G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1588

Anne Louis TOUSARD (Paris 12 3 1749 - Paris 8 5 1817)
Documents présentés par Mauricette Bécoulet

Traduction de la notice Tousard du Dictionary of  American
Biography, N.Y. 1936, vol. 18, Charles Scribuer' Sons

     Fils du général Charles Germain de TOUSARD, chevalier 
de Malte, et de son épouse  Antoinette  de  POITEVIN.  Dès
l'obtention de  son  diplôme  à  l'École  d'artillerie  de
Strasbourg, il fut nommé, en  1769,  sous-lieutenant  dans
l'artillerie royale. Après le début des hostilités  de  la
Révolution américaine, sur la recommandation  de  Benjamin
Franklin, Silas Deane, le délégué  représentant  américain
en France, promit au jeune officier le grade de  capitaine
s'il  s'engageait  dans  l'armée  américaine.  TOUSARD  se
joignit donc  à  l'expédition  du  Coudray  qui  arriva  à
Portsmouth (New Hampshire) le 25  janvier  1777,  mais  le
Congrès refusa de confirmer le  grade  promis  par  Deane.
TOUSARD se joignit plus tard à La Fayette  comme  officier
d'ordonnance (aide-de-camp) et servit dans la  malheureuse
campagne canadienne, et dans les batailles  de  Brandiwine
et de Germantown.

    Le 8 août 1778, lors d'un combat dans le Rhode Island, 
il prit un territoire aux Anglais et fut gravement  blessé
au bras droit, qui  fut  amputé  à  sa  demande,  afin  de
retourner au combat plus rapidement. Le Congrès  le  nomma
lieutenant-colonel pour le récompenser de sa  bravoure  et
lui alloua une pension à vie de trente  dollars  par  mois
(27 octobre 1778).

     Après son retour en France, en raison de sa blessure, 
il fut fait chevalier de Saint-Louis, et on lui décerna la 
Croix de cet Ordre le 3 juillet 1779.
     Le 5 avril 1780, il fut nommé commandant du  régiment
de Toul. En janvier  1784,  il  fut  nommé  membre  de  la
société des Cincinnati et en juillet de la même année,  il
passa lieutenant-colonel du régiment du Cap et partit pour 
Saint-Domingue où il se distingua en combattant le  soulè-
vement des Noirs. En janvier 1788, il s'y maria avec Maria 
Francisca  Régina  JOUBERT,  veuve  d'un  riche  habitant,
SAINT-MARTIN.

     Lorsque les  représentants  civils  qui  avaient  été
envoyés par l'Assemblée Nationale de France à  St-Domingue
s'opposèrent au colonel CAMBEFORT, du Régiment du Cap,  et
ordonnèrent  son  arrestation,  TOUSARD  annonça,  le   19
octobre 1792, que son régiment refuserait  l'expulsion  de
son colonel. Sur ce, il fut accu é  de  principes  contre-
révolutionnaires,  de  correspondance  avec  les  esclaves
insurgés et de résistance aux ordres, et avec CAMBEFORT il 
fut arrêté et envoyé dans  les  "prisons  sanguinaires  de
l'Abbaye" en France ; ils y demeurèrent jusqu'au 4 février 
1793, date à laquelle ils furent libérés grâce à  l'inter-
vention du ministre américain.

     TOUSARD rejoignit ensuite sa femme et ses enfants aux 
États-Unis où ils s'étaient installés  par  sécurité.  Son
épouse décédait à Wilmington (Delaware) en  juillet  1794,
et l'année suivante il se remaria avec Anna Maria GEDDES.

     Réintégré dans l'armée américaine en février 1795, il 
fut nommé chef de la seconde artillerie et devint colonel 
cinq ans plus tard.
     Pendant ce temps, il planifia et surveilla l'édifi- 
cation des fortifications à Fort Mifflin (Pennsylvanie), à 
West Point (New York) et à Newport (Rhode Island). Il  fut
nommé inspecteur de l'artillerie le 1er décembre  1800  et
l'année suivante, il déménagea à West Point où  il  trans-
forma la garnison en école militaire.

     En 1802, il retourna à Saint-Domingue servir sous les 
ordres de l'infortuné général LECLERC, mais il  revint  en
France la même année et se retira  à  Soissons,  avec  une
pension de deux mille francs accordée par l'Empereur.
     En 1805 il fut envoyé en Amérique comme  sous-délégué
et ministre chancelier des  relations  commerciales  à  la
Nouvelle-Orléans, et muté plus tard à  Philadelphie  comme
vice-consul.
     En 1809, il fut transféré à Baltimore afin  d'assurer
la protection d'Élisabeth PATTERSON BONAPARTE,  épouse  de
Jérôme BONAPARTE, et de son fils, et en 1811 il fut  nommé
consul à Nouvelle-Orléans. Il  occupa  ce  poste  (intéri-
maire) jusqu'en juillet 1816  où  il  fut  relevé  de  ses
fonctions par PÉTRY et revint en France. Il mourut à Paris 
moins d'un an après.

     Alors qu'il se trouvait en prison  en  1793,  TOUSARD
écrivit pour  sa  propre  défense   un  pamphlet  intitulé
"TOUSARD, lieutenant- colonel du  régiment  du  Cap  à  la
Convention Nationale"; il fut traduit en anglais et  parut
à Philadelphie  sous  le  titre  "Justification  of  Lewis
TOUSARD, addressed to the National Convention of  France".
Sa seule aventure littéraire fut le "Compagnon de l'artil- 
lerie américaine", commencé  en  1793,  à  la  demande  du
général WASHINGTON, ouvrage en deux  volumes  (1809-1813),
un volume supplémentaire comportant des gravures exécutées 
de sa main gauche.

Bibliographie :

Lettres personnelles et documents dans l'Histoire  sociale
de Philadelphie (Pa.), à la Bibliothèque du Congrès, et en 
possession des descendants de TOUSARD :

A.B. GARDINER
The Order of the Cincinnati in France, 1905  (L'ordre  des
Cincinnati en France)

F.B. HEITMAN
History Regional  of  Officers  of  the  continental  army
(1893)  [Histoire  régionale  des  Officiers  de   l'Armée
continentale (1893)]

History Regional and Dictionary of the U.S.  Army  (1903),
vol. I [Histoire  régionale  et  dictionnaire  de  l'armée
américaine, vol. I (1903)]

L.G.M. du B. de CONTENSON
La société des Cincinnati de France, 1934

DUNBAR ROWLAND
Official letter book of W.C.C. Clairborne (19 A), vol.  VI
Livre officiel des lettres de  W.C.C.  Clairborne  (19  A,
vol. VI)


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Révision 28/12/2004