G.H.C. Bulletin 76 : Novembre 1995 Page 1458

Deux familles créoles :
Les DU BOURG de LA LOUBèRE à Saint-Domingue;
Les SAINTE-MARIE à la Jamaïque

     En juillet 1805, Louis DU BOURG et sa soeur Françoise
s'embarquèrent à Bordeaux pour les Etats-Unis, appelés par
leur  frère Valentin Guillaume,  principal du collège Ste-
Marie de Baltimore. En octobre 1816, ils repartent pour la
France. Le 2 juin 1819, on les trouve ensemble à Bordeaux,
7 rue de l'Église Saint-Seurin,  où ils déclarent répudier
ensemble,  purement et simplement,  la succession de  leur
père, tout paraissant alors perdu à Saint-Domingue.

     Françoise  mourut à Bordeaux en décembre 1825.  Louis
DU  BOURG,  qui était alors âgé de 73 ans,  dut se  sentir
bien seul.  Un an après,  en novembre 1829, il rejoignit à
Montauban son frère l'évêque, Valentin Guillaume. A la mi-
juillet  1830,  il retourna à Bordeaux,  rue  de  l'Église
Saint-Seurin.  Début  novembre,  il  subit  une  opération
chirurgicale et s'éteignit,  le 4,  rue des Religieuses, à
78 ans.

7. La Jamaïque

     Marie  Rosalie  DU BOURG et son mari François  CARRIÉ
tentèrent  de partir du Cap vers les Etats-Unis,  en  juin
1793,  après l'incendie. Mais leur bateau fut pris par les
Anglais  et conduit à la Jamaïque où ils  débarquèrent  en
juillet.  François  y  mourut au cours du second  semestre
1795.  Marie se remaria avec Régis REYNAUD qu'elle  perdit
également.  On  la retrouve à Bordeaux chez sa  demi-soeur
Françoise, où elle mourut le 29 septembre 1803.

     Bénigne,  la  veuve  de Patrice  DU  BOURG,  débarqua
également à la Jamaïque en juillet 1793,  avec ses enfants
(Périne,   Arnould  et  Caroline).   C'est  fin  1802  que
Joséphine Périne,  l'aînée, épousa à Kinsgton (d'après les
Archives  de la Holy Trinity Cathedral de Kingston) le  18
décembre,  William  François  ESPEUT,  fils de feu  Pierre
ESPEUT,  en son vivant habitant à Saint-Domingue, quartier
de la Grande Anse (Jérémie).  Il était précisé que William
était  originaire de l'île des  Barbades.  La  bénédiction
nuptiale  fut  donnée par le curé de  l'ESPINASSE,  ancien
chanoine  du Mans.  Étaient présents à la cérémonie  :  la
mère  de  la  mariée,   Bénigne,  sa  grand-mère  Victoire
Charlotte  CHAUVET  du  BREUIL,  veuve  d'Antoine  Exupère
BRUSLÉ,  Hippolyte  de LA VILLOÉON,  François  CHAREST  de
LAUZON,  Bernard  de  LA BICHE de REIGNEFORT,  Jean  Louis
LAJEUNE,  Frédéric ROUX,  Victoire JONIZON,  tous venus de
Saint-Domingue.   Les  ESPEUT,   qui  venaient  des  Irois
(paroisse  du Cap Dame Marie) en passant par  la  Barbade,
étaient  arrivés à la Jamaïque en 1798.  William et Périne
eurent  quatre enfants :  Louise Caroline (qui  épousa  un
DORÉAS),  William  James Louis,  Caroline Louise et  Peter
Alexandre.

     Quant à Louise Caroline, qui avait alors 11 ans, elle
devait être également au mariage de sa soeur. On trouve en
tout  cas mention de son nom sur la liste de ceux qui  ont
reçu  le sacrement de confirmation le 7 juillet 1805  dans
la chapelle catholique de Hanover Street à Kingston.  Elle
avait alors 14 ans. On verra plus loin (à 11) ce qu'il est
advenu  d'elle  à  la suite de son  mariage  avec  Georges
Quentin de SAINT-MARIE.

