G.H.C. Numéro 70 : Avril 1995 Page 1314

Famille DU LYON (Champagne, Bourgogne, Guadeloupe)
Philippe et Bernadette Rossignol

     Parmi  les  gouverneurs  de  la  Guadeloupe,   Claude 
François DU LYON est celui qui est le plus  ignoré,  sinon 
même méprisé, par les historiens.
     Ceci  est,  à notre avis injuste et dû probablement à 
ce  que son gouvernorat s'étend presque exactement sur  le 
temps d'existence de la Compagnie des Indes  Occidentales, 
tant  décriée  à  juste titre.  Premier gouverneur  de  la 
Guadeloupe au nom de la Compagnie,  nommé par TRACY le  12 
juillet 1664,  il est installé le 4 novembre. En mars 1665  
il  reçoit les provisions de gouverneur de  la  Guadeloupe 
pour  le  Roi et la Compagnie.  Il meurt le  14  septembre 
1674, à peine 3 mois avant la suppression de la Compagnie.
  
     Il y a cinquante ans deux historiens (1) n'hésitaient 
pas à parler,  à propos de la Guadeloupe,  "du joug de ses 
gouverneurs  particuliers  qui sacrifiaient tout  à  leurs 
intérêts particuliers".
     En effet dans les courriers de DU LYON au ministre on 
retrouve  des réclamations lancinantes pour le paiement de 
ses  appointements  et  des  demandes  de  faveurs  et  de 
nominations  pour des membres de sa  famille.  Mais  qu'en 
était-il  à  la même époque à la Cour de Louis  XIV  ?  La 
famille Colbert est un bon exemple du népotisme ambiant.
     Les  jugements les plus sévères sont ceux du  gouver- 
neur  général de BAAS à la Martinique (2) mais DU LYON  ne 
cessait de réclamer,  pour la Guadeloupe,  un gouvernement 
indépendant de celui de la Martinique !

     Nous préférons nous en remettre au texte de renouvel- 
lement  de ses provisions de gouverneur de la  Guadeloupe, 
sur nomination de la Cie des Indes Occidentales, du 8 août 
1669 en raison de "sa capacité,  prudence, valeur et expé- 
rience".  DU TERTRE abonde dans ce sens lorsqu'il écrit  : 
"Je  suis obligé de lui rendre le témoignage que nos reli- 
gieux  m'en ont donné (...) car il m'ont assuré qu'il  s'y 
conduit avec beaucoup d'adresse et de prudence, rendant et 
faisant la justice fort équitablement à tous les habitants 
et gagnant adroitement les coeurs de tout le monde par une 
affabilité  qui lui est comme naturelle".  Par ailleurs il 
décrit sa conduite militaire comme très active et  indique 
qu'il  fut blessé à Antigue lors d'une attaque contre  les 
Anglais.  Pour  être juste disons que le gouverneur DULYON 
avait fait une fondation de Te Deum aux Dominicains. 
  Les rapports de DU LYON avec les Caraïbes semblent avoir 
été bons, mis à part leur "sauvagerie".
 Enfin  il  apparaît comme parrain en 1665  à  Capesterre, 
d'une fille CLASSE,  famille hollandaise très  protestante 
et riche dont nous avons parlé dans les numéros 41 et 42. 

     LABAT, pour sa part, éreinte beaucoup l'abbé DU LYON, 
fils  du  gouverneur,  mais ils avaient des différents  de 
propriétés en cours.  Par contre il fait pièce aux rumeurs 
sur Claire TABOUROT,  sa deuxième épouse qui l'avait suivi 
à la Guadeloupe. 
     Souhaitant  qu'un jour la vie et l'oeuvre de  DU LYON 
fassent l'objet d'une étude approfondie,  nous donnons ici 
quelques pierres généalogiques pour construire l'édifice.

(1) A. Martineau  et  L.Ph. May "Trois siècles  d'Histoire 
antillaise". Sté d'Hist. des Col. françaises. Paris 1935.
(2) A.N. C8A1 fo 167 à 176 et 192 à 196.

                   Essai de généalogie

     Trois documents ont particulièrement servi pour cette 
généalogie :
1° Le fonds de L'Horme aux A.D. de la Haute Marne (22J10)
2° Le  Recueil  généalogique  des  anciennes  familles  de 
Langres  par Claude Nicolas Genuyt dans l'édition qu'en  a 
fait M. Jean-Louis Michon, 114 rue Salvador Allende, 92000 
Nanterre, Dépôt légal Septembre 1983.
3° Chaix d'Est Ange 19

     La  famille  Du Lyon,  sans être de grande  noblesse, 
était très honorable.  Etablie à la limite de la Champagne 
et  de  la  Bourgogne,  elle fait partie de  ces  familles 
ignorées   ou  très  maltraitées  par  les   généalogistes 
officiels  (ou amateurs) car ne faisant pas ou peu  partie 
de la mouvance des Rois.  Noblesse provinciale sans  grand 
rapport avec la Cour parisienne ou versaillaise.
     Noblesse d'épée, même si l'origine est contestée, car 
il ne semble pas que les "francs archers,  dont la famille 
paraît tirer sa noblesse" (A) soient une preuve, mais cela 
nous importe peu.
     Armes :  D'or semé de croisettes de sable, et un lion 
     du même armé et lampassé de geules, brochant.
     Tenants : deux sauvages de sable, armés de massues. 
     Cimier : une aigle naissante de sable.
 
Le nom de la famille s'écrit aussi bien DULION, DULYON, DU 
LION,  DU LYON et même DELYON ou de LYON. Nous retiendrons 
pour  notre part l'orthographe DU LYON qui semble être  la 
plus courante.

Genuyit donne 6 générations que nous n'avons pas trouvées 
ailleurs :
I Hubert DU LYON, écuyer
  officier du duc de Bourgogne "au quel il prestat des 
  sommes considérables suivant le compte qu'il en a rendu 
  en la chambre des comptes à Dijon en 1315", 
II Guillaume DU LYON,écuyer,fauconnier du duc de Bourgogne 
III Jacques DU LYON, écuyer, procureur du duc de Bourgogne 
    au bailliage de Semur en Auxois
IV Jacques DU LYON, écuyer, Seigneur de MONTBARD
V Jean DU LYON, écuyer, Seigneur de NOSSOY
VI Jean DU LYON, écuyer, échevin à Dijon en 1519

A partir de la 7° génération la filiation devient sûre :
VII 1 Jean DU LYON, écuyer
      Contrôleur des fortifications et grenetier à Dijon
      + /8 3 1557
      x 1523 Guillemette DECIREY (1)
        + 20 9 1563/
      d'où 4 enfants qui suivent en VIII
    2 ? Anne de LYON
      (peut-être fille et non soeur de Jean)
      + 23 6 1558/
      x Jacques BARD, d'Arnay le Duc 

(1) Ou de CIRY. D'après le colonel Arnaud dans "les généa- 
logie  françaises imprimées" il y a une famille de  CIREY, 
une   BARD et une DU BARD en Bourgogne.  Nous n'en  savons 
pas plus.





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