G.H.C. Bulletin 95 : Juillet-Août 1997 Page 2024

De Louisbourg à Cayenne en passant par...
et peut-être aussi... ?

Jean Ogier

  
     Ce  que  j'appelle  "ma famille virtuelle"  est  très 
dispersée,  plus  particulièrement du côté  de  mon  père, 
Gaston Henri Marie OGIER.
Ce  patronyme est porté par de très nombreuses familles du 
sud-est de la France, disons de la Loire à l'Isère.

     Mon  grand-père  était  né  à  Rive-de-Gier  dans  le 
département de la Loire mais sa femme et lui sont morts en 
Loire-Atlantique,  à  Paimboeuf,  elle  en 1918 et lui  en 
1914.  Cela  constitue déjà un "dérangement" de  plusieurs 
centaines de kilomètres.
Pour  quelles raisons Jean Baptiste OGIER avait-il  quitté 
Rive-de-Gier  pour  venir travailler à Saint-Nazaire ?  Je 
l'ignore,  comme j'ignore la date précise de ce changement 
de résidence.
Initialement  mouleur,  il est devenu mécanicien  dans  la 
marine marchande; il obtint son brevet de mécanicien de la 
marine marchande à Saint-Nazaire. 

     Il quitta Saint-Nazaire pour Le Havre où il se maria, 
en  1869,   avec  une  Nazairienne  (dont  le  beau-frère, 
Prudence BLANCHARD, était capitaine au long cours) qui lui 
donna  deux enfants,  Henri et Léontine.
Ayant  de  nouveau  changé d'adresse  pour  aller  habiter 
Claix,  au  sud  de Grenoble,  la famille  s'accrut  d'une 
fille,  Louisa Ogier. De retour à Saint-Nazaire, il perdit 
en 1880 sa femme,  Charlotte BORÉ, morte vraisemblablement 
au  cours  d'une épidémie.  Il se trouvait donc seul  avec 
trois enfants.

     Il se remaria avec Laurentine Marie Elisabeth POUPON, 
le 8 août 1884 à Saint-Nazaire :  c'était pour elle la fin 
de ce qu'on pourrait appeler une "odyssée  familiale".
Le marié avait quarante ans et la mariée vingt-sept.
Elle avait trois frères (Laurent,  Gaston et Ludomir) dont 
un,  Laurent,  marié à une Nazairienne, Louise DURAND. Lui 
aussi était capitaine au long cours,  mais le frère et  la 
soeur  avaient  convolé en justes noces bien loin de  leur 
lieu de naissance : ils étaient tous deux nés à Sinnamary, 
en Guyane française.
A cette époque,  Saint-Nazaire était tête de ligne pour la 
Guyane  et les Antilles et quand Laurentine  POUPON  avait 
quitté,  à  une date que j'ignore,  son pays  natal,  elle 
s'était  tout naturellement fixé Saint-Nazaire comme point 
de  débarquement et lieu de résidence puisque  son  frère, 
Auguste  Armand  Laurent Poupon,  y habitait déjà avec  sa 
famille.  De  ce mariage en 1884 naquirent  trois  enfants 
dont  deux moururent en bas âge,  Gaston Jean Marie à sept 
mois et Etienne Louis Jean Marie à exactement quatre mois. 
Le  troisième,  mon père,  né le 21 octobre 1889 à  Saint-
Nazaire  comme ses frères,  mourut à Nantes le 29  janvier 
1989.   
     J'ai chez moi trois photos que je chéris, la première 
où  figure ma grand-mère Ogier encore  jeune;  l'autre  où 
elle  est  flanquée  à  sa droite de mon  père  tenant  un 
cerceau,   avec  Louisa  Ogier,   sa  belle-fille,  debout 
derrière eux; sur la troisième, on voit mes grands-parents 
âgés,  avec mon père debout derrière eux, dans leur jardin 
à Paimboeuf où ils habitaient depuis que mon grand-père ne 
naviguait  plus dans l'estuaire de la Loire qu'il  fallait 
draguer depuis longtemps.  

