G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1583

Les Saintois au XVIIe siècle

pois, par le tabac,  le  coton  et  l'indigo.  Il  y  aura
jusqu'à 5 indigoteries en 1687 et 1697, détruites  l'année
suivante. Trois d'entre  elles  seront  reconstruites  dès
1699. L'élevage a également beaucoup  progressé  avec  les
volailles, beaucoup de chèvres,  bon  nombre  de  cochons,
quelques bêtes à cornes; de 6 en 1682 à 13 en 1697, et  24
en 1699 plus 3 bêtes à laines.  L'année  1698,  verra  une
chute du cheptel à 3  animaux,  probablement  à  la  suite
d'une  descente  des  Anglais.  La  présence  de  nombreux
ramiers,  perroquets,  perriques,  tourterelles,   grives,
oiseaux de mer,  justifie la place importante de la chasse 
dans l'activité des Saintois.        
   "La pêche y est très bonne  et  l'on  trouve  dans  les
rochers beaucoup de coquillages, d'écrevisses de  mer,  de
homards, de pompars et de congres."
    La production locale dépassant largement  les  besoins
des insulaires, les Saintois  exportent  leurs  volailles,
des vivres, le coton et le pétun.  Cela   leur  permet  de
"vivre commodément sans être riche", d'après le Commandant 
de l'île. Celui-ci rajoutera  que  l'île  est  assez  bien
pourvue en argent (21). 
    Cette présence du  numéraire  dont  les  Antilles  ont
toujours plutôt manqué est liée à l'activité du  port  qui
amène  beaucoup  de  marins  et  donc  l'implantation   de
cabarets où ces derniers devaient dépenser leur solde.
Il n'est pas surprenant que le Père Labat ne rapporte  pas
cette présence, ces lieux de perdition étant  ignorés  par
l'Eglise. Le pouvoir royal, lui, au contraire, les  recon-
naissait, et il avait nommé dès 1702 un sous  fermier  des
droits des cabarets, receveur du Domaine pour les îles des 
Saintes: le sieur Georges Chevalier. Après lui, il y  aura
deux  receveurs:  Marc  Antoine  Barthélemy   et   Charles
Trocard, qui exerceront, semble-t-il, en même temps.

                       La Religion

   En 1666, le gouverneur de la Guadeloupe donna une rente 
de mille kilogrammes de  sucre  aux  Pères  Jacobins  pour
chanter un Te Deum, chaque année afin  de  commémorer  aux
Saintes, la reddition des Anglais le 15  août  (22).    La
première mention de la présence d'un  prêtre  aux  Saintes
nous est apportée par le recensement de 1671 qui  constate
l'absence d'un religieux "quoy qu'il y ais  trois  neigres
de resté (...) et une habitation à la cure"  e  qui  sous-
entend qu'il y avait eu peu de temps auparavant un  ecclé-
siastique. Dans le recensement de  1682, il n'y a toujours 
pas de prêtre à demeure (5).
   L'ordonnance de Blénac et  de  Bégon  du  12  mai  1684
délimitait, pour la première fois,  les  paroisses  de  la
Guadeloupe  et  les  Saintes  étaient   "attribuées"   aux
Religieux carmes "en cas qu'ils y établissent un religieux 
sédentaire" (23). Malgré  cela,  dans  le  recensement  de
1686, soit deux ans après, il n'est pas fait mention de la 
présence d'un prêtre. Celui-ci est  arrivé  peu  de  temps
après puisque l'acte paroissial  le  plus  ancien  parvenu
jusqu'à nous atteste la présence du Frère  Chrysogome  dès
le 28 juillet  1686.  Depuis  cette  date  l'archipel  fut
toujours pourvu d'un Religieux carme. En  voici  la  liste
d'après les registres paroissiaux:
  -Frère Chrysogome  ou  Chryssogone  de  juillet  1686  à
   novembre 1687.
  -Frère Boniface d'avril 1688 à janvier 1693.
  -Frère Prosper, qui fit un  premier  intermède  en  Juin
   1688 puis d'avril 1693  à  une  date  indéterminée  (il
   existe une lacune jusqu'en juin 1696).
  -Frère Spiridion d'avant juin 1696 à juin 1700.
  -R.P. Etienne de Saint Quentin,  Vicaire  des  Religieux
   carmes en octobre 1700, qui dû assurer un petit intérim 
  -Frère Lucien de Saint Louis de  novembre  1700  à  mars
   1710. 
  -Frère Louis de Sainte Catherine  à  partir  de  juillet
   1710. 

