G.H.C. Bulletin 92 : Avril 1997 Page 1945

LANGLOIS de CHANCY - TOUSSAINT LOUVERTURE

TORBECK

Dans cette paroisse se trouve le noeud de  notre  affaire.
Mais il faudra  réviser  les  dates,  bien  antérieures  à
celles admises. Le Chancy qui nous intéresse, se  prénomme
Bernard; il décède le 18 janvier 1782,  âgé  d'environ  55
ans, sur son habitation à la  Rivière  des  Mornes,  natif
d'Aquin. Les actes pour cette paroisse commençant en 1731, 
nous ne saurons rien sur ses  origines,  sans  aucun  lien
apparent avec les Langlois de Chancy.

     Une réflexion  vient  immédiatement  à  l'esprit.  Si
Bernard Chancy est le père  de  Louise  Catherine,  future
épouse Isaac Louverture, elle ne  peut  pas  naître  entre
1788 et 1791.
- Louise Catherine, sera bien sa dernière fille.
Mulâtresse libre, elle naîtra le  15  septembre  1782,  et
sera baptisée au mois de  février  suivant.  Fille  de  la
nommée Geneviève, négresse libre; acte de  liberté  du  28
septembre 1776. Le père est inconnu. Dans  le  cas  où  un
doute subsisterait, son parrain est Augustin Affiba, nègre 
libre, oncle maternel, et sa marraine, Augustine, négresse 
libre, sa soeur.

     Autre question : à  quelles  dates  étaient  nés  les
autres enfants ? Il fallait là aussi  remonter  le  temps,
pour trouver trois baptêmes : 
- le 25 février 1777, j'ai baptisé Anne  Rose  née  le  30
mars 1772, fille naturelle de Geneviève  Affiba,  négresse
libre, demeurant au quartier de la Rivière aux  Mornes  et
de Bernard Chancy, habitant au  dit  quartier.  Parrain  :
Louis Vinche. Marraine : Anne Mateau, épouse de M.  Pierre
Hubert, ancien trésorier de la Marine aux Cayes.
   Même jour, baptêmes de :
- Anne Henriette, née le 17 juillet  1774  (mêmes  indica-
tions). Parrain : Pierre  Toussaint  Legout,  notaire  aux
Cayes. Marraine : Marie Jeanne Louise Florence  Hebert  de
Haupour, épouse de Louis Vinches.
- Harmède Elisabeth, née le 13 août 1776. Parrain :  Louis
Vinches. Marraine : Dame Harmede Lepeyne épouse de Bernard 
Boisquemay, négociant au Havre.
     En lisant les noms  des  parrains  et  marraines,  on
constate que Bernard  Chancy  était  un  personnage  d'une
certaine importance.

Il fallut remonter 7 ans en arrière pour tout comprendre :
- 5 novembre 1770,  baptême  de  Louise  Jeanne  Adélaïde,
mulâtresse âgée d'un an et deux mois, fille naturelle d'un 
père inconnu  et  Geneviève,  négresse,  dont  M.  Bernard
Chancy  "a  demandé  la  liberté  à  MM.  le  Général   et
l'Intendant". Parrain : Antoine Dantan. Marraine  :  Marie
Thérèse,  mulâtresse  libre.   Ensuite,   on   peut   lire
"Geneviève négresse mère de l'enfant a son acte de liberté 
par le testament de feu Sieur Monnerot La Fontaine, maître 
chirurgien". Il faudra 6 ans pour que cette  liberté  soit
accordée.

     A la date du 18 mars 1766, on trouve le décès de Jean 
Monnerot Lafontaine, maître chirurgien de cette  paroisse,
agé de 36 ans, décédé sur l'habitation de Rochester, natif 
de la ville de Barbezieux en Saintonge. 

     Une recherche dans le fond notarial n'a pas permis de 
retrouver le testament, auquel il est  fait  allusion,  et
qui, peut-être, nous aurait appris  qu'il  était  proprié-
taire dans le Nord. La seule chose dont nous  soyons  sûrs
est qu'il était maître chirurgien et que, apparemment,  il
n'eut aucun enfant avec Geneviève Affiba.

     A ce moment de notre recherche, il ne semble plus que 
le doute soit encore possible. Bernard Chancy et Geneviève 
Affiba eurent bien neuf enfants. Geneviève en est la seule 
mère et cela  n'a  rien  d'exceptionnel  à  cette  époque.
Combien de généalogies montrent des épouses donnant  nais-
sances avec le même père à dix ou douze enfants. 
Dans la descendance qui nous intéresse, Marie Augustine ne 
semble pas la première,  mais  doit  laisser  la  place  à
Louise Jeanne Adélaïde, née en 1769. Le seul enfant que je 
n'ai pas  trouvé  est  justement  cette  Marie  Augustine,
marraine à deux baptêmes. Je  pense,  comme  les  baptêmes
sont groupés, qu'à la recopie des actes, elle  peut  avoir
été  involontairement  oubliée  et  pouvait  figurer  dans
l'acte  de  novembre  1770.  Si  l'on  regarde  bien   les
naissances, elles se succèdent régulièrement.

- Marie Augustine, date de baptême non trouvée,
- Jeanne Adélaïde en 1769,
- Anne Rose en 1772,
- Anne Henriette en 1774,
- Jacques en 1775,
- Harmède Elisabeth en 1776,
- Bernard en 1778,
- Eléonore en 1780,
- Louise Catherine en 1782.

Comme il y a un vide de 3 ans  entre  les  deux  premières
naissances, on ne peut pas non plus écarter l'hypothèse de 
la  venue  au  monde  de  Marie-Augustine  sur  une  autre
paroisse, peut-être aux Cayes, mais à cette date les actes 
sont quasiment illisibles.
     Autre chose : les prénoms correspondent  enfin,  mais
je ne sais pas qui sera "Bonne" ou "Belaïde".

Deux questions subsistent encore : 
- Pourquoi les naissances à Torbeck et aux Cayes ?
- Pourquoi le père est-il nommé dans les premiers actes et 
  pas dans les autres ?

     Pour l'instant, je ne peux pas répondre. Mais Bernard 
Chancy est bien le père, car tous  les  enfants  que  nous
avons trouvés porteront  son  nom,  sauf  peut-être  Marie
Augustine qui semble avoir gardé  celui  d'Affiba,  ortho-
graphié Laffida en 1794. Enfin, le  diminutif  "Coco"  est
celui  que  porte  la  dernière  née,  future  Mme   Isaac
Louverture, si l'on en croit le Général Nemours, dans  son
livre "Histoire de la famille  et  de  la  descendance  de
Toussaint Louverture". Port-au-Prince en 1941.

     Avant d'inventorier le fond  des  notaires,  il  faut
s'arrêter  sur  un  acte  essentiel,  celui   du   mariage
d'Augustin Affiba, à Torbeck, comme on s'en doute.
Chose étonnante et rare, son mariage est indiqué dans  les
tables.


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Révision 20/01/2005