G.H.C. Bulletin 83 : Juin 1996 Page 1654
Louis Daniel BEAUPERTHUIS et la fièvre jaune
Raymond Guého
Le Larousse en cinq volumes donne la notice suivante :
"BEAUPERTHUIS (Louis Daniel), médecin français (La Guade-
loupe 1807 - Bastica Grove, Guyana 1871). Fixé au Vene-
zuela (1841), il a soutenu et démontré le premier (1854)
que la fièvre jaune était transmise par un moustique".
Ayant étudié l'historique des recherches sur les
modes de transmission et de propagation de la fièvre
jaune, je puis affirmer qu'il n'est malheureusement pas
possible d'être aussi catégorique. Tout au plus peut-on
dire que Beauperthuis fut un des premiers à soupçonner un
rôle joué par un moustique (le "zancudo bobo" du Vene-
zuela) dans la genèse de la maladie. Les résultats des
travaux de Beauperthuis, que celui-ci communiqua à l'Aca-
démie des Sciences de Paris, restèrent d'ailleurs sans
écho.
C'est le médecin cubain Carlos FINLAY qui, en 1851, à
La Havane, fut le premier à élucider le véritable méca-
nisme de la transmission de la maladie de l'homme malade à
l'homme sain par l'intermédiaire du fameux moustique,
l'agent causal de la maladie étant pour Finlay un hypothé-
tique "virus", ce terme de "virus" étant couramment uti-
lisé au XIXe siècle (au moins par les tenants de la conta-
giosité de la fièvre jaune en ce qui concerne cette
maladie) pour désigner d'hypothétiques germes pathogènes.
Carlos Finlay, à l'instar des autres médecins, ignorait
tout de l'hypothèse de Beauperthuis.
Les travaux de Carlos Finlay ne trouvèrent
d'ailleurs pas plus d'écho à cette époque que ceux de
Beauperthuis. Il fallut attendre 1900 pour que la
commission américaine de la fièvre jaune à Cuba prenne en
considération les travaux de Carlos Finlay et reprenne ses
expériences. Cette commission eut d'ailleurs le mérite de
prouver en outre que l'agent causal de la maladie était un
"virus filtrant" (on avait découvert entre temps les
bactéries visibles au microscope optique). La fièvre jaune
est la première maladie humaine à l'origine de laquelle on
ait mis en évidence un virus filtrant. Ce virus ne sera
rendu visible qu'avec la découverte du microscope électro-
nique.
Les mesures de démoustication de La Havane et de Cuba
qui s'en suivirent débarrassèrent définitivement l'île de
ce fléau.
Voici ce qu'on lit dans le dictionnaire Larousse en
cinq volumes à propos de Carlos Finlay (voir GHC p 1647) :
"FINLAY (Carlos Juan), médecin cubain (Puerto Principe,
aujourd'hui Camagüey, Cuba, 1833, La Havane, 1915). Il
étudia le mode de transmission de la fièvre jaune par les
moustiques (qui avait déjà été découvert par le médecin
français L.D. Beauperthuis)".
Cette note est donc tout à fait inexacte sur le plan de
l'historique scientifique. Pour Beauperthuis, la fièvre
jaune n'était pas transmissible de l'homme malade à
l'homme sain (on disait alors qu'elle n'était pas conta-
gieuse). Il pensait que le moustique (aedes aegypti,
responsable des épidémies urbaines) inoculait un venin
entraînant la décomposition du sang.
Louis Daniel BEAUPERTHUY fit ses études à Paris. Il
s'installa peu après au Venezuela, à Cumana.
Il épousa le 10 novembre 1842 la Vénézuélienne Ignacia
SANCHEZ MAYZ dont il eut trois enfants. Il est décédé le 3
septembre 1871 à Bastica Grove, en Guyane anglaise,
directeur d'une léproserie. Il était aussi naturaliste.
J'aimerais aussi revenir sur la généalogie de Carlos
Finlay car, si son père était d'origine écossaise, sa mère
était d'origine française. Je ne sais rien de plus sur le
sujet. Carlos Finlay fit un voyage en France en 1861.
Je souhaite enfin retrouver le lieu de naissance à la
Guadeloupe de Louis Daniel BEAUPERTHUIS, fils de Pierre
Daniel, pharmacien chimiste, et de Marie DESBONNE (?), né
le 26 août 1807. Le couple aurait eu huit enfants.
Compléments de la Rédaction
Sur la famille BEAUPERTHUY, voir :
- GHC page 143 : "Ecrits sur BEAUPERTHUY" de Rosario
Beauperthuy Benedetti (signalé par Pierre Baudrier)
- article d'Hervé Lemoine
"Un grand-père d'Amérique : la
succession de Pierre Daniel BEAUPERTHUY à Saint-Martin (de
1861 à nos jours)." (CGHIA 46, décembre 1993).
Sur Louis Daniel, voir :
- Bulletin 17/18 de la Société d'Histoire de la Guadeloupe
de 1972 "Louis Daniel BEAUPERTHUY, vrai disciple
d'Hippocrate, précurseur de la médecine des XXe et XXIe
siècles" par le docteur René Bonnet.
- sa notice dans le Dictionnaire généalogique Désormeaux.
Généalogie BEAUPERTHUY
Les références ci-dessus comprenant quelques lacunes,
imprécisions et inexactitudes, nous donnons ci-après des
éléments de généalogie tels qu'on peut les trouver par un
examen attentif des registres paroissiaux et d'état civil.
Nous nous limitons à l'ascendance du "grand homme" de la
famille. Précisons que c'est bien l'orthographe
BEAUPERTHUY qui apparaît dans les actes de Guadeloupe et
non BEAUPERTHUIS. (tous les actes de Ste-Rose, devenu
Tricolor après 1794, sont collationnés)
1 Pierre BEAUPERTHUY, maître en chirurgie (1780), maître
chirurgien au rapport du quartier de Ste-Rose (1783),
officier municipal et habitant de Tricolor (an 4),
administrateur municipal du canton de Tricolor élu
par délibération du 15 ventôse an 7 (5 3 1799)
officier public pour l'état civil, habitant (an 11)
o "St-Pierre de Mont Pérouse diocèse de Périgueux"
(1780); "Montpérou, Dordogne" (an 5) (= Montpeyroux),
fils de Daniel et Elisabeth LAUTHRETTE
ca 1732 (63 ans en janvier 1796; 65 ans en août 1797)
+ Ste-Rose 1 d 2 thermidor XI (20 et 21 7 1803) 71 ans;
(décès déclaré par lettre du citoyen Desbonnes)
x Ste-Rose 29 5 1780 Agnès Elisabeth ROUÿ MOULENS (et
non ROUY DU MOULENS), fille de + Pierre et Dieudonnée
MADELENEAU (et non MAGDELENON comme écrit sur l'acte
de mariage, le seul des actes concernant la famille à
transcrire ainsi ce nom, repris dans les articles
cités ci-dessus)
o Baie-Mahaut 24 10 b 7 12 1744
+ Ste-Rose 13 2 1818, environ 66 ans
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Révision 28/12/2004