    Toujours d'après le recensement de 1671,  la  première
cure se trouvait  sur  la  Terre  de  Haut,  première  île
occupée de façon permanente. Dans les recensements de 1682 
et 1686, l'église n'est pas mentionnée alors  qu'elle  est
citée dans celui du 14 mai 1687. D'après les actes parois- 
siaux qui débutent en juillet  1686,  l'église,  dédiée  à
Saint Nicolas, se trouve sur Terre de  Bas.  Une  nouvelle
église sera bâtie dans le fond dit Petites Anses, au bourg 
de Terre de Bas, sur le terrain de Madame Veuve Galon dite 
Provence. Elle  sera  consacréele  8  septembre  1730,  et
dédiée, comme la précédente, à Saint Nicolas.
    Dès mars 1687, l'église de Terre  de  Haut  avait  été
reconstruite alors qu'elle n'est pas citée dans le  recen-
sement de cette année, mais dans un acte  effectué  le  20
mars 1687 il est précisé "fait en  l'église  de  Terre  de
Haut". En 1698, elle semble avoir été détruite lors  d'une
descente des Anglais puis reconstruite  l'année  suivante.
Elle fut de nouveau détruite vers 1716 date à laquelle est 
citée l'ancienne église du Mouillage de Terre de Haut.
Elle fut d'abord dédiée à la Sainte Vierge d'après un acte 
d'août 1692, puis, à partir  de  1719,  à  Notre  Dame  de
L'Assomption.   Le prêtre résidait sur Terre de Bas, où se 
trouvait la plus  grande  partie  de  la  population,   et
effectuait les cérémonies religieuses soit à Terre de  Bas
pour les habitants de cette île soit à Terre de  Haut,  et
dans ce cas le  prêtre  le   précisait.  Cette  île  était
fréquemment évacuée; nous retrouvons des actes d'habitants 
de Terre de Haut fait à Terre de Bas, nous précisant ainsi 
les périodes d'évacuation, comme en mars 1692 et mai 1692. 
En juin 1692, tous les habitants des Saintes sont au Vieux 
Fort de l'Olive, mais dès juillet, ils sont de  nouveau  à
Terre de Bas. C'est seulement en août  1692  qu'une  céré-
monie sera de nouveau faite à Terre de Haut.  Par  contre,
pour Terre de  Bas,  à  partir  d'août  1692  et  jusqu'en
décembre 1692, les  cérémonies  religieuses  avaient  lieu
devant la chapelle Sainte Thérèse du couvent des Carmes de 
Terre de Bas, probablement à la suite de la destruction de 
l'église du bourg par une descente de flibustiers.

                      Les protestants

  Sur la liste des membres de  la  R.P.R.  de  1687  (24),
certains demeuraient aux Saintes. Il s'agit de :
-Jean Melce dit Le Flamand, sa femme  Catherine  Léchelle,
 Marguerite, sa fille 12 ans et Marie 1 an.
 Aucun de ses fils et  filles,  pourtant  déjà  mariés  ne
 figure sur cette liste. La famille Léchelle est  recensée 
 en 1671 au Vieux Fort comme catholique.
-Nicolas Desloges
-Agnès Stems, sa femme 
-Josse ou Jean Pitre


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Révision 28/12/2004