G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1596

LE MARQUIS de MONTALET
Conférence de Kenneth H. Thomas Jr
Traduction et résumé par Maximilien Debarnot

     M.  Kenneth H.  Thomas Jr.,  Américain  de  l'état  de
Géorgie,  est membre de la  Société historique  de  Géorgie
à Atlanta.  C'est un éminent généalogiste qui publie chaque
dimanche, dans  "l'Atlanta  Journal  and Constitution", une
rubrique généalogique très appréciée des  lecteurs.
Il s'intéresse  en  particulier  aux  émigrés  français  de
Saint-Domingue, de la fin du XVIIIème siècle  au  début  du
XIXème. Ces réfugiés français, établis à Savannah  et  dans
l'île de Sapelo, ont souvent joué un  rôle  important  dans
leur pays d'accueil.
   M. K.H. Thomas ayant fait, devant la Société  historique
de Géorgie, une conférence sur le  "Marquis  de  Montalet",
nous en a adressé le  texte  avec  une  vidéo-cassette,  en
remerciement de la contribution que G.H.C. et  certains  de
ses lecteurs lui ont apportée pour sa documentation sur  le
personnage traité. Ce texte, évidemment rédigé en  anglais,
est fort intéressant et particulièrement  bien  documenté.
Compte tenu de sa longueur, il est  difficile  de  publier
ici la totalité de sa traduction. Nous ne donnons donc que 
l'essentiel des données généalogiques et  historiques  que
contient cette excellente conférence intitulée :
"Montalet of St. Domingue, Savannah and Sapelo.
the man and the myth"

Les sources

   Les sources principales d'information sont les archives 
locales, les Mormons, les fonds de Dolorès de Boisfeuillet 
Colquitt Floyd et de la mère de M.  Adrian  Colquitt,  qui
contiennent de nombreux renseignements  sur  les  réfugiés
français de Saint-Domingue (à noter que le comte de  Saint
Saud fait allusion à Mrs. Colquitt  dans  ses  généalogies
périgourdines). Il y a aussi le  fonds  de  M.  Hartridge.
Enfin M. K.H. Thomas a beaucoup apprécié les  informations
obtenues par la rubrique "Questions/Réponses" de G.H.C. et 
celles que lui a fournies le général M. Debarnot, tant par 
sa documentation personnelle que par son  action  intermé-
diaire auprès des Archives de Paris et d'Outre-Mer.

Origine du titre et du patronyme

     En avant-propos de  sa  conférence,  M.  K.H.  Thomas
proclame sa certitude que son héros "Montalet" n'a  jamais
possédé le titre de noblesse de marquis  que  ses  contem-
porains de Géorgie lui prodiguaient  (à  noter  que  Saint
Saud, dans l'ouvrage cité plus haut, parle du  Marquis  de
Montalet).

     MONTALET, de son vrai nom Jean-Baptiste MOCQUET,  est
né le 26 janvier 1762 à Galet, près de la plaine  du  Cul-
de-Sac à Saint-Domingue et il  est  mort  à  Sapelo-Island
(Géorgie) le 3 juin 1814.  Avec  humour,  le  conférencier
déclare qu'il y avait certainement plus d'auditeurs  à  sa
conférence que de  personnes  présentes  aux  obsèques  de
Montalet, si l'on excepte les esclaves et les travailleurs 
des plantations; ce fait était dû en partie à l'insularité 
du lieu, Sapelo.
    D'après son acte de  baptême,  Jean  Baptiste  MOCQUET
était fils d'autre Jean  Baptiste  MOCQUET  et  de  Louise
GAILLARD,  tous  deux  nés  à  Nantes  où  ils a vaient de 
nombreux parents et  amis.  Avant  son  mariage,  MONTALET
(fils), alias J.B. MOQUET, décida de prendre le  patronyme
de MONTALET, lequel ne figure pas sur son acte de baptême. 
Ses parents étaient venus de Nantes et il avait  également
un frère et une soeu ;  cette  dernière  épousa  à  Saint-
Dominque, en 1787, Denis COTTINEAU de KERLOGUEN qui joua à 
son tour un  grand  rôle  en  Géorgie  pendant  la  guerre
d'indépendance.
     MONTALET fit de nombreux voyages et même des études à 
Nantes. Il fut membre de la milice de Saint-Dominque après 
avoir également servi dans l'armée régulière.

    Dans son acte  de  mariage,  il  est  nommé  chevalier
marquis de MONTALET, ce qui, selon toute probabilité a été 
dicté par quelqu'un d'autre que lui-même, qui n'a  jamais,
semble-t-il, signé aucun document  autrement  que  par  le
bref patronyme de MONTALET.

     La question se  pose  aussi  de  savoir  pourquoi  et
comment Jean Baptiste MOCQUET s'est attribué le  patronyme
de MONTALET.
Consulté par K. H. THOMAS, le comte d'Angerville, généalo- 
giste sérieux de la noblesse  de  France,  déclare  qu'une
vieille famille française noble, les BÉRARD  de  MONTALET,
remonte au XIIème siècle et que la branche  mâle  s'y  est
éteinte depuis 1849 (le titre  et  le  patronyme  semblant
depuis lors  avoir été relevés par  la  famille  française
encore existante des TRON de BOUCHONY ... de MONTALET).
     On peut supposer que J.B. MOCQUET a ajouté à son  nom
celui  de  MONTALET,  peut-être  par  l'acquisition  d'une
propriété ayant ce nom, ou pour  une  toute  autre  raison
inconnue. C'est là que se situe le  "mythe"  qui  apparaît
dans le titre de la conférence.

Saint-Domingue

     Le contrat de mariage, rédigé à  Savannah  (Géorgie),
comporte une vingtaine de pages et fait  état  de  planta-
tions abandonnées à Saint-Domingue, ainsi que des esclaves 
possédés (un petit  nombre  de  ceux-ci  le  suivirent  en
Géorgie et leur état-civil y est détaillé).

     Lors de sa jeunesse à Saint-Domingue,  cette  colonie
était très prospère et fournissait  pratiquement  tout  le
sucre et tout le café de l'Europe occidentale. Mais Saint 
Domingue comptait  une  population  composée  en  majorité
d'esclaves noirs venus du Nigéria et du  Congo,  pour  une
faible proportion de colons blancs et de personnes  libres
de couleur. Les conditions semblaient propices au  déclen-
chement d'une révolte, rendant précaire  la  position  des
colons.
     A l'époque de la révolte de Saint-Domingue (1791), il 
y avait 400.000 esclaves  et  35.000  blancs,  et  environ
25.000 personnes libres de couleur.  La  proportion  entre
maîtres et esclaves était de un à dix .

     En 1789,  lorsque  la  Révolution  française  éclata,
Denis de KERLOGUEN, beau-frère de MONTALET, fut  l'un  des
délégués de Saint-Dominque  aux  États-Généraux  convoqués
par le roi Louis XVI.


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Révision 28/12/2004