G.H.C. Bulletin 97 : Octobre 1997 Page 2085

COMPTE RENDU DE LECTURE
Pierre Bardin

           Le désastre de 1902 à la Martinique
                       Léo Ursulet
              L'Harmattan, 470 pages, 250FF

Au moment où l'actualité nous tient informés de l'éruption 
du  volcan de la Soufrière sur l'île de Montserrat,  de la 
disparition  sous  une pluie de cendres  de  la  capitale, 
Plymouth  et du peu d'empressement des habitants à quitter 
leur  île,  le  livre de Léo Ursulet vient  à  point  nous 
rappeler  que,  dans des conditions à peu près similaires, 
le jeudi 8 mai 1902, la Montagne Pelée, après une activité 
sismique  commencée  en 1901,  faisait disparaître  de  la 
carte  la  capitale économique de  la  Martinique,  "ville 
active  et  industrieuse  (...);   un  peuple  indépendant 
d'esprit  (...);  un sens de la  convivialité  (...);  une 
élite qui forçait l'admiration de ses visiteurs".

Léo Ursulet,  universitaire,  enseignant,  montre que  les 
autorités  scientifiques  de l'époque  étaient  partagées, 
comme aujourd'hui,  sur la conduite à tenir. Elles avaient 
pour excuse leur ignorance des différents types de volcans 
et  de  leurs réactions.  Ceci arrangeait les affaires  du 
monde  politique,  la Martinique étant en période  électo- 
rale.  Pour montrer que tout allait bien, malgré une acti- 
vité volcanique de plus en plus importante,  le gouverneur 
nomma une commission,  présidée par un lieutenant  colonel 
d'artillerie, chargée d'étudier le comportement du volcan. 
Pour prouver qu'il n'y avait rien à craindre,  M. MOUTTET, 
le   gouverneur,   sa  famille,   la  commission   vinrent 
s'installer  à  Saint-Pierre la veille de la  catastrophe. 
Ils devaient y périr avec 30.000 autres Pierrotins.

Léo Ursulet montre clairement les conséquences dramatiques 
de la "nuée ardente" sur l'économie de l'île,  l'évolution 
sociale, avec une émigration importante vers la Guyane  ou 
la Guadeloupe, réinstallation des sinistrés, etc. 

Il décrit le comportement de la population, passé le temps 
des  premiers affolements.  Les Pierrotins ont réagi comme 
réagissent aujourd'hui les habitants de Montserrat. L'idée 
de  quitter les lieux sur lesquels on a vécu,  la peur  de 
perdre  sa  maison,  son cadre de  vie,  l'incertitude  de 
l'avenir,   l'âge   peut-être,   l'espoir  que   tout   va 
s'arranger,  surtout  si les autorités  sont  rassurantes, 
font que l'on décide de rester. 

Cet   ouvrage  bien  écrit  s'appuie  sur  des   documents 
officiels,  tirés  de  la Section Outre-Mer  des  Archives 
nationales,  des  archives  départementales,  journaux  et 
ouvrages  de référence.  Il se lit avec facilité et  n'est 
pas  seulement  le  rappel d'un fait terrible  et  de  ses 
conséquences mais aussi,  et surtout me semble-t-il,  nous 
incite à réfléchir : quelles mesures sont à prendre au cas 
où...?  toutes  les normes "parasismiques" sont-elles uti- 
lisées  dans les constructions de l'aménagement du  terri- 
toire ?

St-Pierre  a  été  promue  "ville  d'art  et  d'histoire", 
certes,  mais les fouilles n'avancent guère. Comme Georges 
Duby,  cité par l'auteur,  a raison :  "L'histoire est une 
mémoire et la mémoire est utile pour bien se conduire" ! 

PUBLICATIONS

              Faux et vrais ancêtres tome 2
                      Jacques Suchet
 auto édition, 100 pages format A5; 100F TTC, port inclus 
    chez l'auteur, 43 rue François Gérard, 75016 Paris

L'ouvrage évoque la vie de personnes ayant les  patronymes 
de SUCHET,  SUQUET,  BESUCHET,  BEZUQUET.  Un chapitre est 
consacré  aux SUQUET négociants à la Martinique de 1786  à 
1831.  L'un  d'eux fut ensuite chirurgien à la  Guadeloupe 
jusqu'en 1850.

NDLR  Voir question 96-76 avec réponse en NDLR et réponses 
pp. 1726 et 1798.

NOUS AVONS REÇU

de Colette Audebert : Le mariage

     Extrait de "Les jours immobiles" de Joseph Zobel

Récit  détaillé  et savoureux des coutumes antillaises  du 
début du siècle,  aujourd'hui disparues mais que  beaucoup 
se rappellent encore avoir vécues ou entendu raconter.


    Le Marquis de Bouillé, un soldat entre deux mondes
                       Paul Pialoux
        Editions Almanach de Brioude, juillet 1997
            rue de La Ganivelle, 43100 Brioude
     396 pages, tirage limité à 500 exemplaires, 260F 

     Cette riche biographie, que nous avions annoncée dans 
notre  numéro  93  de mai,  est basée  sur  des  documents 
inédits  conservés dans la famille BOUILLÉ et,  en  parti- 
culier,  les mémoires complets du Marquis,  qu'il donna  à 
son fils peu de temps avant de mourir (quatre gros volumes 
manuscrits).  Les nombreuses autres sources sont indiquées 
en  tête de chaque chapitre et un index des noms de  lieux 
et de personnes vient clore l'ouvrage.
     Nous  restons  sur notre faim en ce qui  concerne  la 
partie proprement généalogique et regrettons que  l'auteur 
n'ait  pas  pris  contact  avec  nous  sur  ce  point.  En 
revanche,  la part des Antilles est importante : chapitres 
IV (commandant militaire à la Martinique),  VI (gouverneur 
de la Guadeloupe, "la période la plus heureuse de sa vie") 
VIII  (gouverneur général des Iles du Vent).  Les notes de 
bas de page (bien pratiques) sont nombreuses et  précises, 
et  retracent souvent la biographie des personnages cités. 
Les illustrations,  outre des fac-similés de lettres, sont 
des  cartes  du  XVIIIe  siècle,  tirées  de  l'Atlas  des 
Voyages, de Martinique, Guadeloupe, Ste-Lucie, la Grenade, 
St-Eustache, St-Christophe (cette dernière, en couleurs).

     Enfin,  c'est  toute une société et sa mentalité  qui 
transparaissent,  avec des appréciations sur les hommes et 
les lieux,  et pas seulement les faits historiques (guerre 
d'indépendance  américaine,  cour de Louis XV et de  Louis 
XVI, Varennes, émigration).

     De  la belle ouvrage,  bien publiée en outre,  ce qui 
ajoute l'agrément à l'intérêt. 


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Révision 27/01/2005