G.H.C. Numéro 52 : Septembre 1993 Page 854

Le général MIRDONDAY et ses liens avec l'outre-mer
Pierre Baudrier

     Antoine René MIRDONDEL,  dit MIRDONDAY, général, né à 
Vesoul  le  30 janvier 1747,  était fils de  Jean-François 
MIRDONDEL,  capitaine  de cavalerie,  et de Marie  Suzanne 
LEBLANC.   Il  aura  trois  enfants  de  Jeanne  Françoise 
MAIGROT,  Jeanne Antoinette Amélie, Jean Etienne et Jeanne 
Hyacinthe, future générale de KERVERSEAU.
     En 1765, il est mousquetaire noir sans appointements. 
En 1770,  son père lui achète une charge  d'avocat-général 
au parlement de Besançon mais,  à la suite des troubles de 
la  magistrature de 1771,  il est contraint par lettre  de 
cachet  d'exercer  un  office de conseiller dans  le  même 
parlement.  En 1775, une seconde lettre de cachet le prive 
cette fois-ci de sa charge de conseiller;  il vend à perte 
son  office  et son  établissement  d'avocat-général  dont 
il  n'aurait pu solliciter les provisions et  rejoint  les 
gendarmes de la Garde, à nouveau sans appointements. Le 15 
octobre  1778,  à Paris,  il prête,  devant Me Quatremère, 
24.000  livres  à Jean Claude GUILLET de  BOURBEVILLE  que 
l'acte domicilie, comme lui-même, à Besançon. Il est capi- 
taine au régiment d'Artois le 3 juin 1779. 

  Le 5 juin 1780,  il est aide de camp de M. DUMOULIN, son 
oncle,  en  partance  pour  l'Inde et  M. de  SARTINE  lui 
accorde  2.000 livres d'appointements sans nouveau  grade. 
Il  fait  la campagne de 1781 sur l'escadre de SUFFREN  et 
participe  au combat de Saint-Yago le 16  avril,  sur  "Le 
Héros". En juillet et août, l'escadre relâchant au Cap (de 
Bonne-Espérance),  il est aide de camp de M. de CONWAY.  A 
nouveau  aide de camp de M. DUMOULIN,  il est au combat de 
Sadras  le 17 février 1781 à bord de  "L'Orient";  il  est 
ensuite  aide  de camp de M. d'HOFFLIZE,  à la fin  de  la 
campagne  de 1782 et en 1783,  jusqu'à l'arrivée de  M. de 
BUSSY  dont  il sollicite l'autorisation  de  revenir,  sa 
mission étant remplie, selon lui. L'autorité militaire lui 
en tiendra rigueur. 
     La  paix  étant annoncée par les Anglais le  30  juin 
1783 et publiée le 1er juillet,  il embarque le 10 dans un 
port hindou,  à bord du vaisseau particulier "Le Bienvenu" 
qui,  coulant bas eau sous la ligne, relâche au Pégu où sa 
carène  subit des réparations jusqu'au 1er  janvier  1784, 
date du départ pour l'Ile de France.  MIRDONDAY tire parti 
de  son  séjour  en  Birmanie pour  lever  une  carte  des 
royaumes d'Ava et de Pégu.  Le 14 janvier 1784,  il quitte 
l'Ile de France sur "Le Bienvenu" pour conduire à Bordeaux 
150  blessés convalescents des affaires des 13 et 14  juin 
1783, embarqués pour partie au Cap. Le navire échouant sur 
les côtes de Saintonge le 19 juillet 1784,  ses  occupants 
arrivent à Bordeaux le 22 sur de petites chaloupes.

