G.H.C. Bulletin 99 : Décembre 1997 Page 2115

SAINTEN
Pierre Bardin

     Le  nom de SAINTEN apparaît pour la première fois sur 
les registres de la commune de Ste-Anne, en Guadeloupe, le 
22  mars 1849.  La date a son importance.  Ce jour là  "le 
citoyen Phanor", âgé de 40 ans, cultivateur, demeurant sur 
l'habitation "La Henriette",  vient déclarer la  naissance 
de  Martine,  dont il se déclare le père,  née de la cito- 
yenne Augustine,  30 ans,  "immatriculée sous le n° 5602", 
domiciliée  elle aussi sur l'habitation La  Henriette.  Le 
maire  ajoute  à  propos  du  père  naturel  "auquel  nous 
imposons, de son consentement, le nom de Sainten."
     Rappelons  que le décret d'abolition  de  l'esclavage 
date d'avril 1848.  A la naissance de Martine, les parents 
n'étaient pas encore, officiellement, libérés de la servi- 
tude.  La  preuve en est que la seule référence d'identité 
de  la mère est son numéro d'inscription sur  le  registre 
d'immatriculation des esclaves. Ce nom de SAINTEN, comment 
a-t-il été choisi,  je l'ignore. Apparemment, il n'y a pas 
de  lien  avec  le  nom de la commune  car  on  trouve  de 
nombreuses  déclinaisons à partir  de  "Saint".  Quant  au 
"consentement" du père à qui on "impose" son patronyme, on 
peut   imaginer  qu'il  lui  était  difficile  de  ne  pas 
"consentir".  A partir de quels critères le maire,  M.  LE 
TERRIER d'ÉQUAINVILLE, a-t-il créé les patronymes pour les 
"nouveaux  citoyens" ?  A ma connaissance,  on  n'en  sait 
rien.
     Quoi qu'il en soit, Phanor devient un nouveau citoyen 
un mois après la naissance de sa fille,  le 22 avril 1849. 
Dans  l'acte d'affranchissement (n° 2708),  il est dit "né 
en cette commune", ce qui semble être une erreur, tous les 
autres  actes  le concernant indiquant  "né  en  Afrique". 
Toujours  est-il  que  Phanor  devient le  prénom  et  que 
désormais la commune de Ste-Anne inscrit sur ses registres 
"le sieur Sainten".  Il en est de même pour la  maman,  la 
citoyenne  Augustine.  Née en Afrique,  elle est  inscrite 
avec   le  numéro  2747  sur  le  registre  des  "Nouveaux 
citoyens" sous le nom de LANUY. 
     Phanor  SAINTEN et Augustine LANUY se marient  le  31 
mai  1851.  Ils  reconnaissent ce même jour et  légitiment 
Martine, âgée maintenant de deux ans.
     Il est clairement indiqué qu'ils sont nés en Afrique, 
de  père et mère inconnus.  Leur demeure est  sur  l'habi- 
tation  Vénancourt,  ce qui semble être l'autre nom de  La 
Henriette.  Je  ne  sais pas ce que devient la maman  mais 
Phanor  Sainten décède le 9 janvier 1863,  âgé de 57  ans, 
hameau  Henriette section  Poirier de Gissac.  Il  a  donc 
vécu et travaillé esclave, puis citoyen, au même endroit.
     De  ce couple (pour autant qu'on puisse lire  correc- 
tement les actes dont l'encre s'est effacée,  le transfert 
sur  film plus ou moins bien effectué n'arrangeant  rien), 
naîtront :
1 Martine o 22 mars 1849
2 Fanny o 3 mai 1852 + 3 juillet 1889
3 Louise Juliette o 15 juillet 1855
4 Saint Louis o 27 février 1858
  x 31 juillet 1888 Mathilde SENNEVILLE
  d'où au moins :
  4.1 Léon SAINTEN o 14 avril 1890
  4.2 Aurélie SAINTEN o 13 janvier 1892
  4.3 Thérèse Marthe SAINTEN o 7 mars 1893
     Aux Archives nationales,  nous possédons l'état civil 
jusqu'en 1870 et les tables décennales jusqu'en 1894. Pour 
obtenir plus de précisions après cette date,  il faut donc 
s'adresser  à Aix en Provence et,  pour moins de cent ans, 
rue  Oudinot.  Peut-être pourrait-on savoir d'Aix  si  une 
mention  marginale est inscrite sur l'acte de naissance de 
Léon Sainten le 14 avril 1890.
     Enfin,  le 30 juin 1886,  décède Antillia SAINTEN que 
je  n'ai  pu identifier mais peut-être est-elle  fille  du 
couple  SAINTEN x LANUY :  Antillia serait le  surnom,  en 
famille, de Martine ou de Louise Juliette. 

