G.H.C. Bulletin 87 : Novembre 1996 Page 1794

RÉPONSES

96-80 RABOTEAU (Antilles, Guyane, Louisiane)

1 Pierre Jean RABOTEAU
  o La Rochelle (paroisse Saint-Jean) 27 4 1755,  fils  de
    Pierre, négociant à La Rochelle, et Madeleine HÉRAULT
  + La Nouvelle Orléans 31 7 1815
  x Saint-Marc 19 2 1787 Éléonore Josèphe POIRIER, fille 
    de feu Jean Noël POIRIER (conseiller assesseur au   
    Cons. sup. du Cap) et dame Louise Josèphe BOTEREAU.
    o Maribaroux ca. 1771, paroisse de Fort Dauphin
  D'où 5 enfants au moins :
1.1 Pierre Joseph
    o Saint-Marc 23 11 1787; p Sr. Pierre RABOTEAU,  négo-
      ciant à La Rochelle, grand-père de l'enfant,  repré-
      senté par le sieur Antoine Augustin RABOTEAU,  oncle
      de l'enfant, négociant aux Gonaïves; m  dame  Louise
      BOTTEREAU, habitante à la Plaine de l'Artibonite, et 
      grand'mère de l'enfant)
    + Saint-Marc 9 8 1788
1.2 Louis Joseph
    o Saint-Marc ca. 1790          + Nantes 1837
    x 1832 Bonne Sophie LEBEAU.  Postérité
1.3 Joséphine
    o Saint-Domingue ca. 1791      + /1801
1.4 Jean Herman
    o Jamaïque, ca. 1797           + 1858/
    x New York 1831 Laure LEGENDRE
1.5 Joséphine (ou Justine) Alexandrine
    o Jamaïque, ca. 1798           + 1869. Sans alliance
Sauf erreur sur la personne,  Pierre  Jean  RABOTTEAU  est
sous-lieutenant de chasseurs mulâtres  dans  la  milice  à
compter du 18 décembre 1780 (Archives nat. D/2c/116); lors 
de son mariage, en 1787, il est "officier au bataillon  de
Saint-Marc", signe d'une notabilité certaine que  confirme
son alliance avec la famille POIRIER.
     Au début de  la  Révolution,  en  1789,  Pierre  Jean
RABOTEAU est membre du Comité de Saint-Marc, dont  il  est
secrétaire en avril 1790 (Archives nat., DXXV/1 et 59). Il 
ne fait pas partie de la municipalité, installée le 6 août 
1790, ni de la première Assemblée coloniale, ouverte le 15 
avril 1790. En revanche, le 5 juin 1791, l'Assemblée de la 
paroisse de Saint-Marc le choisit pour être  l'un  de  ses
trois représentants à l'Assemblée provinciale et provisoi- 
rement  administrative  de   l'ouest,   à   Port-au-Prince
(Archives nat. DXXV/114, dossier 899); de même qu'il  fait
partie de la deuxième Assemblée coloniale réunie à Léogane 
le 3 août 1791, avant de se transporter  au  Cap  (Biblio-
thèque Moreau de Saint-Méry, RC 2ème série, 29-31).
     En octobre 1791, Pierre Jean RABOTEAU fait partie  de
la seconde délégation envoyée par l'Assemblée coloniale  à
la Jamaïque et aux États-Unis pour, notamment, "solliciter 
(de ces derniers) les secours  devenus  nécessaires  à  la
réparation d'une partie des malheurs que  la  révolte  des
esclaves (août 1791)  a  multipliés  dans  la  Colonie"  :
24.000 barils de "farine fine fleur", 8.000  fusils,  etc.
(Archives nat. DXXV/60, dossiers 597 et 598;  DXXV/62;  C.
FROSTIN : L'intervention britannique à  Saint-Domingue  en
1793, Revue d'histoire de la France d'Outre-mer 1962).
     Le 13  octobre  1792, Pierre Jean RABOTEAU  est   élu
par  l'Assemblée  coloniale,  dont  la  dissolution  vient
d'être prononcée  par  les  nouveaux  commissaires  civils
(SONTHONAX, POLVEREL, AILHAUD)  pour  être  l'un  des  six
membres blancs de la  "Commission  intermédiaire"  qui  la
remplace provisoirement. Mais, très vite, les commissaires 
civils  s'opposent  aux  blancs,  même  républicains,  ces
"prétendus patriotes qui détestent cordialement la loi  du
4 avril 1792", laquelle a accordé l'égalité des droits aux 
gens de couleur (Archives nat. DXXV/12). Dès le 11 janvier 
1793, les commissaires  annoncent  l'envoi  à  l'Assemblée
nationale, "pour y rendre compte de  leur  conduite  et  y
être jugés", de trois anciens membres des Assemblées colo- 
niales, dont Pierre Jean RABOTEAU (A.N. DXXV/41).
     Celui-ci est donc embarqué sur  ordre  de  SONTHONAX,
mais son bateau ayant manifestement été détourné  par  les
Anglais, c'est de Gibraltar que, le 23 mars 1793, il écrit 
à sa femme, restée à Saint-Marc, une lettre qui dut, elle, 
être détournée par les autorités françaises, puisqu'elle a 
été conservée aux Archives nationales (DXXV/37, d.379). Un 
post scriptum en date du 6 avril ("Nous n'attendons que le 
bon vent") annonce son départ pour l'Angleterre, ce qui ne 
lui déplaît pas, "vu l'état actuel de désordre où  en  est
la France".
     Pendant ce temps, les colons de St-Domingue  réfugiés
aux États-Unis, qui le croient en France, déclarent encore 
en septembre-octobre 1793, compter, notamment, sur  Pierre
Jean RABOTEAU pour représenter leurs intérêts auprès de la 
Convention (DXXV/67, dossier 679 et DXXV/9, dossier 580).

