G.H.C. Bulletin 74 : Septembre 1995 Page 1422

A propos de TRONSON DU COUDRAY

Biographie

     Né à Reims en novembre 1750, Tronson du Coudray avait 
épousé à Paris le 5 Juin 1789,  Alexandrine Françoise NAU, 
née à Paris et baptisée à St-Eustache le 4 Mai 1770. Fille 
de Jean Nau,  écuyer,  conseiller secrétaire du roi maison 
couronne de France, et de Jeanne Marie GOUVION.

     Le  Patronyme NAU n'est pas inconnu "aux Isles"  mais 
dans  le cas présent,  l'examen des contrats de mariage et 
des inventaires après décès des parents et  grands-parents 
de la demoiselle ne permet pas de trouver quelque lien que 
ce soit avec les dites îles.
     Par contre, les différents mariages vont installer la 
famille  Nau,  qui sont surtout drapiers,  dans la  grosse 
bourgeoisie financière de la capitale.  C'est ainsi que le 
contrat de mariage de Jean Nau et Jeanne Victoire Gouvion, 
le 26 mars 1764, permet de constater qu'ils sont alliés au 
milieu  notarial  parisien  par  les  DESMEURES,   RAINCE, 
DUPONT,  de LAN,  ainsi qu'à des conseillers à la Cour des 
Aides ou secrétaires du roi. Les biens immobiliers, titres 
de rentes,  tontines,  loterie royale,  etc, sont énumérés 
sur 9 pages;  pour des raisons de successions, sans doute, 
une copie de ce contrat sera demandée le 7 mai 1839.  Leur 
élévation  dans  la  société était si  envieuse  que  Marc 
Léonard Nau, avocat, se fit appeler NAU de SAINT MARC lors 
de son mariage le 14 avril 1763. On pouvait penser à Saint 
Domingue,  mais il n'en était rien. Pendant la Révolution, 
prudemment, il retrouvera son patronyme originel.

     C'est  donc dans une famille pour le moins à  l'aise, 
que  Tronson du Coudray trouve sa place.  Il est âgé de 39 
ans,  considéré comme l'un des maîtres du Barreau, il est, 
dit-on,  très  amoureux de son épouse qui n'a que 19  ans. 
Ils auront trois enfants.

- Alexandre Jean,  né le 4 juin 1790,  baptisé le 6 à  St- 
Nicolas  des  Champs.  Il  mourra pendant la  retraite  de 
Russie en 1813.
- Euphrosine Victoire, née le 28 février 1792, baptisée le 
12 mars à St-François d'Assise.  Le père est désigné comme 
ci-devant avocat. Elle épousa un conseiller référendaire à 
la Cour, Hardoin MICHELIN.
- Emile Henri,  né le 23 nivôse an 3 (12 janvier 1795), le 
père,  "le citoyen Tronson",  est devenu cultivateur, sans 
doute à cause de sa maison de Boussy-Saint-Antoine.  Emile 
Henri a 13 ans lorsqu'il s'engage dans la Marine,  puis on 
le  trouve comme son frère dans la Grande Armée.  Il  sera 
fait  prisonnier à la bataille de Leipzig en octobre  1813 
(cette "bataille des Nations" qui vit périr ROCHAMBEAU  le 
successeur de LECLERC à St-Domingue).  Revenu en France en 
1814,  il  continua sa carrière militaire,  publia en 1829 
avec  son beau-frère "Les oeuvres choisies de  Tronson  du 
Coudray" regroupant six de ses plus célèbres plaidoiries.
     Il  mourut  à Strasbourg d'une méningite aiguë le  10 
mars  1841,  alors qu'il venait d'être  nommé  lieutenant-
colonel du 57e régiment de ligne.

  Quant à Alexandrine Nau, veuve Tronson du Coudray, après 
avoir demandé la séparation de biens,  elle  se remaria le 
29 floréal an VII (18 mai 1799) avec Jean Martin LAGRENÉE, 
agent  de change.  Il n'est pas inintéressant de  signaler 
que  Tronson du Coudray et Martin Lagrenée se  connaissait 
car,  le  21  messidor  an III,  ils avaient  échangé  des 
terrains  à  Boussy-Saint-Antoine.  De ce  second  mariage 
naîtront deux enfants : Charles et Esther Marie Claire.
Le père décédera le 30 juillet 1832.  Son épouse,  âgée de 
77  ans  le suivra le 30 octobre 1846.  Elle habitait  rue 
Buffault à Paris.

Testament spirituel

    Quelques jours avant sa mort, Tronson du Coudray avait 
rédigé  une  sorte de testament spirituel  destiné  à  ses 
enfants  dont  j'ai recopié les têtes de  chapitres,  leur 
lecture  m'ayant permis de découvrir un texte d'une  haute 
tenue morale et philosophique,  qui mérite de s'y  arrêter 
un instant.
     "Vous avez, mes enfants, à mille six  cents lieues de 
vous et par-delà les mers,  un ami tendre qui songe à vous 
tous les jours...  Croyez le et suivez ses conseils;  il a 
de  la  droiture,   quelques  lumières,   l'expérience  de 
l'adversité,  la connaissance des hommes et des choses, il 
ne  peut vous égarer...  Il est destiné probablement à  ne 
plus vous revoir...  Je ne vous parlerai point mes enfants 
de  la  religion de vos ancêtres et je ne la prendrai  pas 
pour principe de mes Instructions. Je vous laisse à chacun 
à  juger  un jour le degré de croyance qu'elle  mérite  et 
apprécier ses dogmes...  mais je ne peux vous laisser sans 
boussole  au milieu des tempêtes qui vous  environnent  et 
des  écueils sur lesquels elles peuvent vous  jeter...  Il 
existe  un  Etre suprême qui nous a créés pour une fin  et 
dont nous devons faire la volonté..."
     Suivent les développements de trois propositions : 
- Dieu existe,
- Dieu nous a créés pour une fin. Quelle est cette fin ?
- Les moyens pour remplir la fin pour laquelle nous sommes   
  créés.

     Pour terminer,  signalons que Tronson du Coudray, est 
vraisemblablement l'inventeur de la formule :
 "La déportation en Guyane est une guillotine sèche".

NDLR Nous signalons aux personnes intéressées la  parution 
en 1993 de :
 "Un  avocat  dans  la tourmente" de  Jacques  de  Cazotte 
(Paris,  Maisonneuve  et Larose) qui nous a été envoyé par 
Pierre Baudrier que nous remercions.

Changement d'adresse

       Caribbean Historical & Genealogical Journal
               Peter E. Carr (Cuban Index)
      P.O. Box 15839, San Luis Obispo, CA 93406, USA
                     (cf GHC p. 885)

Après  une  interruption due à des problèmes de  santé  et 
d'argent,  la  publication  de Caribbean Journal a  repris 
avec  les n° de janvier et avril 1995 (vol.  III,  n° 1 et 
2)  :  suite  de la publication des  passagers  venant  de 
Marseille entre 1740 et 1778 (tiré de F/5b/52) :  lettre B 
de  1753  à 1767;  de la chronologie des Antilles (1701  à 
1772); de diverses autres informations.




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