G.H.C. Bulletin 94 : Juin 1997 Page 1989

Nos morts au champ d'honneur(1914-1918)
Problèmes d'archives et de témoignages

20  septembre  1914,  jour de la mort  de  mon  grand-père 
maternel,  le  soldat Paul Léon Clérin,  du  82ème R.I.  : 
"Pertes sanglantes pour un résultat nul".

     Ainsi,  je  sais que mon grand-père est mort pour  la 
France,  et  pour rien !  Voilà qui vous immunise à jamais 
contre les platitudes idéalistes des discours bellicistes, 
ceux d'hier,  comme ceux d'aujourd'hui, ou de demain. Sans 
doute,  Roland  Dorgelès  a-t-il  eu  raison  d'écrire  en 
énonçant le réel cette fois :"Ceux dont la multitude forme 
les vagues d'assaut n'ont pas de récompense,  ils  courent 
se jeter dans un effroyable néant de gloire" (Les croix de 
bois, p. 376).

     Pour  que ce "néant de gloire",  ne se transforme pas 
en "néant" tout court, il faut que l'Administration change 
d'attitude.  Qu'elle nous permette de conserver la  flamme 
du souvenir, dans nos foyers, plutôt que sur (ou sous) les 
monuments officiels,  en arrachant à l'oubli la mémoire de 
nos soldats "morts pour la France".  Enfin,  qu'elle cesse 
de  se  prendre pour une Vestale qui  verrouille  soigneu- 
sement  l'entrée  du temple des Archives afin  d'interdire 
aux familles d'y pénétrer !

Note 
     Aux questions posées dans cet article s'en ajoute une 
dernière,  à savoir pourquoi les différents services admi- 
nistratifs  que j'ai beaucoup sollicités ne m'ont-ils  pas 
indiqué  l'existence  d'un  fichier  des  "Morts  pour  la 
France" de la guerre de 1914-1918 aux Archives nationales? 
Pouvaient-ils  en  ignorer  eux-mêmes  l'existence ?
C'est  Bernadette Rossignol qui a pallié cette  négligence 
en  me  transmettant ce renseignement issu du  numéro  107 
(décembre 1996) de la Revue française de généalogie.
     D'après  les indications que j'ai pu  obtenir  auprès 
des  Archives  nationales,  ce  fichier microfilmé  y  est 
effectivement conservé.  Il comporte 1.295.249 noms,  sous 
la  cote  323Mi,  pour les officiers,  et 324Mi  pour  les 
soldats,  caporaux et sous-officiers.  Il est  consultable 
sur  place  mais,   malheureusement,   les  renseignements 
contenus sont très succincts. Ce sont : le nom, le prénom, 
les lieux de naissance et de décès ainsi que l'unité et le 
grade du défunt. Je conseille aux personnes intéressées de 
tenter  de  se  procurer préalablement un acte  de   décès 
auprès  de  la  mairie  du  dernier  domicile  connu.   La 
transcription  de  cet acte permettait  aux  ayants  droit 
d'obtenir  des pensions.  On y trouve plus de détails  que 
sur  les actes de décès des civils,  tels que les noms des 
quatre  témoins  (pour  les morts au combat)  et  même  la 
mention "mort par éclat d'obus". 

TROUVAILLE

de Michel Camus LAVAUD

LAVAUD Pierre,  ancien capitaine de navire,  négociant  au 
Cap-Français,  natif  de Bordeaux (Saint-Michel),  41 ans, 
sépulture le 15 7 1777. État civil du Cap.

Nouvelles des Archives

Madame COINDEAU

Vendredi 17 mai à 16h30,  une page de l'histoire ordinaire 
des Archives nationales a été tournée :  Mme Coindeau, qui 
présidait  au bon fonctionnement du service  "Microfilms", 
avait "fait valoir ses droits à la retraite".
     Dotée  d'un rude bon sens,  elle était d'une  servia- 
bilité  et  d'une  gentillesse auxquelles  on  ne  faisait 
jamais appel en vain.  Le caractère était entier, laissant 
peu de chance au lecteur énervé,  arrogant,  maladroit  ou 
ignorant, encore que ces deux derniers bénéficiaient d'une 
certaine indulgence.  Sa voix,  que certains comparaient à 
celle des divas du répertoire, venait rappeler à l'énervé, 
l'arrogant,  le  maladroit ou l'ignorant que  l'ordinateur 
des  commandes de documents n'était pas une machine infer- 
nale sur le point d'exploser, ou encore que les films, les 
appareils de lecture ou de reproduction devaient se  mani- 
puler  avec  précaution.  Qui n'a pas souri  en  entendant 
"Mais  qu'est-ce  que  vous  m'avez  encore  fait  là  ?", 
laissant penaud l'un des quatre fautifs évoqués plus haut.      
     Il  n'y  avait dans ces éclats nulle  méchanceté,  ni 
acrimonie,  mais  comme  un  réflexe de  défense  pour  la 
qualité  d'un service de plus en plus important en  raison 
du  transfert  sur d'autres supports  des  originaux  trop 
malmenés.  Elle  bataillait  ferme  pour  que  ce  service 
devienne,  avec le matériel adapté,  une composante essen- 
tielle  des  archives  du  futur et  non  plus  comme  une 
excroissance  mineure  reléguée dans les combles  (ah!  la 
dernière  volée  de  marches  en  bois  de  l'escalier  de 
Clisson!) et que ses collègues regardaient avec la  commi- 
sération de ceux qui avaient la charge,  à leurs yeux plus 
noble, de manipuler "les vieux papiers". C'était du temps, 
pas  si  lointain,  où les Archives  nationales  portaient 
fièrement  leur  nom et n'étaient pas  devenues,  dans  le 
langage technico-énarchique, le CARAN.
     Pour  nous,  au fil des années,  une  amitié  s'était 
établie,  avec  parfois  des ciels orageux mais aussi  des 
éclaircies  rieuses se communiquant à toute la  salle.  Il 
est  vrai  qu'elle  avait compris  la  difficulté  de  nos 
recherches,  à  travers des fonds dispersés,  pour recons- 
tituer une histoire éclatée.  Il est également vrai que la 
vie de tous les jours l'avait sévèrement  malmenée.  Qu'il 
nous  soit  permis,  Mme Coindeau,  de vous souhaiter  une 
retraite paisible,  entourée de vos petits-enfants,  à qui 
vous montrerez que vous êtes également experte dans  l'art 
des  confitures;  Nostradamus a laissé des archives sur le 
sujet.
Et,  puisqu'il  en va ainsi dans le cycle de la vie,  nous 
disons bienvenue à celle ou celui qui vous succédera.  

PUBLICATION

  Nous avions signalé (p. 1959) un guide du PRO de Kew :
Tracing your West Indian Ancestors par Guy Grannum
Notre correspondante nous a fourni les renseignements pour 
le commander :
Public Record Office (Kew,  London)
Téléphone : 0181 8763444 extension  2213
Le prix est de 8.95 livres plus 20% pour le port.
La  commande  peut être faite par téléphone avec carte  de 
crédit.


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Révision 22/01/2005