     Les parents POUPON étaient morts, la maman, Elisabeth 
Joséphine PAIN,  à Sinnamary en 1861 à 34 ans, et le papa, 
Pierre Laurent Théodore,  à Cayenne en 1865 ou 66,  âgé de 
41 ou 42 ans,  quand Laurentine n'avait pas encore  quatre 
puis neuf ans.

J'ai  entendu  dire  par mon père que sa  mère  avait  été 
élevée  par  son  oncle  Théophile,  avoué,  et  sa  tante 
Hersilia DESCHAMPS. Il avait renoué avec des membres de sa 
famille maternelle en 1948 et en particulier avec la Tante 
Jeanne Poupon,  mère célibataire de Théo,  dont j'ai perdu 
la  trace.  Elle  habitait Paris,  comme sa soeur Léa  qui 
avait eu trois enfants,  qui eux s'appellent LAUPÉNIE,  du 
moins  les deux garçons,  Georges et  Raymond,  la  fille, 
Josèphe, étant épouse SECRÉTANT. J'ai également perdu leur 
trace.

     A partir de ce que j'avais appris de mon père et d'un 
tableau  sommaire  établi  par  Théo  Poupon,  j'ai  voulu 
remonter le cours du temps et,  pour ce faire,  je me suis 
rendu à Aix-en-Provence.  Et là j'ai d'abord découvert que 
le père de Pierre Laurent Théodore, Pierre Laurent Auguste 
POUPON,  n'était  pas  né en France comme le présumait  le 
tableau,  mais à Port-au-Prince,  le 20 juillet  1787,  et 
qu'il  était  décédé en 1850 à Cayenne.  Sa  femme,  Marie 
Marguerite  Rose  Elisabeth  MÉRAND,  elle,  était  née  à 
Cayenne,  en 1792 et y était décédée,  en 1867. A ce jour, 
si je connais le père de Pierre Laurent Auguste, découvert 
par un heureux hasard, Laurent Poupon, officier marinier à 
bord de "l'Alcide" qu'il quitta en 1786 lors d'une  escale 
pour  suivre  son propre conseil et s'établir  à  Port-au-
Prince,  j'ignore le nom de sa mère : le registre donne un 
nom  lors de la naissance de son fils et un autre lors  du 
mariage  de ce fils.  Ce Laurent Poupon,  premier maître à 
bord de "l'Alcide",  avait pour père Claude Poupon, soldat 
invalide,  et il était né en 1750 à Montélimar,  de  Marie 
Madeleine MOREAUX. 

     Le  père de Marguerite MÉRAND,  Jean Baptiste Michel, 
était né en 1762 dans l'actuelle Charente-Maritime.
En  1792  il avait épousé  Marguerite  Claudine  MATHEVET, 
veuve de Charles ROBERT, marchand orfèvre, laquelle deman- 
dera  le divorce et l'obtiendra le premier prairial an  V, 
étant  sans nouvelle de son mari depuis plus de cinq  ans. 
Le  9  du  même mois sera enregistrée la  naissance  d'une 
fille  âgée  de  quinze jours qu'elle  a  eue  du  citoyen 
François CHEVREUIL, officier au bataillon national.   
La  mère de Laurentine Poupon,  Elisabeth Joséphine  PAIN, 
était  née à Cayenne en 1827 et elle avait épousé  Laurent 
Poupon  en 1846.  Sa mère,  Marie GROSJEAN,  était  née  à 
Sinnamary  en  1810 et s'y était mariée à seulement  seize 
ans  (avec  un homme de plus de soixante  ans).  Son  père 
était Nicolas GROSJEAN,  né en 1773 à Fontenois la  Ville, 
dans  l'actuelle  Haute-Saône,  et décédé à  Sinnamary  en 
1815.  Il  avait épousé en 1809 Catherine MERCKEL,  née  à 
Sinnamary  en décembre 1792 et y décédée le 13 août 1811 : 
mariée à seize ans, elle était morte à dix-huit.

     Avec  Catherine MERCKEL,  nous entrons dans une autre 
saga. Pour commencer, le père de Catherine, Antoine, était 
né à Rupertsberg,  évêché de Buchsal (cet évêché  n'existe 


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Révision 23/01/2005