G.H.C. Numéro 77 : Décembre 1995 Page 1504

Un protestant déporté à la Martinique
Eliane Dubost

  
     Mon ancêtre David VEDEL fut emprisonné dans la prison 
royale  de la tour du château de Sommières (Gard) en 1686. 
J'en  ignore la cause exacte (assemblée du Puech Martel  ? 
dénonciation ?). 
     Fin février 1687,  il fut transféré à  Aigues-Mortes, 
puis à Marseille.  Le 4 mars 1687,  il fait son testament, 
devant Me Jullian, sur la flûte royale ancrée dans le port 
de Marseille. Le 12 mars, départ vers la Martinique sur le 
navire  "Notre-Dame  de la Bonne Espérance" avec sa  femme 
Louise  SEGUIN,  qui  l'avait  rejoint  entre  temps.  Ils 
réchappent du naufrage du navire (NDLR en mai 1687, sur la 
côte  de  la Martinique :  "Le  capitaine  PEYSSONNEL  qui 
portait  aux  îles 80 religionnaires,  100 forçats  et  20 
soldats a perdu son navire proche de la Cabesterre" C/8a/4 
f° 257).
     Louise  SEGUIN  accouche à la Martinique en  1687  ou 
1688 d'un fils, Jean VEDEL, sûrement baptisé là-bas.
     En 1688 ou 1689,  la famille est rapatriée ou s'évade 
et débarque à La Rochelle.
     Jean  VEDEL  meurt à La Rochelle  (de  maladie  ?  ou 
exécuté  ?),  sans avoir eu le temps de rédiger un nouveau 
testament en faveur de son dernier enfant (mon ancêtre). 
     En 1690, Louise SEGUIN était de retour en son village 
de Clarensac, dans le Gard, avec son bébé; le notaire fait 
le partage des biens avec rappel des dates précédentes.

     Je  souhaite savoir s'il est possible de me  procurer 
des documents sur les points suivants :
- le  baptême  de Jean VEDEL  à  la  Martinique,  sûrement 
baptême catholique, vers 1688.
- y eut-il des "déportés pour la foi" rapatriés ?  et pour 
quelle raison ?
- y   a-t-il  trace  à  la  Martinique  de  David   VEDEL, 
travailleur de terre,  natif de Clarensac (Gard),  fils de 
Jean et de Louise GOURDONNE (ou GOURDOUSE) ?
- quels  étaient les navires royaux qui transitaient entre 
la Martinique et La Rochelle ?

NDLR  Nous vous conseillons de lire,  de Gérard Lafleur  : 
"Les  protestants  aux  Antilles françaises du  Vent  sous 
l'Ancien  Régime"  (Société d'Histoire de  la  Guadeloupe, 
1988),  et  en particulier le chapitre III C (page 180  et 
suivantes)  "La  révocation  de L'Edit de  Nantes  et  les 
exilés vers les Antilles". 
Les  "gens  des Cévennes et du Vivarais  qui,  contre  les 
instructions de Sa Majesté ont fait des Assemblées dans ce 
pays  pour  continuer l'exercice de  la  R.P.R.  (Religion 
Prétendue Réformée)" furent déportés aux Antilles à partir 
de  la  fin 1686,  dispersés dans les îles et incités à  y 
devenir habitants et à se convertir, afin de développer le 
peuplement blanc.  Mais un certain nombre préféra profiter 
des facilités offertes par les kilomètres de côtes, l'aide 
des  nombreux capitaines de navire protestants,  la proxi- 
mité  des  îles anglaises et  hollandaises  (protestantes) 
pour s'enfuir et, souvent, rejoindre les terres françaises 
restées  protestantes,   mais  clandestinement  (vous   ne 
pourrez donc pas retrouver trace du retour).   
Les  rescapés  du naufrage de 1687 s'étant  principalement 
installés   au  Fort  Saint-Pierre  dont   les   registres 
antérieurs à 1763 sont perdus,  vous ne pourrez sans doute 
pas retrouver le baptême de votre ancêtre.

