G.H.C. Numéro 62 : Juillet-août 1994 Page 1094

NOTES DE LECTURE
Pierre Baudrier

Destrem (Jean) Les Déportations du Consulat et de l'Empire 
(D'après  des documents inédits).  Index biographique  des 
Déportés.- Paris,  En vente chez Jeanmaire,  Libraire, 32, 
rue des Bons-Enfants, 1885.- VI-526 p.

Pp. 207-208 : En  ventôse an XII,  des déportés partent de 
Rochefort pour Cayenne.  "La mission confiée au  capitaine 
BROUARD,  commandant  les frégates la Didon et la  Cybèle, 
était  complexe.  Il devait d'abord déposer à Cayenne  les 
proscrits, puis aller faire diverses stations en Amérique.
Il  y  avait sur la Didon un certain nombre  de  passagers 
libres.  Quant aux déportés,  ils furent tous confinés sur 
la Cybèle,  dont le capitaine,  SENEZ,  était subordonné à 
son collègue BROUARD, capitaine de la Didon.
P. 210-211 : les  frégates  partent de l'île d'Aix  le  10 
ventôse  an  XII  et arrivent à Cayenne  le  20  germinal. 
"Brouard ajoute (dans son rapport) que, les déportés ayant 
été  remis à leur destination,  il a quitté Cayenne le  27 
germinal  avec  ses deux navires.  Il n'ose aborder  à  la 
Martinique trop surveillée par les croiseurs  anglais;  le 
reste de sa mission s'accomplit sans encombre; après avoir 
touché à la Guadeloupe,  à la Basse-Terre,  et à New-York, 
les  frégates revinrent en France par l'Irlande,  l'Angle- 
terre et la Manche..."
Pp. 214-215 : M. Destrem croit savoir, sans certitude, que 
le capitaine SENEZ épousa la (une) fille de Victor HUGUES. 
Celui-ci  dit dans un rapport qu'il a laissé les  déportés 
en liberté à l'exception du faussaire FLEURY.
Pp. 218-219 : "Dès  l'an X...  le brick l'Impatient  avait 
jeté  dans  cette  colonie (Cayenne) des patriotes  de  la 
Guadeloupe,   qui,   ayant  accueilli  sans   enthousiasme 
l'annonce du coup d'état de Brumaire,  avaient été d'abord 
renvoyés   en  France  par  ordre  de  l'amiral  LACROSSE, 
capitaine général de l'île.
Le 26 thermidor an IX, VILLEMANDRIN, capitaine de vaisseau 
commandant la frégate la Cornélie,  annonça au ministre de 
la marine qu'il venait d'arriver à Lorient,  venant de  la 
Guadeloupe  où il avait été chargé de conduire quatre mois 
auparavant  le contre-amiral  LACROSSE.  Le  contre-amiral 
n'avait pas perdu son temps;  à peine débarqué à la Guade- 
loupe,  "la  police  découvrit que plusieurs individus  se 
rassemblaient  et  cherchaient des moyens de  troubler  le 
nouvel ordre qui s'établissait dans la colonie.  Le  capi- 
taine général jugea convenable d'éloigner ces individus et 
les  fit  mettre  en arrestation à bord de la  frégate  la 
Cocarde,  en  attendant le départ de la Cornélie  pour  la 
France..."
Pp. 221-222 : en  date du 5 fructidor an IX le ministre de 
la  marine  évoque en ces termes des  déportés  arrivés  à 
Lorient.  "Il en est parmi eux,  sur lesquels le capitaine 
général  paraît avoir changé de mesure.  Tels les citoyens 
MICHEL père et fils,  MOLLARD,  MÉGIS; ils étaient dans la 
proclamation,  mais  ils n'ont point été compris  dans  la 
consignation  donnée  aux autorités  de  Lorient,  quoique 
embarqués  contre leur gré,  comme les autres.  Le  préfet 
demande  même  des ordres positifs en ce qui  les  touche, 
ainsi  que pour le citoyen SAVIGNY,  embarqué pareillement 
sans consignation..."
Pp. 230-231 : L'Impatient,  commandé par le lieutenant  de 
vaisseau ARNOUS, est arrivé à Cayenne le 1er germinal an X 
