de 1778 à 1781 et où nous n'avons rien trouvé. Mais
Port-à-Piment dépendait de Gros-Morne. C'est donc cette
paroisse qu'il fallait explorer. Et là, effectivement
(registres de 1732 à 1788), il y avait un nid de HATREL
et, en 1770, le mariage d'Henriette avec LASNIER de LA
SALLE !
Nous vous livrons donc le résultat de ces recherches,
c'est-à-dire la généalogie descendante des HATEREL (ortho-
graphe de Gros-Morne) ou HATREL, HâTREL (orthographe de
Port-de-Paix), famille d'habitants et officiers de milice,
aux nombreuses filles et aux alliances notables. A la
génération suivante, nous ne nous occuperons que des
enfants du seul fils marié et des BENOIST (ascendance
recherchée).
Présentons d'abord, grâce au précieux Moreau de
Saint-Méry, le quartier du Port-de-Paix, réparti entre les
trois paroisses du Gros-Morne, du Petit-Saint-Louis (ou
Saint-Louis-du-Nord) et du Port-de-Paix. Nous nous
trouvons au nord de l'île et à l'ouest du Cap-Français.
Le sol du Gros-Morne est presque entièrement consacré à
la culture de l'indigo, avec quelques caféteries dans les
hauteurs. L'air y est très sain, la température sèche.
L'église, détruite par un coup de vent en 1772, a été
reconstruite en 1785. La population est de 450 blancs, 280
affranchis et 4.000 esclaves; la milice a 100 blancs et 90
affranchis.
Le Petit-Saint-Louis fut peuplé par les habitants de la
Tortue. C'est l'une des plus petites paroisses de l'île,
elle aussi cultivée principalement en indigo. La popu-
lation est de 350 blancs, 330 affranchis et 4.200 esclaves
et la milice de 110 blancs et 50 affranchis.
Quant au Port-de-Paix, ce fut la première capitale de
l'île après l'abandon de la Tortue, en 1685. Mais la ville
est entourée de marais, cause de fièvres et maladies comme
le mal de Siam. Parmi les cantons, on trouve le Haut et le
Bas-Moustique. Le Bas-Moustique produit le plus bel indigo
de l'île; le Haut-Moustique est plutôt consacré aux bois
et aux caféteries. La population est de 450 blancs, 130
affranchis et 8.972 esclaves; la milice compte 195 blancs
et 130 affranchis.
Les HATEREL
1 Louis HATEREL
fils de François et de Marie Anne MACÉE (ou Anne Marie
MASSÉ)
habitant du Gros-Morne, capitaine de dragons au
quartier et paroisse de Saint-Louis (! 1749 à 1752),
capitaine de cavalerie au Gros-Morne (! 1753), capi-
taine d'infanterie au Gros-Morne (! 1758).
+ Gros-Morne 18 12 1758 (+) église
ax Geneviève GREPIN, fille de François, lieutenant de
milice, et Angélique GAUDIN (3)
+ 1745/
bx Gros-Morne 8 12 1749 Geneviève BARGUET, fille de +
Mathieu, capitaine commandant de Jean-Rabel, et
Geneviève de LESTRE
ax MILLON, habitant du Gros-Morne
+ Gros-Morne 5 2 1752
cx Gros-Morne 10 10 1752 Marie Louise LE DAM, fille de +
Pierre, habitant des Gonaïves, et Anne DUMÉ,
habitante du Gros-Morne
+ 1777/ (alors habitante au Pilate, à Plaisance)
1a Louis HATREL ax Geneviève GREPIN
(Nous n'avons pu trouver tous les baptêmes; l'ordre des
enfants est donc aléatoire. Rappelons que de nombreux
registres paroissiaux du Nord ne sont conservés que sur
une dizaine d'années, de 1777 à 1788 à peu près, par
exemple Petit-St-Louis, Jean-Rabel, Plaisance, Môle St-
Nicolas)