G.H.C. Bulletin 79 : Février 1996 Page 1550

Le mystérieux et fabuleux héritage de Jacques DUBOIS
Josette Veroort Fouquet

     Au XIXème siècle, de 1841 à  1894,  le  ministre  des
Affaires  étrangères  des  Pays-Bas  et  la  légation   de
Belgique eurent affaire  à  des  réclamations,  correspon-
dances, jugement, etc. de la part des  héritiers  présumés
d'un certain Jacques DUBOIS, natif de Vedrin (ou  Vedrien)
près Namur (Belgique) et  décédé  à  Batavia  (aujourd'hui
Djakarta dans l'île de Java) le 18 octobre 1704. Il aurait 
laissé  une  fortune  considérable  (3.132.609   écus   de
Hollande, soit plusieurs millions de florins) qu'il aurait 
léguée aux descendants  de  ses  frères  et  soeurs  après
jouissance pendant 99  ans  par  la  Compagnie  des  Indes
Orientales. Les journaux reprirent  l'affaire  et  il  fut
procédé  à  de  nombreuses  démarches  qui,   semble-t-il,
n'aboutirent à rien de précis concernant  Jacques  DUBOIS,
son héritage et son testament, certains considérant  cette
succession "tout à fait chimérique et imaginaire".    
     Ayant trouvé ce  dossier,  je  m'efforce  depuis  des
années de le démêler et de réunir une documentation sur le 
sujet. Or une des lettres fait état, parmi  les  héritiers
présomptifs, de  Marc  Antoine  DUBOIS,  natif  de  Leclus
(Lécluse, Nord  ?),  demeurant  au  bourg  St-François  de
Basse-Terre Grande rue, 3ème section, touchant la ravine à 
Billau, et mort avant 1857. Il était  marié  à  Henriette,
femme de couleur libre et en avait au moins  un  fils;  il
avait aussi un neveu, Pierre BOSTIER, domicil é  à  Trois-
Rivières, d'après une lettre du fils  de  Pierre,  Adrien,
qui écrivait à son père en 1877 que "la famille DUBOIS est 
sur le point d'hériter  d'un  bien  d'une  valeur  de  125
millions de francs". 
     Qui connaîtrait cette famille en Guadeloupe et qui  a
entendu parler de cet héritage ?     

NDLR

     Les DUBOIS étant nombreux et de diverses familles  et
les dates étant peu précises,  la  recherche  n'était  pas
facile. Nous avons d'abord trouvé, à  Basse-Terre,  le  19
juillet 1838, le mariage, chez l'épouse, au  lit,  malade,
du sieur BOSTIER, 40 ans, maçon, demeurant  à  Basse-Terre
où il était né en brumaire  an  VI,  fils  naturel  de  la
demoiselle  Laurence,   présente,   avec   la   demoiselle
Virginie, 41 ans, couturière, née à Vieux-Fort L'Olive  le
1er messidor an  V,  fille  naturelle  de  feu  Henriette,
décédée à Basse-Terre le 12 mai 1814. Les époux légitiment 
cinq enfants, tous nés et déclarés à Basse-Terre :
1 Stanislas o 7 5 1821 inscrit 10 8 1822
2 Pierre Bostier (le "neveu" ?) o 12 9 1824 inscrit 7 12
3 Antoine Bostier o 28 7 1826 inscrit 5 8
4 Ustasie Antoinette o 29 3 1831 inscrite 31
5 Landrie Artilus o 12 6 1833 inscrit 20
     Le 12 mai 1814, on trouve bien le décès de "la nommée 
Henriette,  négresse  libre  patentée",  environ  30  ans,
décédée chez Marie Louise, négresse libre, rue du Domaine; 
les témoins sont des hommes de couleur libres, tailleurs.
     Ayant cherché en vain l'acte de décès de Marc Antoine 
DUBOIS sur les tables, de 1792 à 1857, nous  avons  repris
tous les actes de décès de ce patronyme,  ce  qui  nous  a
permis de retrouver le décès de Marc  Antoine,  qui  était
prénommé sur les tables Marie Salomé ! Le 1er avril  1810,
Marc Antoine LEBEGUET déclare le  décès  de  son  parrain,
Marc Antoine DUBOIS, habitant propriétaire  à  Vieux-Fort,
décédé  en  son  domicile  temporaire  à  Basse-Terre  âgé
d'environ 60  ans,  natif  de  Valenciennes  (Nord),  fils
d'Antoine François et de Barbe LAINÉ.

