G.H.C. Bulletin 82 : Mai 1996 Page 1619

LAFFITE, Frères & Cie, flibustiers

     Ainsi, Léonce GOYETCHE écrit que, après avoir  quitté
momentanément les  armées,  Pierre  LAFFITE  sollicita  sa
réintégration, participa aux campagnes napoléoniennes avec 
le grade de capitaine, et que ce n'est  qu'en  1810  qu'il
abandonna  les  siens  pour  la  Louisiane.  Les  archives
authentiques de Louisiane attestant qu'un  Pierre  LAFFITE
se trouvait à la Nouvelle-Orléans en 1804, ce  personnage,
s'il s'agit toujours du même, ne pouvait être  à  la  même
date sous les drapeaux de la Grande Armée.
     Relatant ces événements plus de soixante  ans  après,
on peut admettre que Léonce GOYETCHE commet une erreur  de
datation, Pierre LAFFITE ayant en  réalité  abandonné  les
siens bien auparavant. Malgré ce hiatus,  on  peut  consi-
dérer  que  les  concordances  de   dates   de   naissance
bordelaise présentent un début de  solution  et  une  voie
possible. Toutefois, les preuves formelles font défaut !

                     La piste basque

     Rappelons brièvement  (3)  que  nous  trouvons  trois
frères, tous natifs de Biarritz, fils de  Laurent  LAFFITE
(1753-1795) et de Marie DAGUERRE (o Bidart 1747). Celle-ci 
décédera en 1809 à Bordeaux où elle était venue  se  fixer
en 1793 avec son dernier fils, âgé à l'époque de 10 ans.
Ces trois enfants sont :
- Pierre (o 2 11 1773 + Sainte-Lucie 4 12 1838)
- Louis (o 24 10 1779 + Bordeaux 13 1 1851)
- Jean le cadet (o 6 10 1783).

Pierre LAFFITE

     Après une carrière d'officier  marinier  parfaitement
connue, il quitte la France après 1795 pour les  Antilles.
La présence d'un Pierre-Laurent  LAFFITE  (sans  doute  le
même ?) est signalée en 1810 sur l'île de  Sainte-Lucie  à
la tête d'une habitation caféière, et à Castries où on  le
donne comme notaire et membre d'une  loge  maçonnique.  On
signale son passage à Philadelphie en  1822.  Il  meurt  à
Sainte-Lucie  en  1838.  De  son  mariage  avec  Anne-Rose
Kélénie DELORD viendront 8 enfants,  nés  en  1807,  1810,
1813, 1815, 1817, 1820, 1824, et 1828.  Cette  descendance
est connue d'après  une  correspondance  qu'il  adresse  à
frère cadet Louis  à  Bordeaux.  Cependant,  cet  état  ne
mentionne pas les lieux  de  naissance,  vraisemblablement
Castries à Sainte-Lucie. Il est quand  même  difficile  de
voir ce personnage être à la fois et dans les mêmes années 
sur sa plantation à Sainte-Lucie et  commerçant-flibustier
à Barataria et La  Nouvelle-Orléans.  A  moins,  hypothèse
maritime, que Ste-Lucie ne lui ait servi de  base  arrière
de piraterie et qu'il y ait conçu ses enfants  entre  deux
escales !

Louis LAFFITE

     Installé  comme  négociant  et  courtier  maritime  à
Bordeaux où il demeure 2 quai des Chartrons, il y  épouse,
en 1807, Jenny BRADSHAW qui lui  donnera   7  enfants.  Du
mariage de leur fille aînée Anna-Maria, née en 1810,  avec
Jean Frédéric KLIPSCH, viendra  une  descendance  dans  de
très nombreuses  familles  du  négoce  bordelais  toujours
présentes aujourd'hui (4).
Louis LAFFITE décédera à Bordeaux le 13 janvier 1851.
Leur fils second, Jean-Laurent, né  en  1812,  épousera  à
Philadelphie, en 1835, Emma SIKLLE. On  ne  connaît  à  ce
jour comme relation entre Pierre et Louis que  la  corres-
pondance, déjà citée plus haut, et, également  rédigé  par
Pierre LAFFITE, un abrégé de ses  états  de  service  dans
lequel il n'est fait aucune mention de  son  frère  cadet,
Jean, qui va suivre.  Ces  archives,  que  nous  avons  en
mains, sont conservées par une branche de  la  descendance
bordelaise de Louis LAFFITE, la famille ROGIER.

Jean LAFFITE

     Hormis son acte de naissance à Biarritz, en 1783,  ce
troisième fils demeure inconnu. On sait seulement qu'il  a
suivi sa mère à Bordeaux. Par la suite, plus aucune  trace
ne le signale. Serait-ce notre principal héros qui  serait
parti rejoindre son frère aîné Pierre ? Dans  ce  cas,  il
aurait réussi à brouiller toutes les pistes.

     Cette piste basque présente-t-elle une autre solution 
crédible ? Comme pour la piste bordelaise,  les  dates  de
naissance correspondent à peu près à celles de nos person- 
nages. Cela ne suffit pas. Les  carrières  respectives  de
Pierre et Louis semblent être pour le premier  celle  d'un
colon des îles, et pour le  second  celle  d'un  négociant
bordelais bien établi. Quant au troisième, nous venons  de
le voir, rien ! Ajoutons encore que Grade KING,  dans  son
ouvrage "La Nouvelle-Orléans, le pays et les gens",  édité
en 1895, fait naître mais sans donner de référence d'état- 
civil, Pierre et Jean LAFFITE à Bayonne, à  une  encablure
de Biarritz. On peut encore lire dans "The Life and  times
of Jean LAFFITE" (volume XII,  printemps  1992),  sous  la
plume du Dr. J.O. DYER : "Jean Laffite naquit en  1783  en
France,  dans  la  province  des  Hautes-Pyrénées,   d'une
famille noble. Son père  et  sa  mère  furent  guillotinés
pendant la Révolution. Quand Jean eut 17  ans,  il  émigra
avec Pierre à la Martinique. Pendant un  an  ou  plus,  il
vécut sur une plantation de sucre.  Jean  et  Pierre  émi-
grèrent ensuite à  La  Nouvelle-Orléans  en  1803  où  ils
devinrent contrebandiers ...".

                La piste de Saint-Domingue

     Depuis la découverte... et la publication par Stanley 
C. Arthur du "Journal" retrouvé  de  Jean  LAFFITE,  cette
source est reprise par la plupart des auteurs traitant  du
sujet, Georges Blond entre autres.

     Faut-il y ajouter foi ? Les avis sont très  partagés.
Au sein même de l'association  américaine  "Laffite  study
group", les uns sont pour et défendent  l'authenticité  du
manuscrit;  d'autres,  en  revanche,  ne  voient  dans  ce
document qu'un montage  historique  mêlant  habilement  le
certain et l'apocryphe. Où est la vérité ?  Difficile  d'y
voir clair.

     Ainsi de quel registre paroissial  de  Saint-Domingue
est issu le tableau généalogique sur quatre feuillets  que
nous avons sous les yeux ? Rédigé en  1976  par  un  nommé
Robt Alderdice (?), il se présente comme suit :


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Révision 28/12/2004