           

Famille LE MASSON de RANCÉ
Michel Rampont

     Si  je m'intéresse à cette famille,  c'est  que  Jean 
RAMPONT,  procureur  et  prévôt  de la  ville  d'Etain  en 
Lorraine (GHC p. 1276), fut marié vers 1690 avec Gabrielle 
LE  MASSON de RANCÉ et que je n'ai pu,  faute  d'archives, 
arriver  à  connaître la date de ce mariage ni la date  du 
décès  de Gabrielle,  qui a dû se produire entre  1690  et 
1700.  En  effet,  Jean RAMPONT se remaria vers 1700  avec 
Marguerite  ADAM  dont il eut deux fils,  Charles  RAMPONT 
d'HAUDREMONT et Nicolas Joseph RAMPONT de SURVILLE, lequel 
fut,  comme  on  le sait,  procureur  général  du  conseil 
souverain de la Martinique de 1753 à 1783.
     La  famille  LE MASSON de RANCÉ est liée à  la  ville 
d'Etain  depuis 1659 quand Louis XIV,  voulant relever les 
ruines  de cette ville de Lorraine  complètement  détruite 
par la guerre de Trente ans, y institua un grand bailliage 
en  1662.  Cette distinction fit venir de nombreux nobles, 
comme  les  familles  ADAM  et de  RANCÉ,  qui  nous  sont 
alliées,  mais aussi d'autres comme MM de MAUCOMBLE, de LA 
HENRIERE,  de LA SAUX,  le comte de BRIEY,  le marquis  de 
NETTANCOURT et encore beaucoup d'autres.
     En  1677  Louis XIV,  effectuant  une  inspection  en 
Lorraine, passa par Etain où il descendit, à l'aller et au 
retour,  dans la maison du sieur de RANCÉ; c'était au mois 
de juin, dans la semaine de la Pentecôte. 
     Lorsque la Révolution éclata, rien dans les esprits à 
Etain  n'y semblait préparé;  mais les choses se  gâtèrent 
très vite et, en 1792, les dénonciations devinrent de plus 
en  plus fréquentes et les nobles durent quitter le  pays, 
après  l'assassinat  de MM de LA HENRIERE et de  LA  SAUX, 
lors de leur transfert à Paris.
     C'est  à  cette  époque que la famille LE  MASSON  de 
RANCÉ,  se sentant en danger, arriva à gagner la frontière 
toute proche et,  de là,  on ne sait pourquoi ni  comment, 
ils  gagnèrent  la  Martinique.  C'est sans  doute  Claude 
Casimir LE MASSON de RANCÉ,  né vers 1740,  conseiller  au 
parlement de Nancy,  marié avec Marie de LA BAUME, qui fit 
ce voyage avec leur fils Charles François, né à Etain vers 
1770,  que  l'on retrouvera capitaine au bataillon de  St-
Pierre, d'où la descendance qui suit :

1 Charles François LE MASSON de RANCÉ
  x 9 2 1800 Alexandrine LAFARGUE
  d'où :
  1.1 Marie Louise Joséphine LE MASSON de RANCÉ
  1.2 Charles Joseph Nicolas LE MASSON de RANCÉ
     + St-Pierre 30 8 1823
     x Marie Françoise Marthe JOUYE de GRANDMAISON  
     d'où :
     1.2.1 Charles Joseph Edouard LE MASSON de RANCÉ
        o St-Pierre 11 8 1800 + en mer 1846
        x 17 9 1839 Marie Augustine HODEBOURG DES BROSSES
        d'où :
        Marie Françoise Assélie Elmire LE MASSON de RANCÉ    
          o Le François 10 11 1843
          x 16 4 1872 Charles Joseph Gaston DEPAZ
Hélas, je n'en sais pas plus. Un contact avec un membre de 
cette  famille me permettrait peut-être de savoir  ce  qui 
s'est  passé à l'époque de mon ancêtre Gabrielle et de son 
père,  Jean  LE  MASSON de RANCÉ,  gentilhomme du  duc  de 
Lorraine Charles IV.
   (Histoire d'Etain :  Marc Petit de Baroncourt, 1835)






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