G.H.C. Bulletin 72 : Juin 1995 Page 1363

PRINTEMPS CRÉOLE 95

     Acheter pour exister participe d'un  certain  concept
identitaire. En effet, posséder un signe social permet  de
se  reconnaître  et  de  se  faire  reconnaître  dans  une
société. Mais, quand apparaît dysfonctionnement, ou  déve-
loppement exagéré de  cette  consommation  ou  d'achat  de
biens, la perte d'identité est toute proche.
     Dans la communauté créole installée en Métropole,  la
sur-consommation  apparaît  comme  une  solution,   certes
illusoire,  au déficit de la reconnaissance identitaire.
     Au moment de la promulgation de la loi, le nombre des 
familles surendettées avait été  estimées  à  200.000.  En
1992, 371.000 dossiers ont été déposés auprès  de  commis-
sions d'examen compétentes.

     Au cours de la discussion,  le  préfet  SAINT-PRIX  a
indiqué  que  dans  la  situation  de  surendettement,  on
s'aperçoit que les intéressés sont progressivement mis  en
incapacité juridique  :  lors  de  l'obtention  d'un  prêt
bancaire, le citoyen adulte et juridiquement capable signe 
un contrat avec une banque; au moment du règlement  de  sa
situation de surendetté, l'intervention de l'Etat  aboutit
à amoindrir la validité de cet engagement.

     * -M. Eric BRYS a  présenté  le  thème  "l'entreprise
citoyenne".
     Il a centré son exposé  sur  la  controverse  et  ses
conséquences : l'observateur  (scientifique)  modifie-t-il
l'objet observé ? Bors répond  affirmativement;  Einstein,
en revanche, répond par la négative.
     Cette controverse a  été  levée  par  des  physiciens
français, au cours des années quatre-vingts, en démontrant 
que Bors avait raison. Il faut globaliser un  projet  pour
produire en masse, et non pas procéder à la parcellisation 
à outrance du travail, ou du comportement humain  (cf.  le
taylorisme...). C'est d'ailleurs par ce moyen de  globali-
sation  du  travail  de  l'homme  que   l'on   aboutit   à
l'entreprise citoyenne, celle qui tient compte de tous les 
aspects   du   comportement    de    l'être,    préservant
l'environnement.
     Et l'auteur de citer comme entreprises ayant  mis  en
oeuvre  cette  conception  globalisante   du   travail   :
"Princesse  tam-tam"  qui  fabrique   des   sous-vêtements
féminins  et  dont  les  créateurs  sont  trois   Créoles;
l'entreprise de cosmétiques fondée par Anita RODRIGUE  qui
a décidé d'établir et d'entretenir des liens et de  servir
des  revenus  aux  Indiens  d'Amazonie  à  partir  de   la
production des cosmétiques. 
     M. BRYS estime que lorsque l'on a  la  chance  d'être
créole, c'est-à-dire  issu  d'une  communauté  sociale  et
culturelle née et forgée par des  apports  aussi  nombreux
que différents, on a la plus  grande  chance  d'être  plus
ouvert aux autres, d'être plus apte à  entrer  en  contact
avec les autres. Il faut en tirer le meilleur parti,  dans
tous les domaines, politique,  culturel,  musical,  écono-
mique, financier.
     Au cours de la discussion, M. ROSSIGNOL  signale  que
le citoyen a  souvent  des  grandes  difficultés  à  faire
valoir ses droits, que dans cette  démarche,  somme  toute
banale,  il  ne   bénéficie   par   de   l'appui   de   la
représentation  parlementaire.  Celle-ci,  en  effet,   ne
mesure pas réellement toutes  les  conséquences  des  lois
qu'elle élabore.  En matière d'état civil,  et par voie de 
conséquence en matière de droit de la  nationalité  et  en
droit  successoral,  il  est  particulièrement   difficile
d'établir les actes et les droits de citoyens français nés 
dans les territoires anciennement français  (ex.  Algérie,
Cochinchine, Sénégal...), ou anciennement sous protectorat 
français (ex. Annam, Laos, Tunisie, Cameroun...), ou  sous
mandat français (ex. Liban...).

(1) c'est ce que les linguistes anglo-saxons appellent le 
silent language.
(2) une définition actuelle peut  être  proposée  :  c'est
celle qu'en donne l'écrivain martiniquais Raphaël CONFIANT 
= cf. le bulletin de GHC, n° 60 de mai 1994, page 1041.
Une seconde définition a été proposée le deuxième jour  du
colloque par le professeur BONNIOL après  discussion  avec
ses collègues et pourrait se résumer aux idées suivantes : 
"terme servant à désigner différents comportements  origi-
naux développés dans des  isolats  marqués  par  la  colo-
nisation et qui s'applique notamment à une langue utilisée 
plutôt dans les relations  communes  et  quotidiennes;  en
tant  qu'adjectif,  ce  terme  qualifie  quasi  tous   les
domaines de la vie, des comportements et  des  choses;  il
peut servir de fondement à une culture particulière".
(3) Il s'agit actuellement de l'île Saint-Kitts,  ancienne
colonie britannique.
(4) c'est-à-dire personnes en âge de travailler.
(5) autres causes de l'exclusion : la maladie,  l'accident
(domestique,  automobile...),  le  handicap,  le  chômage,
l'âge et la dépendance.

COOPÉRATION

de Pierre Charroppin : Lettre d'un habitant de Trinidad 
(p. 1247)

La beccabunga ou "véronique aquatique" :  herbe  croissant
au bord des  eaux  vives,  spécialement  aux  environs  de
Paris. Les feuilles (...) passent pour détersives,  savon-
neuses, propres à atténuer les  humeurs  visqueuses,  sans
causer ni picotement ni irritation; on en fait prendre  le
suc dans les cas de scorbut où les antiscorbutiques  âcres
ne conviennent pas (Nouveau dispensaire de Lewis, 1775).
(...) elle pousse l'urine et le gravier hors des reins  et
de la vessie et provoque  les  mois;  elle  est  salutaire
extérieurement aux érésypèles, hémorroïdes douloureuses et 
condylomes; elle guérit les plaies étant mêlée avec du sel 
et  des  toiles  d'araignées  (Dictionnaire  botanique  et
pharmaceutique, 1768).

NDLR  Merci de la part de Colette Gyldén ! Reste à  savoir
de quoi souffrait l'épouse de l'auteur de la lettre... 


de Georges de Sainte Marie Registres de Kingston (p. 1179)

Jacques de Cauna cite  le mariage de  William  ESPEUT avec
Joséphine Périne DU BOURG ("de LA LOUBèRE"),  ce  qui  est
exact. Mais il ajoute que GHC a consacré une question à la 
famille LALOUBèRE (vraisemblablement  la  question  92-72,
pages 530 et 568). En fait, les deux familles LALOUBèRE et 
DU BOURG de LA LOUBèRE n'ont strictement rien à voir. 



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