     Il est capitaine au régiment d'Artois à compter du 12 
juillet  1784.  Le  24  août 1788,  il demande  une  place 
d'officier supérieur en Inde et une concession de deux  ou 
trois  cents  acres de terre à l'Ile de France ou à  l'Ile 
Bourbon. L'armée lui dénie la possession d'un brevet et le 
renvoie aux autorités civiles de ces îles.
     Il quitte l'armée à la réforme de 1788, est décoré de 
la  croix de Saint-Louis le 24 décembre de la même  année. 
Propriétaire à l'Ile de France d'une société d'exportation 
de café, il vit à Montmartre et prend, le 14 juillet 1789, 
le   commandement  de  la  garde  nationale  du   faubourg 
Montmartre,  forme  deux  bataillons et  contient  pendant 
l'été  15.000 ouvriers dans les ateliers de  charité  qui, 
selon   son  expression,   "inquiétoient  Paris".   Le  18 
septembre, il commandait le 2ème bataillon. 
     Il  est  réintégré dans l'armée début mars  1793,  en 
qualité  de commissaire supérieur pour le recrutement  des 
armées  de la Moselle et d'adjudant de l'armée des  Alpes. 
Il donne suite à la première de ces affectations et quitte 
Paris pour Troyes le 12 mars, pour n'en repartir que le 28 
octobre,  après avoir organisé,  en particulier, le recru- 
tement dans les départements de Haute-Vienne,  d'Indre-et-
Loire,  de Loir-et-Cher.  Il avait fait le périple Paris -
Troyes  (13  mars) - Epinal - Nancy  - Metz  - Melun  (1er 
avril).  De  retour  à Paris pour réclamer  une  indemnité 
qu'il obtient le 10, il avait poursuivi sa route par Melun 
(12  avril) - Auxerre (15 avril) - Mâcon (20 avril) - Lyon 
(26  avril) - Saint-Etienne (28 avril) - Boën  - Clermont-
Ferrand - Limoges (5 mai) - Tours - Châteauroux - Busancey 
(8  mai)  - Tours (16 mai) - Blois (12  mai)  - Orléans  - 
Pithiviers  - Fontainebleau  (15 mai) -Troyes (16  mai)  - 
Château-Salins  (23  mai) - Nancy - Troyes (5  juillet)  - 
Paris  (1er novembre).  Le 27 avril,  alors qu'il était  à 
Lyon,  il  percevait  une part du produit d'une  vente  de 
café.
 
     Avant son voyage,  il avait obtenu le 17ème bureau de 
loterie  de  Paris puisque sa femme quittera Troyes du  14 
août au 8 septembre après qu'ils aient eu vent de  l'obli- 
gation  d'un  cautionnement.  Elle voulait  solliciter  un 
délai  mais la nouvelle de l'abandon de la loterie lui fit 
reprendre la route de Troyes.
     Accusés   d'aristocratie,   de  s'être  réjouis   des 
défaites républicaines de Valenciennes et Aix-la-Chapelle, 
ils sont incarcérés à Paris le 16 décembre 1793,  de  même 
que leur cuisinière (le secrétaire de MIRDONDAY le sera le 
17)  et  ne  seront libérés que le 14  août  1794.  A  son 
procès,  MIRDONDAY  avait  fait  valoir  son  activité  de 
commissaire  supérieur et réclamé la libération  solidaire 
des  quatre emprisonnés.  Ayant dû se défendre d'être  ci-
devant  noble,  il est réintégré dans le grade  d'adjudant 
général chef de bataillon.

      En avril 1795,  il est en partance pour l'Inde,  son 
fils  lui  étant  adjoint  comme  aide  de  camp  à  cette 
occasion;  mais  leur destination sera modifiée.  Il  part 
pour la Caraïbe, est général de brigade le 17 février 1796 
et  meurt au Cap-Français (Saint-Domingue),  le 2  février 
1797.

Sources :
- Archives de la guerre et de la marine à Vincennes;
- Archives nationales F/7/4774, 29, 47, 89; 
- Minutier central II/687, 744, 746;
- Georges  Six "Dictionnaire biographique des généraux  et 
  amiraux français 1792-1814" Paris 1934 (qui fait  erreur 
  sur la date de décès);
- "Le vieux Montmartre,  Sté d'histoire et archéologie des 
  XVIIIe et IXe arrondissements, 1928-1929, pp. 153-154;
- "Procès-verbal  de la Convention imprimé par son  ordre, 
  t. 9, lundi 8 avril 1793, p. 138;
- "Recueil des actes du Comité de Salut Public" publié par 
  F.A. Aulard, t. 6, 1904, p. 533; t. 20, 1910, p. 545;
- "La  Révolution  dans les Vosges" 3e  année,  n°  3,  14 
  janvier 1910, pp. 168-169.




Page suivante
Retour au sommaire
Lire un autre numéro





Révision 14/03/2004