G.H.C. Bulletin 93 : Mai 1997 Page 1960

Une fille naturelle de MOREAU de SAINT-MÉRY ?
Michel Camus

     L'auteur de la monumentale "Description de la  partie 
française  de  Saint-Domingue",  MOREAU de  SAINT-MÉRY,  a 
probablement  eu une fille  naturelle,  à  Saint-Domingue, 
d'une mulâtresse nommée Marie-Louise LAPLAINE.

     C'est  ce  qui ressort d'un acte passé par MOREAU  de 
SAINT-MÉRY devant le notaire Grimperel,  au  Cap-Français, 
le  8 avril 1781 (1).  MOREAU,  qui va se marier  prochai- 
nement  avec Mlle MILHET,  manifeste ce jour-là sa  recon- 
naissance  à  celle qui a été sa "ménagère"  depuis  1776. 
Pour récompenser Marie-Louise,  dite La Plaine, mulâtresse 
libre,  "de  ses soins pour le ménage du donateur  pendant 
l'espace  de cinq ans qu'elle a résidé chez  lui",  MOREAU 
lui  fait,  ainsi  qu'à sa fille,  la quarteronne  Jeanne-
Louise, dite Aménaïde, les dons suivants :
- une négresse, Félicité, 25 ans;
- une négrite, Rosine, 12 ans, sénégalaise;
- et  une somme de 2.000 livres qui doit être  employée  à 
  l'achat d'une autre négresse.

     La  propriété  des trois esclaves est attribuée à  la 
fille,  Jeanne-Louise,  mais c'est la mère,  Marie-Louise, 
qui  en aura l'usufruit,  c'est-à-dire qu'elle pourra  les 
utiliser sans cependant pouvoir les vendre.
     Cette  libéralité  de MOREAU de SAINT-MÉRY en  faveur 
d'une  quarteronne,  c'est-à-dire,  dans  la  terminologie 
précise de l'époque, fille d'un blanc et d'une mulâtresse, 
laisse penser que Jeanne-Louise était son enfant.
     L'acte  de baptême de Jeanne-Louise,  dite  Aménaïde, 
née  le 21 mai 1778,  renforce cette impression  :  "fille 
naturelle ...  de père inconnu",  elle a pour parrain l'un 
des hommes de loi les plus en vue du Cap-Français et, pour 
marraine,  la femme d'un ancien procureur du Roi.  Ce sont 
André  Guillaume DESHAYES de SAINTE-MARIE,  Conseiller  du 
Roi et lieutenant au siège royal du Cap,  et Marie  Jeanne 
TREVAST  (?),  épouse  de Louis Nicolas  DUMESNIL,  ancien 
procureur  du  Roi  audit  siège  royal  et  à  celui   de 
l'amirauté du Cap. La mère de l'enfant, "mulâtresse libre, 
signifie de son acte de liberté en date du 20 juin 1766, à 
elle accordé par d'ESTAING et MAGON,  Général et Intendant 
de  cette colonie" (2).  On sait que MOREAU de  SAINT-MÉRY 
était alors avocat au Cap.

Notes
(1) C.A.O.M., Aix-en-Provence, Notariat de Saint-Domingue, 
Grimperel, 8 avril et 13 juin 1781.
(2) A.N.  État civil du Cap-Français, 12 10 1778, et Index 
de la Description de MOREAU de SAINT-MÉRY, 1958, tome III.

AVIS DE RECHERCHE
Daniel Marie-Sainte


     Dans le cadre de mes travaux sur Goyave, je cherche à 
savoir  si quelqu'un aurait conservé un portrait  d'Amédée 
ROUSSEAU,  commandant  de quartier,  conseiller  colonial, 
décédé en 1839,  et d'Hippolyte ROUSSEAU, maire de Goyave, 
décédé  en  1865,  et qui,  tous les deux,  à des  époques 
différentes,  ont  séjourné chez des parents (BUDAN et  de 
BOUTEILLER), à Nantes.

