G.H.C. Numéro 47 : Mars 1993 Page 766
COMPTE RENDU DE LECTURE
Pierre Bardin
Sinnamary (1624-1848). Une cité et des hommes
René Claude Coëta L'Harmattan 130F
René Claude Coëta, actuellement fonctionnaire terri-
torial à la mairie de Kourou nous convie à une recherche
généalogique familiale qui devient un véritable coup de
coeur pour Sinnamary, sa commune natale, et ceux, quelle
que soit leur origine, qui contribuèrent à son évolution.
Sa démarche l'amena à se déplacer, outre dans les fonds
d'archives, au Sénégal où il retrouva le lieu de naissance
de son trisaïeul Yassa KOITA, capturé lors d'une razzia,
vendu pour la Guyane en 1840, devenu soldat yoloff au 3e
régiment de marine, ce qui le libéra de la traite.
Bien entendu l'histoire de Sinnamary est indisso-
ciable de celle de la Guyane. C'est ce que montre l'auteur
en brossant un tableau rapide mais exact de 1624 à 1848.
Notons en passant une erreur à propos du gouverneur qui
succéda à BÉHAGUE en 1766 après la tragédie de Kourou. Il
s'agit de FIEDMONT ou non de FRIEDMONT. Sinnamary verra
arriver la plupart des déportés après le coup d'Etat
manqué du 18 fructidor V. Parmi eux, COLLOT d'HERBOIS, qui
y mourra, BILLAUD-VARENNE, PICHEGRU, TRONÇON DUCOUDRAY ou
encore BOURDON de l'OISE, avec BARBÉ-MARBOIS ou LAFFONT-
LADEBAT et plus de 300 autres personnes, des prêtres pour
la plupart, qui mourront au lieu-dit Connamama.
L'auteur nous donne le recensement de Sinnamary en
1767, la liste exhaustive des familles émancipées avant
1848, les noms de famille inventés lors de l'émancipation
et le recensement global des esclaves de ce quartier avec
la liste des noms d'habitations ainsi que celle des
commandants, maire et commissaires commandant à Sinnamary
depuis 1764 jusqu'à nos jours. Enfin, l'étude de 50 noms
de familles sinnamariennes et de leurs descendants, les
arbres généalogiques de sept maires de la commune, plus
celui de l'auteur. Une recherche bien menée, intéressante
pour les généalogistes, dans un lieu où le brassage des
races fut une obligations de survie, créant ainsi une
identité originale dont les habitants sont à juste titre
jalousement fiers. Je pense à mon amie Régine HORTH,
descendante directe d'Antoine venu avec sa femme de Spire
en Allemagne et qui échappèrent à l'hécatombe de 1764.
Grâce au formidable essor que connaît la Guyane avec
l'aventure spatiale, c'est une autre histoire, complé-
mentaire de l'ancienne, qui est en train de s'écrire avec
les nouveaux arrivants, qu'ils soient européens,
brésiliens ou surinamiens.
La préface est signée Elie Castor, actuel maire de
Sinnamary, président du conseil général de Guyane, député.
PUBLICATIONS
Dictionnaire national des communes de France
France métropolitaine et DOM-TOM,
65000 communes et lieux-dits, 1342 pages, 270 francs,
Editions Berger-Levrault, 5 rue Auguste Comte, 75006 Paris
Edition 1992, refondue, d'après le recensement de 1990;
donne, entre autres, la liste complète des communes et
principaux villages, hameaux, écarts et lieux-dits
habités.
LES SIGLES GÉNÉALOGIQUES
Pour simplifier la tâche de la secrétaire il est bon
d'utiliser les sigles généalogiques lorsque vous nous
envoyez une généalogie. Cela nous et vous fait gagner du
temps, évite un certain nombre d'erreurs et permet de
libérer de la place pour d'autres renseignements.
Ces sigles ont été définis au Congrès International de
Généalogie de Bruxelles il y a de nombreuse années et sont
généralement utilisés en Europe. On peut regretter que les
généalogistes de langue anglaise ne les utilisent pas, eux
qui pourtant, du moins aux U.S.A. utilisent de nombreux
sigles dont la signification n'est pas toujours évidente.
/1768 : avant 1768 1768/ : après 1768
1768/1773 : entre 1768 et 1773
+ : décédé(e) ou décès (+) : inhumé(e) ou inhumation
^ + : mort au champs d'honneur
* : union hors mariage
b : baptisé(e) ou baptême
ca 1768 : vers 1768 (ca est l'abréviation de circa)
Cm : contrat de mariage
d ou d. : déclaré(e)
o (lettre o minuscule) : né(e) ou naissance
P : père M : mère
p : parrain m : marraine
S.A. : Sans Alliance S.P. : Sans Postérité
Tm : testament
x : marié(e) ou mariage
ax : 1er mariage bx : 2ème mariage cx : 3ème mariage
xc : mariage catholique xp : mariage protestant
TROUVAILLES
de Pierre Baudrier : JORNA de LA CALLE
Dans ses "Récits de ma mère" (1), Mme Francisque du
PELOUX rapporte (p. 6) : "Le vicomte du PELOUX, major au
régiment de Forez (plus tard colonel, mais on l'appelait
toujours "le major"), avait épousé en 1784 une femme fort
riche beaucoup plus âgée que lui.
Cette vieille tante, qui a joué un si grand rôle dans la
vie de ma mère, était une demoiselle JORNAS (sic) de LA
CALLE. Elle était née à la Martinique. Venue assez jeune à
Paris, elle y apportait les fantaisies et les caprices
d'une créole et put bientôt satisfaire son amour du monde
et du luxe en devenant la femme d'un riche notaire qui
l'épousa pour sa beauté. Il mourut laissant une très
grande fortune à un enfant tout jeune. L'enfant mourut et
Mme DUVAL hérita de cette belle fortune.
Quelques années après, elle épousait un vicomte de
MERCY, brillant officier, joueur et dépensier, qui diminua
beaucoup la fortune de sa femme; veuve une seconde fois,
elle avait cinquante ans lorsqu'elle eut la fantaisie
d'épouser le vicomte du PELOUX, plus jeune qu'elle. Que
faire de cette femme peu commode à vivre et qui voulait
être mieux installée qu'on ne pouvait l'être en garnison ?
Mon grand-oncle eut l'idée de l'installer à Vienne..."
Et, à la page 25, nous apprenons que la vicomtesse du
PELOUX, née JORNAS de La CALLE, mourut à Vienne (Isère) en
décembre 1809.
(1) Du Peloux (vtesse Francisque) "Récits de ma mère"
(suivi de "Journal de la captivité de la famille Du PELOUX
de Saint-Romain en 1794" par Madame Alphonse Magdeleine Du
PELOUX née JULLIEN) 43190 Tence, impr. Roux, 1978, 61 p.