G.H.C. Numéro 39 : Juin 1992 Page 586

Famille SAINT QUANTIN ou de SAINT QUENTIN (Guyane)
Yves Hervé et Didier Lalanne

     Le  20  septembre 1814,  le commissaire de la  Marine 
Narcisse  Edouard Isidore (de) SAINT QUANTIN adressait  au 
Roi  Louis XVIII,  depuis peu et provisoirement de  retour 
sur le trône de ses pères, la supplique suivante :

        "Sire,

     Votre Majesté a daigné me nommer, le cinq de ce mois, 
Sous-Commissaire de la Marine à Cayenne. Je vais me rendre 
au milieu de vos peuples du Nouveau Monde où ma famille  - 
dont  le  chef  est mort Chevalier  de  Saint-Louis  après 
trente-cinq  ans  de service - est connue pour  son  inva- 
riable  attachement  à  ses Rois.  Je vais y  publier  les 
bienfaits d'un Monarque chéri.

     Sous-officier de la Garde Nationale de Paris, j'ai eu 
le  bonheur  d'être des premiers à  revoir  votre  auguste 
famille,  j'étais présent à votre entrée triomphante, j'ai 
entendu  les  cris  de  joie  de  votre  peuple,  j'ai  eu 
l'honneur  de  vous  servir  d'escorte,  de  garder  Votre 
Majesté  dans son palais.  Mettez le comble à mon bonheur, 
Sire,  en m'accordant la décoration de la Légion d'Honneur 
qui  porte  aujourd'hui  l'effigie d'un Roi  si  cher  aux 
Français  et  que Votre Majesté a  pris  pour  modèle.  Ma 
conduite pendant ces heureux événements qui vous ont rendu 
à  vos  sujets  n'est  pas le seul  titre  que  je  puisse 
invoquer  :  douze ans de bons services dans les  adminis- 
trations,  et  mon  oncle,  frère de mon  père,  est  mort 
Chevalier de Saint-Louis,  Capitaine d'artillerie à l'Isle 
de France.

     J'ai  l'honneur d'être,  Sire,  de Votre Majesté,  le 
très humble et très fidèle Sujet".

        Signé : de Saint-Quantin.

     Qui était ce monsieur de Saint-Quantin (avec un  "A") 
qui, alors âgé de trente-neuf ans, n'hésitait pas à solli- 
citer du Roi une décoration, pour des états de service qui 
nous paraissent, à vrai dire, à cette date, un peu légers? 

     Il était né le jour de Noël, à Abbeville, ainsi qu'en 
témoigne l'acte de baptême suivant, en date du 26 12 1775.
"Le  25 décembre est né et le lendemain a été baptisé  par 
nous,  clerc d'office de cette paroisse,  Narcisse Isidore 
Edouard,  fils  de  Monsieur Antoine Joseph  Eugène  SAINT 
QUANTIN, Contrôleur aux Aydes, et de Dame Marie Magdelaine 
LHOSTE, ses père et mère en légitime mariage. Le parrain a 
été M. Jean-Baptiste Molinnia, contrôleur aux Aydes, et la 
marraine  demoiselle  Adélaïde Catherine Elisabeth  Hugot, 
fille de M.  Jean Nicolas Hugot,  receveur aux Aydes,  qui 
ont signé avec moi."
     En marge de cet acte, figure une décision du tribunal 
civil d'Abbeville,  en date du 4 4 1837,  précisant que le 
nom  "de  SAINT QUANTIN" doit être substitué  à  celui  de 
"SAINT QUANTIN".

     Nous  allons revenir sur ce Narcisse Edouard  Isidore 
(de)  SAINT  QUANTIN,  fondateur de la branche  guyanaise, 
dont  la postérité fut très nombreuse  et  caractéristique 
d'une famille créole au XIX° siècle.

                  Origine de la famille

     Celle-ci,  selon  une tradition bien établie,  serait 
issue d'une fort noble lignée de Champagne et, plus préci- 
sément,  de  la  région  de  Rethel.  C'est  du  moins  ce 
qu'affirment   certains  nobiliaires  de   Champagne,   du 
Bordelais ou de Bretagne (Frottier de la Messelière); elle 
remonterait  à Robert de ST QUENTIN,  seigneur de  Celles, 
Armonville,  Chevrières,  Vauzelles,  Son  en  Portier  et 
autres lieux,  qui vivait au XV° siècle; elle comporterait 
entre  autres un capitaine au régiment de  Calgret  Infan- 
terie,  gentilhomme  de la grande fauconnerie du roi Louis 
XIII, ainsi qu'un des cent gentilshommes de la garde de la 
reine Marie de Médicis.

     Ses armes sont :  "d'azur à la fasce d'or portant une 
souche  d'arbre  mal ébranchée de gueules,  avec  en  chef 
trois mollettes d'éperon d'or également".   
avec pour devise : "In manibus Dei sortes meae".

     Quel  est  le lien entre cette famille et  nos  SAINT 
QUANTIN de Guyane ?  Des recherches activement menées  par 
Didier Lalanne, doublement descendant des de SAINT QUENTIN 
par  sa bisaïeule Marthe de SAINT QUENTIN et sa trisaïeule 
Victoire de SAINT QUENTIN,  n'ont pas permis de  retrouver 
le "chaînon manquant". Nos ancêtres semblent avoir essaimé 
depuis  Laon  et Abbeville tout le long de la côte  atlan- 
tique, avec une constante remarquable : leur affinité pour 
la "fonction publique" :  Fermes du roi, Gabelle, Cour des 
Aides,  et,  après la Révolution,  professions liées à  la 
fiscalité :  Enregistrement,  Conservation des hypothèques 
et, accessoirement, Magistrature et Armée. 

     Le  seul  élément  permettant de soupçonner  un  lien 
éventuel  entre  les (de) SAINT QUENTIN de  Guyane  et  la 
famille  champenoise  paraît  être  un  Célérin  de  SAINT 
QUENTIN seigneur de la BERQUERIE en Oléron,  mort en 1657, 
qui  serait  à rapprocher d'un Jérémie de  SAINT  QUENTIN, 
écuyer, originaire lui aussi d'Oléron, qui vivait au début 
du  XVIIème siècle et paraît avoir certains liens avec les 
ascendants de Narcisse Edouard Isidore.

     Quoiqu'il  en soit,  nous ne pouvons  commencer  avec 
certitude la généalogie de notre famille guyanaise qu'avec 


1 Nicolas de SAINT QUENTIN
  officier des fermes du Roi
  o ca 1687
  x 30 7 1709 Marguerite de CHASTELAIN, 
  d'où :

1.1 Louis de SAINT QUENTIN
    sous-brigadier dans les fermes du Roy
    o 1711          + 1755  
    x Jeanne de LA GLIZIERE,
    d'où au moins quatre enfants qui suivent en 1.1

(Notons  que l'un comme l'autre sont écrits avec la parti- 
cule  "de"  et  avec un "E",  mais sans  qu'il  soit  fait 
mention d'écuyer ou de chevalier).                         




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