G.H.C. Bulletin 84 : Juillet-Août 1996 Page 1694

COMPLÉMENT

 Le mystérieux héritage de Jacques DUBOIS
 (pp. 1550-1551)
                 Josette Veroort Fouquet

Le dossier Colonies EE 745 (2) contient deux pièces :
- Lettre datée de Paris, 19 mai 1834, adressée par J.B. de 
BERLY, hommme de loi, fondé de pouvoir,  rue  Montesquieu,
n°  2,  au  ministre  des  Colonies,  demandant  copie  du
testament de feu Marc Antoine DUBOIS, propriétaire  décédé
à la Guadeloupe le 1er avril  1810,  en  précisant  qu'une
expédition en a déjà été délivrée en 1816.
- Réponse du ministère, datée de Versailles, 2 juin  1834,
qui n'a pas trace de la  première  expédition  et  demande
justification par procuration des pouvoirs et  3  feuilles
de papier timbré à 1F 25.

Les renseignements donnés dans la demande sont :
- La première expédition  demandée  en  1816  "est  tombée
entre les mains d'Antoine François DUBOIS, l'un des frères 
du défunt, qui paraîtrait s'être emparé de  la  succession
montant à environ 624.000F, au moyen de faux actes  et  de
manoeuvres frauduleuses, tant en  France  qu'à  la  Guade-
loupe, au préjudice de ses 8 frères et soeurs ou de  leurs
représentants. Des indices assez graves le  font  d'autant
plus présumer que  la  fortune  d'Antoine  François  s'est
trouvée tout à coup considérablement accrue,  sans  aucune
autre cause apparente."
- Référence à un acte du notaire BONNET à la  Basse-Terre,
année 1810, n° 30 f° 49 V°.

Ce testament, qui concerne bien Marc Antoine DUBOIS, natif 
du Nord, n'a donc  pas  de  rapport  avec  "le  mystérieux
héritage" de Jacques DUBOIS qui ne fut réclamé qu'à partir 
de 1840.

               Compléments de la Rédaction

Bien entendu, nous avons consulté le registre  du  notaire
Bonnet, à  Basse-Terre,  et  retrouvé  le  testament  puis
l'inventaire après décès de Marc Antoine DUBOIS.  Le  tout
confirme,  corrige  et  enrichit  les  informations   déjà
glanées et présentées dans l'article de février 1996.

  Après le décès de Marc Antoine DUBOIS, le 1er avril 1810 
à Basse-Terre, quartier de St-François,  Grande  rue  1ère
section, touchant la ravine à Billau, les  scellés  furent
mis sur ses papiers et, le 3 avril, le notaire se rend  au
domicile du défunt  où  il  trouve  la  nommée  Henriette,
négresse libre patentée, demeurant chez le dit sieur,  qui
fait serment de n'avoir rien détourné et dit que le  sieur
Dubois lui a remis un papier "plié, non fermé ni cacheté", 
avec recommandation de  le  remettre  aussitôt  après  son
décès au sieur BLANDIN, lequel, prévenu, n'a pu venir pour 
cause de mal à la jambe.  Le  papier  était  le  testament
olographe, retranscrit intégralement dans l'acte notarié.

  "Je soussigné Marc Antoine Dubois, natif de  Lécluse  en
Flandre, département du Nord, fils de feu Antoine François 
Dubois et de Barbe  Lainé",  habitant  propriétaire  d'une
habitation caféière au Vieux-Fort l'Olive et  propriétaire
d'une maison à Basse-Terre quartier St-François :
- lègue 15 moèdes aux pauvres de Vieux-Fort  et  autant  à
ceux de St-François; 
- reconnais à nouveau, l'ayant précédemment fait, pour mes 
enfants  naturels,  les  nommés  Eugénie,  Pierre,  Julie,
Sophie, Louis et Adélaïde, tous six  que  j'ai  eu  de  la
nommée Henriette, négresse libre, pourvue de la patente de 
M.  le  Général  Kerverseau,  préfet  de  la   Guadeloupe,
demeurant alternativement à Vieux-Fort et à Basse-Terre;
- lègue à chacun de mes six enfants et  à  leur  mère  une
pension alimentaire de 1500 livres par an,  à  leur  payer
tous les six mois;
- "toutes les bêtes à cornes, moutons,  cabrits,  cochons,
volailles et tous autres animaux que l'on mange  qui  sont
sur l'habitation" appartiennent en propre à la mère et aux 
six enfants, de même que la plus grande partie des meubles 
de  l'habitation  et  de  la   maison,   une   partie   de
l'argenterie, du linge de table et draps de lit;  je  leur
laisse le surplus des hardes et linge à mon usage;
- je donne en présent à chacun de mes six enfants le choix 
d'un  nègre  ou   d'une   négresse   pour   leur   service
particulier,  à  choisir  sur  tous   mes   nègres,   tant
cultivateurs qu'autres; 
- je donne  et lègue aux enfants  et  petits-enfants,  par
représentation de leurs père et mère  prédécédés,  de  feu
Jeanne  Thérèse  Dubois  ma  soeur  germaine,  épouse   de
Philippe Leclair, demeurant à Lécluse ou autres lieux  des
Flandres,  tous les biens du clergé qui ont été achetés en 
France à mon nom, dont ma soeur était en possession;
- je donne et lègue en outre à Jeanne Thérèse Leclair,  ma
nièce, toutes les sommes qui peuvent m'être  dues  par  M.
Jean François, négociant au Havre, se montant  à  soixante
et quelques mille livres argent de France.
- jedonne et lègue tous les biens successifs qui  me  sont
échus de mes  père  et  mère  en  France,  tant  mobiliers
qu'immobiliers, quelque soit leur valeur, moitié à Antoine 
François Dubois,  mon  frère  germain,  fermier  au  Petit
Recourt proche de Lécluse, et l'autre moitié  aux  enfants
et petits-enfants de ma soeur épouse Leclair;
- jedonne et lègue à   MM  Duvivier,  membre  du  tribunal
d'appel à la Guadeloupe, et Blandin, propriétaire à Basse- 
Terre,
  1 mon habitation caféière  au  Vieux-Fort  et  tous  mes
     nègres (après le prélevé pour mes six enfants),
  2  ma maison à Basse-Terre,
  3  toutes les sommes  qui me sont dues en cette  colonie
     et objets mobiliers m'appartenant;
- je les nomme mes légataires universels  pour  la  Guade-
loupe  seulement;  si  l'un  d'eux  décède  ou  quitte  la
colonie, que sa part revienne à l'autre;
- à charge pour eux de payer la pension d'Henriette et des 
six enfants tous les six mois et de rembourser mes dettes. 
   
     L'inventaire des biens de Marc Antoine Dubois dura du 
18 avril au 26 mai 1810. Il est  fait  à  la  requête  des
légataires universels, Jean Michel Joseph Duvivier, ancien 
juge  à  la  cour  d'appel  de  Guadeloupe,  et  Guillaume
Blandin, propriétaire. Le registre du notaire  expédié  en
France donne le résumé de l'estimation (non compté ce  qui
appartient ou revient à Henriette et aux enfants) :

- meubles, argenterie, bijoux, denrées     7 036 l 10 s  
- immeuble de Basse-Terre                 35 000 l
- meubles du Vieux-Fort                    1 792 l
- argenterie de la maison d'habitation       123 l 1 s


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Révision 28/12/2004