8. Le vicaire apostolique de la Louisiane

     Louis  Valentin  Guillaume DU BOURG est né  à  Saint-
Domingue le 10 janvier 1766, au Cap Français, mais il  n'y
resta  que durant sa jeunesse,  car il vint en France pour
se préparer à entrer dans les ordres.  Prêtre à la  veille
de  la  Révolution,  il entra dans la Compagnie de  Saint-
Sulpice  où il fut mis à la tête de  l'École  préparatoire
d'Issy.  Il  échappa aux massacres de septembre 1792 et se
réfugia en Espagne.  De là,  il partit pour les États-Unis
où il dirigea le collège de George Town, fonda celui de La
Havane, puis bâtit à Baltimore le collège de Sainte-Marie,
destiné  aux  seuls fils de colons français  et  espagnols
passés  sur  le nouveau continent.  Mais il  se  heurta  à
l'opposition du gouverneur espagnol,  ce qui ne lui permit
de recueillir que trois Cubains et douze Français.

     Le  Père DU BOURG est ensuite envoyé,  en 1812,  à la
Nouvelle-Orléans  pour  administrer  le  diocèse.   "Cette
grande  ville",  écrira-t-il dans une lettre  apologétique
adressée de la Trappe,  près de Laval, le 20 juillet 1826,
à  l'évêque d'Hermapolis,  "était depuis plus de  dix  ans
livrée à une anarchie ecclésiastique qui y avait ouvert la
porte  aux  plus déplorables scandales...  La plupart  des
prêtres vivaient dans un concubinage éhonté,  entourés des
fruits  avoués de leur libertinage...  Mon arrivée ne  put
donc manquer d'être un sujet d'alarme et de mécontentement
général...  Je ne pouvais me montrer sans m'exposer à  des
huées  et  à des imprécations...  Deux fois,  un coup  fut
monté pour m'assaillir dans mon église".
     Plus loin,  on découvre un détail intéressant pour la
famille  :  "Mais ce qui me fut le plus  sensible  encore,
c'est  que mon neveu,  entraîné par un sentiment d'honneur
mondain,  se crut obligé de tirer l'épée pour ma cause  et
faillit  être  victime  de  son  attachement...  Toute  ma
famille était fixée là depuis longtemps et composée  alors
de  huit ou dix individus".  Le "huit ou dix" est pour  le
moins curieux !  Son neveu était évidemment Arnould,  fils
de Patrice, alors âgé de 25 ans environ. Quant au reste de
la famille,  il devait se composer de Louis DU BOURG et de
Françoise  FOURNIER,  de  François  DU  BOURG  "de  Sainte
Colombe", de sa femme et de leurs enfants (trois filles et
peut-être un fils).
     Le Père DU BOURG resta deux ans à la Nouvelle-Orléans
où  il  ne  connut "qu'une suite d'avanies  en  raison  de
l'état  d'impiété  du  pays".  Il fut alors  appelé  à  en
occuper  le siège épiscopal en janvier 1815.  Sacré évêque
le 18 septembre, la fin de la guerre entre l'Angleterre et
les États-Unis lui permit de partir sur-le-champ pour Rome
"pour  tâcher de détourner le coup qui  le  menaçait".  Le
Pape le persuada de se dévouer.

     Avant  de  repartir pour  la Louisiane,  Mgr DU BOURG
enrôla  plusieurs  prêtres et  clercs.  Non  seulement  il
arriva  à susciter des vocations,  en particulier à  Lyon,
mais  ses discours enflammés furent à l'origine d'une  des
plus  grandes  oeuvres  de l'Église de  France  au  XIXème
siècle  :  l'Association de la Propagation de la  Foi.  Il
parcourut  ensuite le Nord et les Pays-Bas,  recrutant des
compagnons,  récoltant  des  aumônes  et parvenant  même à



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