G.H.C. Bulletin 84 : Juillet-Août 1996 Page 1684

Descendance aux États-Unis des DU BOURG de SAINTE-COLOMBE
Georges de Sainte-Marie

1. Une famille de planteurs à Saint-Domingue.

     Dans l'étude que j'avais écrite sur les "DU BOURG  de
LA LOUBERE", planteurs à  Saint-Domingue  avant  la  Révo-
lution - que G.H.C. avait eu l'amabilité de  publier  (no.
76, novembre 1995, pp. 1454-62) - j'avais indiqué qu'après 
l'effondrement de cette fortune coloniale en  1793,  à  la
suite de la révolte des noirs et la  dispersion  de  cette
famille, l'histoire de l'installation d'une partie d'entre 
elle aux États-Unis restait  à  écrire.  Depuis  lors,  de
nouveaux  renseignements  me  sont  parvenus,  grâce   aux
recherches approfondies menées en Louisiane par  un  jeune
étudiant français, Didier LECARÉ.

  Je rappelle tout d'abord que Pierre DU BOURG, chevalier, 
sieur de ROCHEMONT (du  nom  de  sa  plantation  à  Saint-
Domingue), né à Bordeaux en 1715, s'était  établi  au  Cap
Français entre 1763 et  1766,  après  plusieurs  aller-et-
retour, comme capitaine de navire, entre  Bordeaux  et  le
Cap. Il s'était marié deux fois :

ax Bordeaux  2/02/1750 avec Jeanne RATEAU, d'où :
- Louis, Joseph, chevalier de Saint-Christaud
  o Bordeaux 1752
  + Bordeaux 1830, s.p.
- Marie Rosalie
  o Bordeaux 1757
  + Bordeaux 1803

bx Bordeaux 27.08.1760 avec Marguerite VOGLUZAN, d'où :
- Joseph Thomas Patrice, chevalier de LA LOUBERE
  o Bordeaux 1761
  + Cap Français 1792
  qui n'eut qu'un fils, Arnould, s. p.
- Pierre François, chevalier de Sainte-Colombe
  o Bordeaux 1762
  + Nouvelle-Orléans 1830
  qui n'eut pas de fils
- Françoise Victoire
  o Bordeaux 1763
  + Bordeaux 1825
- Louis Valentin Guillaume, Vicaire apostolique de la
  Louisiane, Évêque de Montaubon et de Besançon
  o Cap Français 1766
  + Besançon 1833

     On voit qu'avec cette génération disparaît le nom des 
DU BOURG, sieurs de ROCHEMONT, de LA  LOUBERE,  de  SAINT-
CHRISTAUD et de SAINTE-COLOMBE.
Trois membres de cette famille émigrèrent aux États-Unis à 
la Révolution :

- Louis, le "chevalier de SAINT-CHRISTAUD,  veuf  et  sans
enfants,  tenta  de  monter  une  maison  de  commerce   à
Baltimore, échoua en 1801, fit  plusieurs  aller-et-retour
entre la Jamaïque,  Saint-Domingue,  la  Louisiane  et  la
France, pour essayer de rétablir sa fortune coloniale,  et
dut se résoudre, ruiné, à se retirer et mourir à Bordeaux.
- Arnould, le fils de Patrice, "chevalier de LA  LOUBERE",
émigra avec son oncle Pierre François et  fut  instruit  à
Baltimore sous la  tutelle  de  son  autre  oncle,  l'abbé
Guillaume. Il aurait été juge dans la paroisse de  Plaque-
mines en Louisiane, puis juge à la Nouvelle-Orléans où  il
s'établit en restant à l'écart de sa famille. Il y mourut, 
sans s'être marié, le 29 avril 1829,  dans  sa  maison  au
coin des rues Condé et Madison. Il était  ruiné,  et  l'on
apposa les scellés sur ses maigres biens. Sa succession ne 
suffit pas à couvrir ses  dettes.  Elle  s'élevait  à  521
dollars. Il n'avait avec lui, à sa mort,  qu'une  esclave,
Sarah, qui fut mise aux enchères pour 250 dollars...
 Enfin, on  peut  dire  que,  en  dépit  de  sa  renommée,
l'évêque  Guillaume échoua dans sa mission apostolique  et
dut accepter, sur ordre de Rome, de revenir en France, fin 
mai 1826.

2. Pierre François DU BOURG de SAINTE COLOMBE

     La "branche américaine" de ces DU BOURG est issue  du
mariage  de  Pierre  François  avec  Élisabeth  Étiennette
CHAREST de LAUZON, fille de François et de Périnne Thérèse 
de GOURNAY. L'un et l'autre avaient échappé à  la  révolte
des noirs de 1793 et gagné Kingston  (Jamaïque).  Ils  s'y
marièrent au début de 1797. Dans le  contrat  de  mariage,
ils sont mentionnés comme "résidents  du  quartier  de  la
Marmelade, isle de Saint-Dominque, maintenant, à cause des 
malheurs  de  la  colonie,  réfugiés  dans  la  ville   de
Kingston".  Ils  y  eurent  une  première  fille,   Louise
Élisabeth Aglaé, née le 4 janvier 1798.

     Pierre François, sa femme et sa fille partirent  vers
les États-Unis au cours de l'année  1798,  accompagnés  de
Louis et d'Arnould. Après un court séjour à  la  Nouvelle-
Orléans, ils continuèrent sur  Baltimore  avec  la  petite
Aglaé. Ils quittèrent à nouveau  Baltimore  en  1800  pour
aller définitivement s'établir à la Nouvelle-Orléans.  Ils
élirent domicile chez les parents d'Élisabeth qui  avaient
une  maison  rue  Dumaine.  Ils  avaient  laissé  Aglaé  à
Baltimore pour être éduquée dans l'établissement religieux 
qu'avait créé Mrs. SETON avec l'aide du père Guillaume  DU
BOURG, l'oncle de l'enfant. La  malheureuse  petite  Aglaé
avait seulement trois ans !
Il est certain que Pierre François avait  voulu  rejoindre
la Nouvelle-Orléans, alors place d'affaires grouillante de 
possibilités, pour exploiter  les  solides  relations  des
LAUZON. Il y réussit au-delà de toutes ses  espérances  et
répara ses lourdes pertes financières  de  Saint-Domingue.
Il était devenu le courtier de riches planteurs, en parti- 
culier des BRINGIER.

     Au bout de trois ans, il avait  pris  la  citoyenneté
américaine. Très vite il  fit  partie  de  la  très  haute
société, devint major  dans  une  organisation  aristocra-
tique, "Les Volontaires de la  Louisiane",  percepteur  du
port de la Nelle-Orléans, consul du Royaume de  Sardaigne.
Lorsque la Grande  Loge  franc-maçonne  de  Louisiane  fut
créée en 1812, il en fut élu premier Grand Maître.
Le numéro du journal maçonnique "The Square and Compasses" 
de janvier 1912 célèbre le centenaire de la Loge  dont  le
Grand Maître était alors John  .  THIBAUT,  arrière-petit-
fils de Pierre François (cf. numéro 7).


Page suivante
Retour au sommaire




Révision 28/12/2004