     Mais il semble que Marc Antoine DUBOIS, s'il eut  des
enfants, n'était pas marié et n'avait même pas reconnu les 
dits enfants. En effet, nous avons trouvé à Trois-Rivières 
le décès d'une fille de "Louis dit DUBOIS" qui nous a  mis
sur la piste de la descendance (supposée) de Marc Antoine. 
L'ennui c'est que "Louis dit Dubois" est né  à  Vieux-Fort
vers 1796/1799 et que les registres de Vieux-Fort manquent 
de 1795 à  1799...  (c'est  bien  à  Vieux-Fort  que  Marc
Antoine était propriétaire).

     Disons d'abord qu'Henriette décédée en  1814  et  vue
plus haut n'est pas la compagne de  Marc  Antoine  DUBOIS.
C'est le 27 janvier 1815, à Basse-Terre,  que  décède  "la
nommée Henriette dite DUBOIS, négresse libre  et  patentée
née à Vieux-Fort L'Olive, environ 40 ans". La  déclaration
est faite par Pierre Paulin, homme  de  couleur,  proprié-
taire  et  maître  cordonnier,  assisté  de  Pierre  Louis
Bernier fils,  commerçant,  et  Siffrin  Chala,  marchand,
tous libres et patentés. 

     Louis (acte répertorié à la lette L; le nom de Dubois 
n'apparaît absolument  pas  au  mariage;  il  signe  alors
seulement "Louis"), maître menuisie ,  résidant  à  Basse-
Terre et né à Vieux-Fort, 22  ans,  fils  naturel  de  feu
Henriette, de couleur libre, épouse à  Basse-Terre  le  22
novembre 1820 Marie (elle signe Marie Duquerey),  résidant
à Basse-Terre, 17 ans 3 mois, née à Trois-Rivières,  fille
naturelle de Céleste, de couleur libre, consentante.

Le 23 10 1822  naît  à  Basse-Terre,  rue  de  Penthièvre,
Louisia, déclarée le 22 1 1823 par  son  père  "Louis  dit
Dubois" (signe Louis Dubois).  C'est  elle  qui  meurt,  à
trois ans, à Trois-Rivières, sur l'habitation de  Monsieur
DU QUERUY. Trois ans plus  tard  (1  7  1829)  naît  Marie
Clémence et peu  après,  le  14  juillet  1829,  Guillaume
Hercule DUQUÉRY, 47 ans, et Jean Pierre  de  PLUVIERS,  29
ans, tous deux habitants propriétaires à  Trois  Rivières,
déclarent le décès de Marie  Irma,  de  couleur  libre  de
naissance,  26  ans,  épouse  de  Louis  Dubois,  30  ans,
menuisier, de couleur  libre  de  naissance,  domicilié  à
Trois Rivières. On peut supposer que  Marie  (Irma)  était
fille naturelle de Guillaume Hercule Duquéruy (lacunes  de
Trois-Rivières, 1792 à l'an XII).

     D'autres enfants d'Henriette dite DUBOIS sont :
- "La nommée Julie, mulâtresse libre patentée demeurant  à
Basse-Terre, fille naturelle de la nommée  Henriette  dite
Dubois, négresse libre décédée" qui,  le  12  avril  1815,
déclare la naissance de sa fille Marie Virginie Paulixène, 
le 5 décembre 1813, en son domicile, Nouvelle cité, maison 
du nommé Paulin, homme de couleur libre; les témoins  sont
Joseph Billouin et  Siffrin  Chala,  marchands,  homme  de
couleur libres patentés.
- "Pierre Joseph dit Dubois" (signe  P.  Dubois),  mulâtre


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Révision 28/12/2004