     Débarquée à Bordeaux en  octobre-novembre  1802  avec
ses trois enfants  survivants,  Marie  Éléonore  Joséphine
POIRIER, femme RABOTEAU, se trouve  à  partir  de  1803  à
Nantes, rue Piron, où elle perçoit, à compter du 2 septem- 
bre, les secours versés par les autorités aux réfugiés  de
Saint-Domingue. Elle y est toujours en 1805. En 1803,  son
mari "est à Saint-Domingue, employé du général  FRAISSINET
à Saint-Marc". En 1805, il est "avec le général FERRAND  à
Santo Domingo (où s'est maintenue la  présence  française)
hors d'état de (lui) faire  passer  aucun  secours,  étant
lui-même dans la plus grande détresse et manquant le  plus
souvent du nécessaire" (A.D.  Loire  Atlantique,  8P  118;
A.M. Nantes, I²43).
     A l'état de l'indemnité versée aux  anciens  proprié-
taires de Saint-Domingue à partir  de  1826,  Pierre  Jean
RABOTEAU ne figure que pour une maison à Saint-Marc, angle 
Grande rue et rue Dauphine, estimée 80.000 livres en 1789, 
dont les ayants-droit sont quatre créanciers.
Sa femme, alors veuve, y figure comme héritière de sa mère 
pour un tiers des 3/4 de la sucrerie THÉARD et  POIRIER  à
Maribaroux, et pour la moitié d s  2/3  de  l'indigoterie-
cotonneraie "héritiers BOTEREAU" à l'Artibonite,  paroisse
de Saint-Marc.
     A noter que dans le Bulletin de la Société  française
d'histoire d'Outre-mer (1966 ?) est signalé un Mémoire  de
C. FROSTIN pour l'Académie des Sciences et  Belles-Lettres
d'Angers, 1964, série 8T8, intitulé "Un  jeune  créole  de
Saint-Domingue à la recherche de la fortune, Louis  Joseph
RABOTEAU, 1809-1822". Il  ne  peut  guère  s'agir  que  du
second fils de Pierre Jean RABOTEAU,  celui-là  même  que,
dans sa lettre du 29 mars 1793 à sa femme, il appelle "mon 
pauvre petit Rabot".
(Je n'ai pas eu l'occasion d'en prendre  connaissance.  Je
tâcherai de le voir à la Bibliothèque nationale,  à  moins
que je ne le découvre à Nantes.)
2 Antoine Augustin RABOTEAU
  Frère du précédent (lors du  baptême  de  Pierre  Joseph
  RABOTEAU, il est dit oncle de l'enfant); fils de  Pierre
  RABOTEAU, de  La  Rochelle,  calviniste,  négociant  aux
  Gonaïves


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Révision 28/12/2004