avec  "douze  individus de la Guadeloupe".  Il  avait  été 
question que Mme BAUDRAIS accompagne son mari à Cayennne.
Bertrand BIGARD,  malade,  n'était pas parti.  Je passe le 
détail  des parents et domestiques autorisés à accompagner 
les  déportés en France,  quelques-uns sont allés à  Paris 
sans  autorisation,  MÉGIS n'est pas admis à se  rendre  à 
Saint-Domingue, etc., etc.
P. 235 : après le 18 brumaire,  Victor HUGUES est confirmé 
dans  son  affectation  à  Cayenne.  Il  emmène  avec  lui 
GABRIEL.  "Peut-être  feignit-il d'ignorer que ce  citoyen 
figurait   sur  une  liste  de  proscription  du   nouveau 
gouvernement..."
P. 236-237 : le  27  brumaire  an  XI,  LACROSSE  proteste 
auprès  du ministre contre la proposition de Victor HUGUES 
de  renvoyer  les déportés guadeloupéens de Cayenne  à  la 
Guadeloupe.  Il écrit entre autres "... outre les citoyens 
COTTIN,  ci-devant chef de brigade, et BIGARD, ex-consul à 
Saint-Barthélemy,  qui  ont quitté le lieu de leur  dépor- 
tation  (Allons  bon  !  Bigard est  finalement  arrivé  à 
Cayenne,  P.B.),  BERNE,  mulâtre,  l'un  des déportés  de 
Cayenne  est aujourd'hui propriétaire et armateur de  deux 
bâtiments  à Saint-Barthélemy qui sont employés  à  porter 
des armes et des munitions aux insurgés de Saint-Domingue.
Si ces bâtiments, qui étaient (en voyage ?), lorsque j'ai 
renvoyé la frégate la Didon,  aux isles de Saint-Thomas et 
Saint-Barthelemy,  avaient été de retour avant son départ, 
infailliblement ils auraient été saisis et arrêtés,  comme 
l'a été la goëlette la Diomède, appartenant au nommé Régis 
ACQUARD,  mulâtre, et BELLEGARDE, créole de la Guadeloupe, 
à  bord de laquelle on a trouvé des armes et des munitions 
pour la même destination..."
P. 238 : Victor  HUGUES  renvoie  en  France  un   colonel 
LECLERC  qui  y déplore la complaisance que Victor  HUGUES 
marquerait aux déportés. 
Tout est relatif.  Par lettre du 10 brumaire an XI, Victor 
HUGUES précise (pp. 282-283) qu'il a fait embarquer sur la 
flûte le Rhinocéros, commandant JOURDANEL, les 16 noirs de 
l'état-major de TOUSSAINT.  Sur ordre du général VILLARET, 
il leur a "joint un mulâtre,  nommé BERNE,  qui est à  peu 
près  de leur trempe,  il a été déporté de France ici;  il 
avait  été  fait officier à la Martinique par  le  général 
ROCHAMBEAU et a commis des meurtres sur les blancs,  à  la 
Martinique et à la Guadeloupe.
P. 283 : "Cependant le nombre des noirs et mulâtres amenés 
en  France augmente rapidement;  le dépôt de Pontanezen en 
est  encombré,  il en est venu par la frégate la  Cocarde, 
par le Foudroyant, par le vaisseau l'Union, par la Comète, 
par les frégates la Volontaire,  la Romaine, par la Flûte, 
la Salamandre, etc.; le gouvernement presse l'envoi de ces 
malheureux dans les bagnes de Corse et de l'île d'Elbe."
P. 290 : le 5e jour complémentaire an XI,  il y a à  l'île 
d'Elbe  "vingt  nègres  qui y ont été déportés  de  Saint-
Domingue comme incendiaires, à l'exception d'un seul nommé 
Annecy, ex-député à la Convention nationale...".
P. 291 : ANNECY et DERUISSEAU sont employés aux travaux du 
génie.
Pp. 294-295 : M.  Destrem trouve "la trace de deux  hommes 
déportés (sous le consulat) à Saint-Domingue par mesure de 
simple police. (*)

(*) DUPATY et FERRAGUS.  Ce dernier fut ensuite renvoyé de 
Saint-Domingue à Cayenne,  au bagne de Nancibo;  il  passa 






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