G.H.C. Bulletin 89 : Janvier 1997 Page 1834

Compléments et commentaires sur la famille van SUSTEREN
en Guyane et aux Antilles au XVIIème siècle

pas pouvoir se maintenir  bien  longtemps.  En  effet,  le
gouverneur de la Martinique  (19)  ayant  eu  vent  de  la
vulnérabilité des Anglais  dans  ce  poste  s'empressa  de
monter une expédition punitive contre ceux-ci.

     DUTERTRE  (20)  nous  apprend  comment  le  Sieur  de
CLODORE  "donna  pour  cet  effet  sa  commission  &   ses
instructions aux Sieurs PAVIOT, SERGEANT,  &  DES  MARETS,
lesquels choisirent cinquante bons  avanturiers  de  cette
Isle, &  les  mirent  sur  deux  barques  que  les  Sieurs
CHAPPELLE, LE ROY,  &   ROSSELAN,  ausquels  elles  appar-
tenoient, avoient offert pour cette entreprise."  
     Le  20  juin  1666,  les   Français   quittèrent   la
Martinique pour arriver peu de temps après dans la rivière 
de "Beauroum". Ils se rendirent directement au fort  "Nova
Zelandia" que le Père DUTERTRE nous  décrit  à  l'occasion
comme  étant  simplement  "une  forte  maison  de  pierre,
flanquée par deux grosses tours avec sept bonnes pièces de 
canon, &  defendue  par  soixante-dix  soldats  anglois  &
quarante Mores." Après huit jours de siège et  de  famine,
les Anglais se rendirent à merci.
     Le sort qui leur fut alors réservé diffère selon  les
sources. Tandis que DUTERTRE prétend que  "le  Gouverneur,
son Lieutenant & quelques autres,  furent  prisonniers  de
guerre & les autres qui voulurent abandonner cette  terre,
furent portés dans une piraugue de sauvages  à  l'Isle  de
Tabac", les documents anglais (21) tendent à insinuer  que
les Français firent preuve en l'occasion de la plus grande 
inhumanité. Pourchassés  dans  les  bois,  les  malheureux
vaincus  seraient  tombés  entre  les  mains  des  indiens
arawaks qui les auraient massacrés jusqu'au dernier.
     Le butin gagné sur les Anglais  et  qui,  en  vérité,
appartenait aux Zélandais, était de "80 pieces de  negres,
& huit  équipages  de  chaudieres  à  sucre,  &  plusieurs
équipages de moulins, & d'autres nipes  &  meubles  qu'ils
apportèrent à la Martinique, avec le pavillon Anglois..".

     Pendant ce temps en Europe,  les  Etats  de  Zélande,
ignorant ces événements, mais bien décidés à  chasser  les
Anglais de toutes les places dont ils s'étaient   sur  eux
emparés dépêchèrent une formidable flotte de  guerre  pour
la Guyane.
     L'escadre zélandaise, commandée par Abraham CRIJSSEN, 
avait embarqué à Vlissingen 750 marins et 225 soldats, sur 
trois frégates et quatre petits vaisseaux. Elle mit  à  la
voile le 30 décembre 1666. Le 26 février suivant, CRIJSSEN 
était  devant  Paramaribo,  la  capitale  du  Suriname  et
bombardait généreusement les  positions  anglaises.  Le  6
mars 1667,  le  gouverneur  de  la  place,  William  BYAM,
capitulait.

     CRIJSSEN  nomma  un  commandant  pour   chacune   des
colonies de Suriname, Berbice et Essequibo, dont  il  prit
possession au nom des Etats de Zélande.
     Cela ne fut pas sans protestation de la  part  de  la
Chambre de  Zélande  de  la  West-Indische  Compagnie  qui
s'estima spoliée des territoires dont elle avait jusque là 
assuré seule le soutien.
     Aussi cessa-t-elle pendant plusieurs années d'envoyer 
des navires en Guyane, et l'établissement  de  Borome  qui
avait été ravagé à plusieurs reprises fut  abandonné  pour
longtemps.

4. Les van SUSTEREN de 's-Hertogenbosch.

Une famille van SUSTEREN est connue pour avoir résidé dans 
la ville de 's-Hertogenbosch (Bois-le-Duc en français) en 
Brabant néerlandais au XVIIème siècle (22). 
     Francisco v n  SUSTEREN  était  le  fils  d'Hendrick-
Fransz van SUSTEREN, brasseur de bières,  et   d'Elisabeth
van ZUTPHEN.
     Né dans cette ville à une  date  inconnue,  Francisco
avait au moins deux frères :  Gisberto  et  Abraham.  Vers
1654-1656, il demeurait à  Amsterdam  d'où,  marchand,  il
expédiait des toiles  façon  de  Flandre  à  Gisberto  qui
résidait à Malaga en Espagne. Quelque temps plus tard,  il
alla se fixer à Cadix où sa présence est  attestée  depuis
au moins 1660. Là, il  fut  en  relation  d'affaires  avec
Abraham qui se trouvait à Bruges, et  Gisberto  qui  était
retourné depuis à Amsterdam.
     En 1670, il écrivait de Cadix aux  directeurs  de  la
West-Indische Compagnie à  Amsterdam  (23),  proposant  de
leur fournir tous les nègres dont ils  souhaitaient  faire
la traite aux  Antilles.  A-t-il  réussi  rapidement  dans
cette activité ? Qui sait? En 1674, Francisco van SUSTEREN 
était anobli par le roi d'Espagne!
     Nous savons par ailleurs que  trois  ans  plus  tard,
Gisberto donnait procuration à Francisco pour exiger  d'un
marchand de Rotterdam, le paiement de 10 boucauts de tabac 
de Vérine (24)  ("thien  canasters  verinis  toubacq")  en
provenance du Venezuela qu'il lui avait  livrés  sept  ans
plus tôt.

     A sa mort,  survenue  à  Cadix  le  9  octobre  1695,
Francisco van SUSTEREN laissait  le  souvenir  d'un  grand
marchand,  réputé   tant   dans   le   commerce   maritime
international que dans le petit trafic de cabotage local.
     Il avait épousé à Cadix en  1675,  Catharina  Josepha
(alias Cato)  WEGEWAERT,  qui  était  née  à  La  Haye  en
Hollande le 1er mars 1653. Cette dernière mourut  à  Cadix
le 15 septembre 1709, après avoir rédigé un testament  qui
ordonnait que 2000  messes  fussent  célébrées  après  son
décès. Elle fut inhumée dans la chapelle de St-François en 
présence des  principaux  dignitaires  catholiques  de  la
ville.

De Francisco van SUSTEREN et Cato WEGEWAERT sont issus  au 
moins trois enfants :
1. Francisco-Pablo van SUSTEREN  né  le  21  janvier  1684
épousa  à  Cadix  en  octobre  1713,  la  fille  du  Senor
VISCONDE, consul d'Angleterre. Il mourut  à  Cadix  le  29
janvier 1716 et fut père de Maria  Juliana  van  SUSTEREN,
née en 1714.
2. Pedro van SUSTEREN, né le 6 décembre  1690,  est  connu
pour avoir effectué plusieurs  voyages  aux  Antilles,  le
premier en 1712.
3. Theresa Josepha van SUSTEREN, née  en  1692,  épousa  à
Cadix en 1709, Carlos PANHUIJS, consul de Suède.

II. Commentaires.

1. West-Souburg.
La présence de Jean et Henri van SUSTEREN à  West-Souburg,
respectivement en 1679 et 1682, ne prouve pas  ipso  facto
qu'ils étaient originaires de Zeeland. 


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Révision 20/01/2004