1848 L'esclavage aboli

              une exposition de 19 tableaux
          libertés conquises, libertés octroyées 
                 aux colonies françaises
               Francis Arzalier, historien
          A.R.T. (Association Reflets du Temps)
     23 avenue du général Leclerc, 93120 La Courneuve
         15.000 F TTC; location 3.000F la semaine

Nous avons reçu cette annonce dont nous vous faisons part; 
le sous-titre en est "les rapports franco-africains, de la 
traite esclavagiste aux rapports nord-sud actuels".
Autrement dit, il ne s'agit pas de l'abolition de l'escla- 
vage,  dont  nous  célébrerons le 150ème  anniversaire  en 
1998.  Il  est  à craindre en effet qu'en cette  année  de 
commémoration  importante pour les Antilles et la  Guyane, 
on ne voit se multiplier conférences, articles, colloques, 
expositions qui répéteront ce qui a déjà été dit et  redit 
maintes  fois  sur l'esclavage et sur Schoelcher  au  lieu 
d'étudier  la  façon dont s'est concrètement passée  cette 
énorme  entreprise  de donner un état civil et  un  statut 
d'homme à part entière à des milliers de personnes.


            La Montagne Pelée et ses éruptions
                      Alfred Lacroix
  réédition en fac-similé de l'édition originale de 1904
    850F, Editions Ephedis, BP 402, 98011 Monaco cedex

Nous  avons  envoyé  le bulletin de souscription  dans  le 
numéro  d'octobre et quelques-uns parmi vous ont  souscrit 
déjà.  D'autres  ont réagi à cette annonce,  comme Monique 
Pouliquen :  "Je suis surprise d'apprendre qu'on  réédite, 
luxueusement, le livre du professeur LACROIX : d'après les 
dossiers  du  fonds  Martinique d'Aix  (en  grande  partie 
classés par moi),  il me semble bien me souvenir que c'est 
sur   son  avis  éclairé  qu'on  autorisa  les  malheureux 
Pierrotins à se réinstaller à St-Pierre...  où ils  furent 
victimes  de la deuxième éruption,  vers le 27 ou 28  août 
1902,  je crois. Je ne sais ce qu'en dit Léo Ursulet qui a 
travaillé sur ces dossiers (cf.  GHC p.  2085); sans doute 
est-ce  à cette erreur d'Alfred Lacroix que s'applique  la 
phrase  de  Pierre Bardin sur les difficultés  rencontrées 
par les scientifiques sur la conduite à tenir." 
     Nous  profitons  de cette intéressante remarque  pour 
rappeler que nous annonçons volontiers toute  publication, 
manifestation,  souscription concernant les Antilles ou la 
Guyane  dont nous avons connaissance ou dont on veut  bien 
nous  faire part.  Mais il ne s'agit pas d'une  quelconque 
recommandation  de  notre  part et nous restons libres  de 
donner notre opinion (ou d'ouvrir les colonnes du bulletin 
à ceux qui souhaitent la donner) après publication. 


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