G.H.C. Numéro 66 : Décembre 1994 Page 1215

Le feuilleton des frères LAFFITE

     Vers  1838,  un sollicitor d'outre mer fit demander à 
l'un des membres de la famille de P.L. s'il consentirait à 
lui  remettre ses pouvoirs et ceux des siens  pour  tenter 
d'obtenir  la restitution de fonds très importants déposés 
par  le  défunt dans les Banques du Nord Amérique et  dont 
l'Etat allait, autrement, s'emparer. 
     On  repoussa  cette  proposition  avec   mépris,   en 
ajoutant  que P.L.,  mort aux yeux des siens depuis  1810, 
date  de son exode,  ne faisait plus partie d'une  famille 
avec  laquelle  il avait brisé les liens sacrés,  le  jour 
même de sa coupable défection. 

                           ****

               Les LAFFITTE à Sainte-Lucie

Pour  répondre  à  la  question 93-72  de  mon  voisin  de 
Bayonne,  Marcel  Douyrou,  et aux autres questions sur ce 
sujet,  voici encore une famille LAFFITE qui ne paraît pas 
être celle de nos corsaires de Barataria, bien que deux de 
ses  acteurs portent les mêmes prénoms à une époque  iden- 
tique. Mais sait-on jamais ?

Laurent  LAFFITE,  né à Biarritz,  maison Candelé,  le  20 
octobre  1753 et décédé à Brest le 23 pluviose an III  (11 
février 1795) s'était marié à Biarritz le 28 janvier  1772 
avec  Marie  DAGUERRE,  née à Bidart le 6 janvier 1747  et 
décédée à Bordeaux le 20 juillet 1809.
Lieutenant de vaisseau,  il participa au combat d'Ouessant 
du  13 prairial an II (1er juin 1794) à bord du  "Mucius"; 
il était auparavant à bord du "Vengeur". Il décéda à Brest 
des suites de ses blessures 

Il eut trois fils,  Pierre,  Louis et Jean  LAFFITE,  tous 
trois nés à Biarritz respectivement en 1773,  1779 et,  le 
dernier, le 6 octobre 1783.

D'un  document  rédigé  à partir  de  ce  qu'écrivait,  de 
Sainte-Lucie,  Pierre à son frère Louis afin de lui donner 
des précisions sur sa famille (aucun lieu de naissance n'y 
est  indiqué mais,  le document ayant été écrit à  Sainte-
Lucie, on peut supposer que la famille y vivait) et lui en 
demander sur la sienne,  on peut reconstituer les éléments 
généalogiques suivants :

1 Pierre LAFFITTE
  o Biarritz 2 11 1773   + Sainte-Lucie 4 12 1838
  x Anna Rose KELEMIE DELOD (ou DELORD)
  d'où :
     1.1 Marie Gabriel o 4 10 1807
     1.2 Telentia o 3 6 1810, mariée
     1.3 Louis Jules o 22 9 1813 
          + mars ...? o à bord du "Saint-Martin"
     1.4 Nelly o 1 1 1815
          x 16 8 1838 NN PIET, notaire
     1.5 Emile o 28 1 1817
     1.6 Oscar o 23 11 1820
     1.7 Arnaud o 3 8 1824
     1.8 Belinda o 6 2 1828 (prénom incertain; un document 
          signale une Belinda, fille de Pierre Laffitte, 
          décédée à Bordeaux le 2 9 1849

Pierre LAFFITTE a été officier marinier.  Il a combattu en 
escadre  et  il  a participé au combat  d'Ouessant  du  13 
prairial an II (en même temps que son père Laurent).  Fait 
prisonnier  par les Anglais et incarcéré sur les  pontons, 
il revient à Morlaix le 14 brumaire an IV (5 11 1795).  Il 
a relaté ces faits dans un "abrégé de voyage" qui nous est 
parvenu.
Il  était à Philadelphie en 1822.  Son neveu  Jean-Laurent 
(voir ci-après) s'y marie le 13 8 1835 avec Emma SICKLE.
 
 Voici ce que l'on sait du destinataire du document :

2 Louis LAFFITTE
  o Biarritz 24 10 1779  + Bordeaux 13 1 1851
  x Bordeaux 14 10 1807 Jenny BRADSHAW (protestante, 
     abjure) o Bordeaux 20 10 1785 + id. 15 4 1858
  habitaient à Bordeaux, 18 rue du Couvent puis 44 quai 
  des Chartrons
  d'où :
     2.1 Anna Maria o Bordeaux 15 4 1810
          x Bordeaux 23 1 1833 (à minuit) Jean Frédéric 
             KLIPSCH (+ Bordeaux 20 11 1848) 
     2.2 Jean Laurent o Bordeaux 7 3 1812
          x Philadelphie 13 8 1835 Emma SIKLE
          (de Philadelphie, il fait une procuration à son 
          père Louis le 11 7 1846)
     2.3 Louis Ernest Jean o Bordeaux 30 10 1815
     2.4 Anna Louise Georgina o 25 2 1820 + 31 3 1902
     2.5 Marie Clara Louise o 2 8 1823 + Bordeaux 3 1886
     2.6 Pierre Martin Gustave o 27 2 1826
     2.7 Eléonore Jeanne Joseph 
          o 14 11 1828 + Bordeaux 18 1 1846

Louis  a été prisonnier sur les pontons anglais;  il  s'en 
est évadé.  Il fut autorisé le 14 janvier 1818 à porter la 
décoration du Lys, suite à une ordonnance royale du 20 mai 
1816  (où il est cité comme "fourrier de  chasseurs,  3ème 
compagnie,  1er bataillon") mais il ne voulait pas  porter 
cette  décoration.  Il a été courtier maritime,  associé à 
SERIZIER, 2 quai des Chartrons (Bordeaux). 

     Si  l'on suit parfaitement la descendance de Louis  à 
Bordeaux   (les  familles  BRADSHAW  et  KLIPSCH  y   sont 
connues),  ainsi que celle de Pierre à Sainte-Lucie, Jean, 
le  troisième,  disparaît  totalement.  Aucun document  le 
concernant,  hormis son acte de naissance.  Les  registres 
d'état  civil de Biarritz et Bordeaux ne signalent pas  de 
décès à ce nom.
  On  peut  toutefois  remarquer  que  les  renseignements 
adressés  par Pierre LAFFITE à son frère Louis à  Bordeaux 
sont fragmentaires (il ne donne pas les lieux de naissance 
de ses enfants), qu'il était à Philadelphie en 1822, qu'il 
était marin de métier et, si les dates sont exactes, qu'il 
aurait très bien pu se trouver en Louisiane entre 1804  et 
1814. Le mystère s'épaissit !
NDLR Remarquons toutefois que, si c'est le "Pierre Laurent 
LAFFITTE" cherché par Marcel Douyrou (p. 838) et identifié 
par Ian de Minvielle-Devaux (p.  1182), ce qui semble très 
probable  en comparant les dates,  il était franc-maçon  à 
Sainte-Lucie  en  1807  et il y avait  une  habitation  en 
1810...





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