Des CANARD passés de Martinique à St-Domingue Pierre Bardin


     Au cours d'une recherche,  j'ai trouvé à Léogane,  le 
12 février 1720, le mariage de Bernard LAFORCADE, résidant 
en cette ville,  fils de Mr Pierre de LA FORCADE,  commis- 
saire  ordonnateur  pour  le roi de la ville  d'Oloron  en 
Béard (sic),  et de dame Jeanne de ROUX,  avec Marie  Anne 
CANARD,  fille  de  Sébastien Canard et de Marthe  DUCLAUX 
(sic),  native  de la paroisse Notre-Dame de Bon  Port  du 
Fort St-Pierre de la Martinique.
     Devenue  veuve,  Marie  Anne se remarie,  le 28  juin 
1728,  avec Louis BOILLIEN DARBONNE, habitant du quartier, 
natif de la ville d'Orléans (paroisse St-Pierre),  fils de 
Mr  François  BOILLIEN de LA RONÇAY,  conseiller  du  roi, 
lieutenant criminel de l'élection de la dite ville,  et de 
défunte Marie Madeleine de SAINT-MÉMIN. 
     Le 6 juin 1724, toujours à Léogane, mariage de Joseph 
NOGUES,   maître  chirurgien  de  cette  ville,  natif  de 
Moncrabeau,  diocèse  de Condom (47),  fils légitime du sr 
Jean François Nogues et de Madeleine Jeanne  THORON,  avec 
Madame  Marthe CANARD,  veuve du sr Pierre LOUBAT,  vivant 
marchand en cette ville,  native de la  Martinique,  fille 
légitime  de  feu Sébastien Canard et dame  Marthe  DUFLOS 
(sic).  On  trouve d'autres CANARD à Léogane,  mais qui ne 
sont pas de la Martinique.

     Ayant  trouvé ces deux demoiselles de la  Martinique, 
je me suis mis en chasse d'autres CANARD à St-Domingue :
     A Cayes du Fond,  le 3 juin 1726,  mariage de  Julien 
CANARD,  natif  de la Martinique,  paroisse Notre Dame  du 
Fort  St-Pierre,  fils légitime de Sébastien Canard et  de 
Marthe DUFLEAU (sic),  avec Catherine Marthe LANGLOIS, née 
à la Guadeloupe,  Notre-Dame du Mont-Carmel, fille de Jean 
et  Claude  Catherine  CELLERON  (signatures  :  Catherine 
Marthe Langlois,  Le Maire Veay,  C.  Veay,  J B Langlois, 
Celleron Langlois).  Ils eurent au moins une fille,  Marie 
Catherine,  baptisée le 19 avril 1727 (née le 3);  parrain 
Jean Baptiste Langlois; marraine Marie Lemaire veuve Veay.   
     A  Torbeck,  le 28 avril 1758,  inhumation de  Marthe 
LANGLOIS  épouse  CANARD,  âgée d'environ 62  ans;  le  14 
septembre 1767,  inhumation de Julien CANARD,  natif de la 
Martinique Notre-Dame de Bon Port, âgé d'environ 72 ans.
     Le 20 janvier 1765,  Julien CANARD avait reconnu  une 
petite  fille  prénommée Adélaïde,  née le 26  janvier  de 
Nicole,  griffe  libre,  et baptisée le 16 avril 1765.  En 
1786,  Adélaïde dite CANARD donnera naissance à une petite 
fille, Françoise, qui décédera en bas âge.

NDLR :  Dans  "Personnes et familles à la  Martinique  au 
XVIIe siècle",  figure en effet Sébastien CANARD,  recensé 
au  Fort St-Pierre le 20 mars 1680,  dans la maison de  Mr 
MARTIN,  munitionnaire, et dont on ne savait rien de plus. 
Egalement  une Marie CANARD,  épouse de Pierre  DUPRÉ  dit 
LANGLOIS,  dont elle eut au moins Marie, baptisée à Basse-
Pointe  le 16 décembre 1674 (parrain,  Guillaume  Gautier; 
marraine,  Suzanne  Legrand).  On  trouve  aussi  un  Jean 
DUFLOS,  qui habitait au Fort-St-Pierre en  1677,  et,  en 
Guadeloupe, la famille LANGLOIS.

En tous cas,  le CANARD recensé à la Martinique et disparu 
avait donc fait son nid puis s'était envolé, avec tous ses 
petits, pour St-Domingue !


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Révision 20/01/2005