G.H.C. Bulletin 95 : Juillet-Août 1997 Page 2023

COOPÉRATION

d'Amaury de Belleville : L'habitation JUSTON de BELLEVILLE 
(p. 1819 et précédentes)

Quelques  événements et dates peuvent expliquer le  chemi- 
nement  qui  a conduit les JUSTON de BELLEVILLE  à  vendre 
l'habitation familiale :
- 1843,  tremblement de terre de Pointe-à-Pitre,  décès de 
  trois enfants;
- 1844, décès du père, René;
- 1845, départ pour France de la mère et des enfants;
- 1849, décès de la mère, Guillelmine de CALBIAC
Guillelmine de CALBIAC, veuve JUSTON de BELLEVILLE, est en 
effet  décédée  le  30  janvier  1849  au  château  de  la 
Jobertie,  commune  du  Colombier,  canton  d'Issigeac  en 
Dordogne.  L'information  est  donnée par  son  inventaire 
après  décès  établi  par  Me  Saint-Clair  Juglâ,   le  9 
septembre 1849. 

Restaient alors quatre enfants, tous mineurs et en France, 
Augustine  (19 ans),  Irma (17 ans),  Ulric (mon  arrière-
grand-père, 11 ans), Mathilde (5 ans). Le 28 août 1849, un 
conseil de famille des mineurs de BELLEVILLE,  présidé par 
le juge de paix du canton du Lamentin, désignait un tuteur 
en Guadeloupe et, le 26 décembre 1850, par délibération du 
conseil  de  famille en France,  Martial DELPIT fut  nommé 
tuteur en Fance.
Mais  le protecteur nommé en Guadeloupe qui "avait possédé 
la  confiance de la famille" est "tombé en désuétude"  car 
il ne donnait plus signe de vie depuis quelque temps  déjà 
lors du décès de Guillelmine.

En  1855,  le  tuteur  des enfants encore mineurs  et  les 
cohéritiers majeurs transmirent des procurations en  blanc 
à M. le duc de LAROCHEFOUCAUT DOUDEAUVILLE pour trouver un 
nouveau protecteur. Le nouveau mandataire, qui semblait de 
confiance,  profita lui aussi largement de la situation de 
1855  à  1864,  disposant  à  ses  fins  personnelles  des 
quittances  et  montants  qui devaient être  reversés  aux 
cohéritiers. Il y eut procès, promesses de remboursements, 
créances  reposant sur des valeurs  non  fondées,  etc.  A 
titre indicatif,  de 1845 à 1856,  il y eut sept bailleurs 
différents. 

Une lettre de Me Ledeuff,  datée de St-François le 13 mars 
1859, donne quelques précisions :
- l'habitation POTEINS (donnée aux cohéritiers en paiement 
de  sommes dues),  dans les hauteurs de St-Louis à  Marie- 
Galante,  était autrefois caféière.  La culture du café en 
avait été abandonnée "depuis fort longtemps" et, depuis 14 
ans,  "il n'y a plus aucune espèce de culture. Des anciens 
bâtiments,  il  ne  reste plus qu'une  belle  carcasse  de 
maison en bois dur,  autour quelques cocotiers et quelques 
manguiers."  Me  Ledeuff ajoute qu'il a tenté  d'y  aller, 
malgré  "l'envahissement  des  bois et  l'éloignement  des 
bourgs"  :  "le  sentier qui existe encore  est  tellement 
étroit  et rocailleux que les petits chevaux du pays  même 
refusent en certains endroits." Il propose donc de  vendre 
le tout de 4 à 5.000 francs.
- M.  (Gustave) JUSTON DUCORNET (et non DUMORNET) légua en 
1789  l'habitation du Petit-Bourg (Juston de Belleville) à 
son  neveu,  M.  JUSTON  de BELLEVILLE (testament  par  Me 
Solman,  notaire),  "moins 16 hectares ou carrés légués  à 
deux  enfants  d'une servante noire nommée  Hortense.  Ces 
deux enfants sont morts, Hortense aussi, mais elle s'était 
mariée à un nègre dont elle avait eu un enfant,  le  nommé 
Petit-Frère, qui a joui des 16 carrés jusqu'en 1835" où il 
les abandonna.
- "Belle-Allée",  à St-François (qui venait des CALBIAC et 
dont  LEDEUFF possédait les 7/10èmes),  a produit en  1858 
"tant  en  sucre vendu par la maison HUE & VERTEUIL  qu'en 
sirop livré à divers" une somme de 45.183 francs,  dont il 
ne revenait aux cohéritiers JUSTON que 5.985 francs.
NDLR Si vous avez l'inventaire de l'habitation "Juston  de 
Belleville",   fait  après  le  décès  de  Guillelmine  de 
CALBIAC,  il  pourrait  être  intéressant d'en  avoir  une 
synthèse.

NOUS AVONS REÇU

    L'île de la Tortue au coeur de la flibuste caraïbe
                  Michel Christian Camus
                préface de Pierre Pluchon
              L'Harmattan, mai 1997, 162 pp.

     Voici  un livre qui fait honnêtement et  sérieusement 
le point sur le mythe des flibustiers de la Tortue et nous 
tirera  une  épine du pied chaque fois que,  à  l'occasion 
d'une conférence ou d'un colloque,  on nous dira :  "Et la 
flibuste ? Et la Tortue ?". Nous pourrons alors répondre : 
"Lisez le livre de Michel Camus !".  
     Les  lecteurs de GHC connaissent bien  maintenant  le 
nom  de  celui  que  Pierre  Pluchon  qualifie  de  "notre 
meilleur  connaisseur  des origines de la colonisation  de 
Saint-Domingue  par les Français".  Cette Histoire  de  la 
Tortue,  construite  à  partir  des  archives  françaises, 
anglaises  et  espagnoles,   s'en  tient  "aux  faits,  si 
austères soient-ils," et prend donc souvent le contre-pied 
de  la légende propagée par le récit à  succès  d'Oexmelin 
publié en 1686.
     Si  vous  vous  intéressez  à  Saint-Domingue,   vous 
trouverez  là toute l'histoire de ses débuts mais si  vous 
êtes  plutôt  des "Petites Antilles",  vous pourrez  aussi 
rafraîchir  vos connaissances,  l'auteur n'hésitant pas  à 
expliquer  très clairement faits et mots,  dans  un  style 
simple et précis et par des notes de bas de page riches en 
informations variées.
     Au passage,  on voit corrigée une erreur de Dutertre, 
on  comprend  pourquoi le commandeur de POINCY  envoya  LE 
VASSEUR  prendre  l'île aux  Anglais,  et,  surtout,  sont 
rectifiées  maintes exagérations et  anachronismes  :  "la 
prise d'un galion espagnol bourré de pièces d'or, qui fait 
le  menu  de  tout roman de flibuste,  était  rarissime  à 
l'époque".
     Il  n'en reste pas moins que "l'île de la Tortue  fut 
le  centre français le plus important de la flibuste  dans 
les Antilles entre 1640 et 1675."
     D'importants   appendices    (conventions,    listes, 
mémoires  :  près  du tiers de l'ouvrage) et  une  biblio- 
graphie  commentée complètent le livre.  Nous regretterons 
seulement quelques erreurs d'impression (lignes en double) 
et  l'absence d'index des noms :  celui-ci permettrait  de 
retrouver immédiatement Raymond LABATUT,  qui remit  l'île 
en valeur à la veille de la Révolution de St-Domingue,  ou 
un  Pierre  LEGRAND (p.  78) qui pourrait être  ce  Pierre 
LELONG évoqué en page 96 de GHC... 


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Révision 23/01/2005